Chronique végétale : Carnaval

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Chronique végétale : Carnaval

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Épisode du mercredi 26 février 2020 à 10:00

Carnaval

 

En pleine semaine de carnaval, qui fait la réputation de Sarreguemines, avec le mardi gras, les carnavaliers aiment à se travestir, se déguiser, se grimer, pour se retrouver et chanter, danser, faire la fête, jeter des confettis et serpentins, défiler, éventuellement autour d’une parade. Plongeons avec cette chronique dans les origines de cette tradition.

 

Histoires et légendes

 

Le carnaval est une tradition très ancienne liée aux cycles saisonniers et agricoles.

 

En Égypte d’abord, puis en Grèce, en Italie, dans toute l’Europe ensuite, des festivités étaient organisées à l’approche du printemps. Le déguisement, la danse, le festin faisaient partie des réjouissances. De plus, nombreux étaient les hommes à cultiver la terre. Ils croyaient que si les morts revenaient, les récoltes seraient meilleures. Ils croyaient aussi que dans le monde des morts, tout était l’inverse des vivants ; les gens mettaient alors un masque et un déguisement pour attirer les esprits des morts.

Également, pour les Anciens, l’année débutait non en janvier (ce n’est que depuis 1564 et l’édit du Roussillon de Charles IX que l’année débute le 1er janvier), mais en mars. Le mois de mars était donc le premier mois de l’année, celui du renouveau de la nature et du réveil de la terre. Or, avant toute nouvelle création, le monde doit retourner au chaos primordial pour se ressourcer. Ce chaos était représenté par le Carnaval, au cours duquel un simple d’esprit était élu roi. Au cours des fêtes du Carnaval, toutes les individualités disparaissent sous les masques et le maquillage, permettant ainsi la confusion qui symbolise le chaos.

Les fêtes de Carnaval accompagnent le passage de l’hiver au printemps, de la mort à la vie: elles signalent le renouveau de la nature dans l’exubérance, la fantaisie et l’imagination. Dans l’Antiquité, les dieux faisaient et défaisaient les saisons. L’objectif était que les divinités de la nature chassent le froid et favorisent le retour de la végétation ou, par exemple, les naissances dans les troupeaux.

Le Carnaval est une survivance des Bacchanales, Lupercales, Saturnales romaines, des fêtes grecques en l’honneur de Dionysos, des fêtes d’Isis en Égypte. Le Moyen Âge, héritant des orgies des anciennes « Saturnales », institua « La Fête des Fous » qui devint l’exutoire des foules. Ne pouvant les combattre, l’Église récupéra les fêtes païennes qu'elle adapta très précisément à son calendrier liturgique (avant les rigueurs du Carême). On les rebaptisa « Carne Levare Levamen » (enlever la viande), une étymologie possible du mot carnaval.

 

L’historien des religions Mircea Eliade souligne que les peuples ont « d’une manière profonde le besoin de se régénérer périodiquement en abolissant le temps écoulé et en réactualisant la cosmogonie »

 

En définitive, le Carnaval est l’héritier des rites d’inversion et de subversion venus de Grèce ou encore de Rome mais certainement de rites plus anciens encore. Déjà, plus de 2000 ans avant Jésus-Christ, les Mésopotamiens pratiquaient des rites d’inversion comme les « Sacées », avec des souverains fictifs et éphémères.

 

Bas les masques

 

La pratique de porter un masque provient du monde agricole, persuadé que si les morts revenaient parmi eux à la fin de l’hiver, de meilleures récoltes seraient obtenues par la suite. En portant un masque et un déguisement, les paysans pensaient attirer les morts, afin d’obtenir de bonnes récoltes au printemps.

 

En conclusion

 

Besoin de se « régénérer par le chaos mais aussi d’inverser l’ordre », carnaval est à l’origine un rituel agricole plutôt qu’une fête. Il est libérateur et permet de « fotze » sur la société, les hommes politiques. C’est une vraie catharsie, une purgation ou les tabous sont levés. Carnaval n’a pas d’ âge. Il vient de la nuit des temps et porte en lui toutes les obsessions de l’humanité. Expression du désordre, il se déroule néanmoins dans un milieu organisé, la ville. L’ordre et le désordre peuvent alors être perçus comme indissociables, et laisser le second s’exprimer peut-être le meilleur moyen de le limiter et de le maîtriser. Nietzsche disait « il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante ». Cette étoile, c’est le soleil qui va nous réchauffer avec le printemps qui arrive. Mais en attendant, allez hop !

 

 

 

Source : https://www.terreetpeuple.com/272-memoire/fetes-paiennes/1386-les-origines-de-carnaval.html

 

 

 


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