L'invitée du Grand Réveil : Cassandra Bizzini

Le Grand Réveil

L'invitée du Grand Réveil : Cassandra Bizzini

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Épisode du lundi 9 mars 2020 à 09:10

Cassandra Bizzini, co-fondatrice du groupe d’actions animales de Moselle.

Le gouvernement envisage l’ouverture de la saison de chasse deux mois plus tôt. Elle démarrerait donc le 1er juin au lieu du 15 août. Les associations de protection animale dont la vôtre s’insurge face à cette idée de chasser des sangliers et des chevreuils presque toute l’année.

Qu’est-ce qui vous irrite concrètement ?

Premièrement ce qui nous irrite c’est que 84% des Français trouvent que la chasse est dangereuse et cruelle, et pourtant on est le pays où on chasse le plus d’animaux (90 espèces), où on tue le plus d’animaux par an (30 millions). 46% des animaux chassés sont issus d’élevages de gibiers, c’est un paradoxe assez étrange, et en plus, on a la période d’ouverture la plus longue en Europe, c’est 7 mois quand on compte les tirs en été. C’est quelque chose qui nous affole car la chasse a de plus en plus de pouvoir en France malgré le fait que l’opinion public n’est plus d’accord avec ça. Et l’Etat s’assied sur l’avis de la majorité donc c’est dérangeant. La deuxième chose qui nous irrite c’est la pollution du déversement de plomb. On est à 21 000 tonnes par an en Europe et ça crée des intoxications notamment chez les oiseaux, ça s’appelle le saturnisme. C'est très grave pour les populations d'oiseaux.

Vous craignez des victimes collatérales ? Comme le renard ou les autres animaux ?

Le renard n’est pas une victime collatérale, c'est la cible n°1 des chasseurs, puisqu’elle est nuisible. Si demain il y a une éradication il n’y a aucun problème pour l’État. Elle est complètement visée par les chasseurs.

On sait qu’aujourd’hui les sangliers font des dégâts importants, qu’il faut limiter la prolifération, donc quelle serait la solution pour vous ?

Déjà c’est d’arrêter d’éradiquer les grands prédateurs. En France on avait des ours, on a des loups, des lynx, et pourtant on essaye de les éradiquer. Il y a un problème puisqu’il n’y a plus de prédateurs naturels pour ces animaux. L’autre problème c’est l’agrainage : les chasseurs nourrissent les sangliers dans les forêts avec du maïs pour qu’ils prolifèrent plus facilement. Il faudrait aussi limiter l’accès aux cultures de maïs en cessant d’en faire pousser aux lisières de forêts ou en mettant des clôtures électriques. Moins il y a de ressources alimentaires, moins les sangliers se reproduisent, et ça les chasseurs le savent c’est pour ça qu’ils les nourrissent volontairement dans les forêts. Il faudrait également stopper la vente favorisant la reproduction des sangliers comme des blocs à sel vendus par des magasins spécialisés, donc la reproduction est totalement volontaire.

Il y a des avantages à avoir des sangliers dans les forêts ?

Oui, c’est un animal important à jouer écologiquement même si on l’oublie. Il contribue à diffuser les graines lorsqu’il creuse et se frotte sur les arbres, en grattant la terre il retourne l’humus, aère la terre, donc il a un rôle très important et il ne faut pas le diaboliser comme on le fait aujourd’hui puisque tout animal à sa place avec nous.

 

 

 


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