Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs


par Camille Bazin
lundi 9 novembre 2020 à 05:07

Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs
Photo : Camille Bazin

Depuis le 29 octobre, date du début du deuxième confinement, les salles de sport ont dû fermer leurs portes. Un coup dur pour les gérants de ces structures qui se donnent pour mission de rendre les gens en meilleure santé.

« Du jour au lendemain, on est non-essentiel »

Il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux, Krystelle Staudinger, la gérante de Crossfit Sarreguemines, a publié une vidéo dans laquelle elle fait part du sentiment d’injustice qu’elle ressent concernant la fermeture de sa salle.

Son N°1 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

Comme je disais dans le live, j’ai une première salle qui fait 200 m² dans laquelle je mets 11 personnes coach inclus et une deuxième dans laquelle je mets 9 personnes coachs inclus. Au niveau des distances, j’aimerais comprendre ce qu’on me reproche. J’attends, que demain, monsieur le maire, monsieur le préfet, monsieur le sénateur, monsieur le ministre, monsieur le président, vienne me voir à la salle, et me dise, que je ne suis pas capable d’assurer la santé des gens, que je mets les gens en danger.

Krystelle a ouvert sa salle il y a moins de deux ans. Cette jeune entrepreneuse de 25 ans a mis tout un protocole de sécurité en place après le premier confinement. Aujourd’hui, elle est écoeurée quand elle voit qu’elle a interdiction d’ouvrir alors que certains magasins sont bondés.

Son N°2 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

Ils font des ventes flash. Le mec dans le magasin a dit « tout le monde devrait venir dans les 5 minutes pour acheter une paupiette de veau ou je ne sais plus quoi, je m’en fous. Donc, on est en train d’inciter les gens, à se regrouper dans ce magasin pour 5 minutes de paupiettes de veau ... Ça va les rendre en bonne santé c’est essentiel ça ! Donc nous on nous dit qu’il faut éviter le mouvement social, il faut éviter de grouper des gens, il faut éviter d’être proche et le mec incite les gens à aller à 5 minutes de paupiette de veau à moitié prix !

Dans le centre ville de Sarreguemines, au New Fitness, Sacha Brouch le co-gérant a également dû stopper son activité. Un nouveau coup dur alors que les adhérents avaient déjà eu du mal à revenir après le premier confinement.

Son N°3 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

Toute l’année on nous dit que le sport c’est bien, les activités physiques et sportives c’est bien, faites-en parce que ça améliore votre santé etc. Et puis, du jour au lendemain, le message du gouvernement c’est maintenant il faut fermer parce qu’il y a le coronavirus et on est « non-essentiel » comme ils disent, on ne sert pas à grand chose. Il y a de l’incompréhension, mais il y a beaucoup d’injustice, un petit peu de colère et tout ça, ça se mélange.

Krystelle et Sacha peuvent tout de même compter sur la solidarité de leurs adhérents qui n’ont pas suspendu leurs abonnements. Pauline Brettnacher n’a pas eu la même chance. Après de longs mois de travaux, elle avait prévue d’ouvrir sa salle de sport à Hambach ce lundi 2 novembre.

Son N°4 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

C’est clairement de l’injustice. A côté on a les tabacs qui sont ouverts, les commerces qui vendent du liquide pour les cigarettes électroniques, de mon côté je ne trouve pas ça essentiel. On est en temps de crise sanitaire. On est là pour que les gens soient en bonne santé, en bonne forme physique et au-delà de la forme physique il y a aussi la santé mentale. Les gens ils sont confinés, ils vont travailler, ils rentrent chez eux, ils regardent la télé, il y a que du négatif à la télé ça ne va pas apporter du positif sur les gens.

Tout comme Krystelle, elle serait prête à limiter le nombre de personnes à 10 dans sa salle et à investir pour la sécurité des adhérents. Aujourd’hui elle doit commencer à rembourser son prêt sans savoir quand elle pourra ouvrir.

Son N°5 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

J’ai quand même investi 200 000€. Je n’ai pas eu de report de crédit pour le moment donc à voir après comment ça va se passer.

« Bougez chez vous », la plateforme du gouvernement

Lors du premier confinement, la ministre des sports, Roxana Maracineanu, avait annoncé l’ouverture d’une plateforme avec des contenus gratuits afin de continuer à faire bouger les gens même confinés. Pour ce deuxième confinement, la plateforme a été remise en service.

Pour Krystelle Staudinger, cette plateforme met en péril sa profession.

Son N°6 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

C’est une mise en danger de tous les coachs français et de tous les gens qui iront voir cette plateforme. On va inciter, des gens sédentaires, à bouger chez eux tout seul. C’est une mise en danger de ces gens là qui vont se blesser. C’est impossible qu’une personne, qui démarre de rien, qui a probablement aucune conscience corporel, se mette à faire des squats et des burpees dans 10m² et ne se fasse pas mal. Et le gouvernement avec ça, met en danger nos vies à nous, parce que demain, si je coule, je perds tout. Je perds ma maison, je perds mon argent, je perds tout. Donc j’estime être mise en danger par le gouvernement aujourd’hui.

Un avis que partage Sacha Brouch.

Son N°7 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

Le problème c’est que ça reste quand même des emplois, un business, un marché, et que si on commence à tout faire gratuitement il faudrait qu’à ce moment-là tous les corps de métier travaillent gratuitement. Pourquoi dans le sport nous il faudrait qu’on fasse des choses gratuites alors qu’il y a d’autres commerces qui sont ouverts et eux gagnent de l’argent. Dans un soucis d’équiter il faudrait que tout le monde soit logé à la même enseigne.

Des cours en ligne

Lors du confinement du printemps déjà, la majorité des coachs avaient proposés des cours en ligne. Pour ce deuxième confinement, les différentes salles de sport se sont très vite organisées pour prêter du matériel et proposer des cours en visio.

Un système pour limiter la casse mais qui est loin d’être idéal.

Son N°8 - Confinement : le ras-le-bol des coachs sportifs

Quand les gens arrivent dans ma salle ils ont leurs problèmes, ils ont la tête pleine de leur journée, ils ont leur vécu, ils ont leurs histoires. Quand ils arrivent dans ma salle, j’essaye au maximum de leur faire oublier tout ça au moins pendant une heure. J’ai des gens qui repartent et qui me disent « ça m’a fait du bien, merci » et c’est ça qu’on fait aux gens. Tous les coachs sportifs on fait ça, on donne du plaisir aux gens au sens propre que ce soit physique ou mental.

Krystelle, Pauline et Sacha attendent maintenant les nouvelles consignes du gouvernement et espèrent pouvoir rouvrir leurs salles au plus vite.

 


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