Chronique végétale : Le lierre grimpant

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Chronique végétale : Le lierre grimpant

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Épisode du mercredi 15 janvier 2020 à 12:12

Le lierre grimpant (Hedera helix)

Histoire et anecdotes

Plante mal-aimée des jardiniers, le lierre grimpant jouit, à tort, d’une réputation sulfureuse. Démêlons le vrai du faux et réhabilitons dans cette chronique ce magnifique et indispensable végétal.

Lorsque Iseult rejoint Tristan dans la mort, un pied de vigne et un pied de lierre poussent enlacés sur les lieux du drame. Depuis ce jour, le lierre symbolise l’étreinte amoureuse et aussi amicale. Sa devise : « Je m’attache ou je meurs » Dans la symbolique des plantes, le lierre est l’emblème bien connu de l’attachement.

Les Grecs buvaient du vin dans lequel avaient macéré des feuilles de lierre pour se protéger des empoisonnements. Bacchus était représenté avec une couronne de lierre qui aurait protégé le buveur contre les inconvénients de l’ébriété

Pline l’Ancien préconise contre ces mêmes maux de tête l’association de rose et de feuilles de lierre en macération dans du vinaigre. Pour renforcer les effets bénéfiques de la plante, les Romains buvaient le vin dans des gobelets creusés dans le bois de lierre.

Pour les gaulois, il est une plante bénie des dieux. Consacré à Cernunnos, dieu de la forêt, il entre tout autant dans la fabrication de potions magiques que dans des préparations médicales préparées par les druides, pour les quintes de toux. Plante sacrée très respectée des druides, il est un symbole puissant de force vitale et d’énergie, associé à la mort et la renaissance, symbole d’immortalité. Dans les mariages druidiques, on reliait quelquefois les poignets des mariés avec une liane de lierre dans le but de renforcer leur amour.

Au Moyen Âge, le lierre symbolisait l’amitié chevaleresque et la fidélité jusqu’à la mort. On attribua même à ses feuilles le pouvoir de protéger les hommes contre les envoûtements.

Description botanique

Le nom de genre, Hedera, provient du mot latin Hedea qui signifie : la corde, l’attache. Le nom d’espèce Helix dérive du latin et signifie enlacer à la façon d’une spirale.

Il appartient à la famille des Araliaceés dont il est la seule espèce sauvage en Europe occidentale. Le ginseng, par exemple, en fait partie.

Plante grimpante répandue, pouvant atteindre 20 m de haut, elle se fixe aux arbres et aux murs par des racines adventives formant des crampons.

Ses feuilles sont persistantes, coriaces et présentent un dimorphisme : lobées à nervure blanche sur les branches non florifères, rhomboïdales à lancéolées sur les branches florifères.

Elle fleurit en septembre-octobre (rappelant ainsi que son ancêtre est d’origine tropicale) et sa fructification s’effectue vers la fin de l’hiver jusqu’au début du printemps. Le lierre présente donc un cycle inversé par rapport aux plantes dont il se sert comme support. Les fleurs du lierre sont parmi les dernières à offrir du pollen aux abeilles. D’ailleurs, Une abeille solitaire est strictement liée au lierre : l’abeille du lierre (Colletes hederae). Ces fleurs sont une ressource importante de pollen et de nectar pour de nombreux insectes (environ 200 dont des mouches, coléoptères, hyménoptères, papillons, etc.)

Son feuillage compact sert de refuge, été comme hiver, à de nombreux oiseaux (merle, mésange, rouge-gorge, chouette, hibou. Ses fruits permettent à de nombreux passereaux et petits mammifères de se nourrir à une époque de l’année où il n’y a plus grand-chose à se mettre dans le bec.

Un mur ne souffrira pas du tout de la venue du lierre, il sera au contraire protégé par celui-ci, à condition de l’entretenir quelque peu. Colonisé d’un lierre à pleine maturité, un mur orienté à l’ouest se verra réduire de 28% le pic de transmission de chaleur par rapport à un mur nu lors d’une journée d’été ensoleillée. Les feuilles de lierre absorbent également les métaux lourds. Ses feuilles persistantes  filtrent les particules tout au long de l’année, en faisant un allié contre la pollution.

Si un arbre est en bonne santé, la cohabitation avec le lierre se passe très bien, les deux plantes se rendant des services mutuels. Mais s’il est malade ou affaibli, le lierre peut précipiter sa fin. Le lierre n’est pas une plante parasite comme le gui. Il possède ses propres racines et ses crampons ne lui servent qu’à grimper sur son support. Le lierre protège les arbres des intempéries et leur assure une croissance plus régulière.

 

Usage domestique

Le lierre grimpant est riche en saponines qu’on peut mettre à profit pour fabriquer une lessive (150 feuilles en décoction pendant 20 min dans 2 litres d’eau, broyer la mixture puis laisser macérer quelques heures avant de la filtrer). La lessive au lierre a tendance à « griser » les blancs, mieux vaut donc éviter sur le linge blanc.

Usage médicinal

Les feuilles sont médicinales. Avec des propriétés expectorantes, antitussives et antispasmodiques, elles sont utilisées pour la bronchite, l’asthme et bronchites asthmatiformes, bronchites spastiques. Sa toxicité fera  qu’on ne l’utilisera pas par voie interne. Par voie externe, il est utilisé pour la cellulite et les parasitoses (gale).

En conclusion, malgré sa mauvaise réputation très injustifiée, le lierre est une plante aux multiples vertus qu’il faut réhabiliter et surtout ne pas éliminer systématiquement, car il est bénéfique pour les écosystèmes et pour nos maisons. De plus, il est un refuge écologique pour de nombreuses espèces d’insectes et d’oiseaux fort utiles au jardinier. Dévoilant tout son potentiel lors de la saison froide, c’est un allié du jardin comme des villes qui ne demande qu’à être réhabilité. N’hésitez pas à lui laisser un petit peu plus de place que ce soit chez vous, dans vos vergers ou dans vos projets d’aménagements.

 

Précautions

Les feuilles du lierre peuvent provoquer des dermites de contact et ses fruits sont très toxiques pour l’homme. Les feuilles du lierre renferment une petite quantité d’émétine, une substance qui pourrait, théoriquement, occasionner des contractions utérines. On veillera aussi à ne pas le confondre avec le lierre terrestre (Glechoma hederacea) qui est une plante complètement différente.

Qu’importe la plante sauvage que l’on ramasse, il faut préalablement savoir l’identifier sans aucun doute possible. Au préalable, faites-vous montrer la plante par un connaisseur et apprenez à la reconnaître.

Les informations médicales données ici ne le sont qu’à titre indicatif et ne remplacent en aucun cas un avis médical d’un professionnel, seul en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé, de poser un diagnostic et de définir une posologie . De façon générale, les effets d’une plante ne sont pas anodins. Une plante sauvage peut présenter des contre-indications selon les personnes ou avoir des interactions avec des traitements médicamenteux en cours. Par conséquent, un minimum de connaissances et un avis médical préalable sont essentiels avant tout usage d’une plante sauvage.

Un avis médical préalable est également indispensable pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.

Consommer des plantes sauvages crues expose à un risque de parasitose, par exemple l’échinococcose alvéolaire. La cuisson complète uniquement élimine le danger parasitaire.

Le cueilleur responsable ne collecte que ce dont il a besoin pour sa consommation, en respectant la nature et le droit de propriété.

Enfin, l’environnement de cueillette est important. On évitera les endroits pollués.

Sources :

http://www.wikiphyto.org/wiki/Lierre_grimpant

https://blog.defi-ecologique.com/lierre-biodiversite-rechauffement-climatique/


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