Herbitzheim à travers le temps

Un point d’histoire avec Bertrand

Herbitzheim à travers le temps

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Épisode du vendredi 31 octobre 2025 à 12:00

Heribodesheim, « lieu herbeux » d'autres sources parlent de : demeure du chef des armées. Nous n’arriverons pas à trancher sur l’origine du nom Le village est dès l’origine liée à celle de l’abbaye bénédictine, citée dès 870, dont il ne reste que quelques vestiges.

Le village est traversé par la Sarre et le canal des Houillères de la Sarre, à la limite avec Kalhausen, l’Eichel est un des principaux affluents qui rejoint la Sarre dans ce secteur.

La surface de près de 22 km² du territoire s’explique par l’importance de l’abbaye qui a régi la population dans tout ce secteur pendant près de 1000 ans.

Le blason d'Herbitzheim est celui de son abbaye. Les deux clefs symbolisent les deux patrons du monastère d'Herbitzheim : saint Jean et saint Pierre.

Le village comptait une annexe de l’autre côté de la Sarre appelé Saint-Michel, il a été relié au reste du territoire dès le 13 e siècle.

Il existait certainement des ponts en bois auparavant. Mais qui demandaient beaucoup d’entretien.

Au 13e siècle, un pont en grès est construit et composé de 16 arches. Il s'agissait du plus grand pont d'Alsace Bossue. Il fut partiellement détruit en 1940 puis complètement démantelé en 1965.

 

La Sarre justement est une voie de circulation majeure depuis l'Antiquité, mais pose des problèmes liés aux crues régulières. Les parties basses du village sont assez souvent inondées

Par exemple, le débit moyen de la Sarre est autour de 9 m3 par seconde à Herbitzheim, mais à la crue de 1983, il a atteint 300 m3 à la seconde.

 

C’est en tout cas un des plus vieux villages attestés dans toute la région. L’ancienne église paroissiale est datée, elle aussi, au haut Moyen Âge.

L’abbaye bénédictine était plutôt riche, car elle contrôlait un très grand territoire

Le fils naturel de Pépin, Charles Martel, favorisa avec d'autres princes la naissance de la célèbre abbaye de Reichenau, fondée en 724 par l'évêque missionnaire Pirmin. Pirmin fonda plusieurs monastères. C’est lui qui donne aussi son nom à Pirmasens parce que le lieu appartenait à l’abbaye de Hornbach.

On a du mal à s’imaginer à quel point durant le début du Moyen Âge la vie s’organisait autour de ces monastères soutenus par les mérovingiens puis carolingiens.

En Alsace, il y a Murbach (728), mais aussi Herbitzheim, vers 740, dans l'ancien comté de Sarrewerden. De nombreux domaines dépendent de l'abbaye, Œrmingen, Salzbronn, Keskastel, Rémering, Grundviller, Volmunster, Rahling. L’abbaye était ainsi une principale source de pouvoir dans toute la région. Par le traité de Verdun, le couvent et ses biens passe sous la couronne lotharingienne, puis de Louis le Germanique (870), du comte Gérard de Metz (908). Keskastel semble alors être devenu la résidence de l'avoué de la prévôté d'Herbitzheim.

L’histoire du village a été analysée principalement au 19e siècle par le prêtre Joseph Levy

L’abbaye d'Herbitzheim fut ravagée lors de la Guerre des paysans (1525).

En 1525 éclate la grande révolte des Paysans ou Bauernkrieg, appelés aussi Rustauds, excités par des prédicateurs luthériens.

Il est avéré par exemple que le prédicateur Philippe Melanchton est passé à Herbitzheim, ce disciple de Luther est à l’origine du texte essentiel de la réforme protestante appelé « Confession d’Ausgbourg. »

Les revendications sociales, certes justifiées, sont trop radicales pour l’époque. Mais interprétant à leur façon la Réforme luthérienne, les révoltés commettent des violences contre les églises et les couvents. Après le 24 avril, sans qu'on puisse en fixer exactement le jour, des paysans se rendirent dans les couvents d'Herbitzheim (au sud de la ville) et de Notre-Dame-des-Traits (Gräfinthal en Sarre), dont ils confisquèrent les biens mobiliers. Les insurgés occupent l’abbaye d’Herbitzheim qui devient un grand centre de rassemblement où 3 000 paysans lorrains rejoignent les révoltés alsaciens à Saverne. Après le massacre de 18 000 paysans à Saverne par les troupes du duc de Lorraine, le régime antérieur fut partout rétabli. La répression a continué durant plusieurs années, et les paysans ont eu à subir en plus le paiement de lourdes amendes. Les meneurs ont été exécutés cruellement et seuls certains ont pu s’enfuir pour survivre.

Bien rares sont les lieux où l'on discerne une amélioration légère de la condition paysanne par l'abolition d'une redevance.

 

Le comte Johann-Ludwig de Nassau Saarbrücken, se débarrassant de la tutelle de l'évêque de Metz, dissout en 1544 l'abbaye des bénédictines d'Herbitzheim. Il semble que le pape ait donné son accord à ce que le comte s'attribue ainsi la plus riche institution ecclésiale de l’archiprêtre de Bockenheim. Après la destruction de l’abbaye en 1557, le patronage passe au duc de Lorraine. De son côté, le duc céda au comte de Sarrebruck en 1581 (25 août) la vouerie sur les biens de l’abbaye dissoute : « à perpétuité et héréditairement l’advocatie et le droit de haute justice, en cinq cas appelés communément le grand criminel, à savoir : meurtre, incendie, vol, viol et plaies, comme aussi les droits régaliens et autres droits et revenus à cause de sa seigneurie de Sarralbe sur le monastère d'Herbitzheim et dans les villages d'Herbitzheim, Keskastel, Saint-Michel, Rémering et Grundviller, ez bans, sujets, maisons, cours, bois, moulins et autres profits, et émoluments dont il jouissait ou qui lui pouvaient compéter ou appartenir ».

 

Savez-vous qu'Herbitzheim disposait d’un veilleur de nuit, en effet à l’époque moderne, on payait quelqu’un pour veiller la nuit qui devait vérifier que des voleurs ne passent pas dans le village, et pour prévenir les risques d’incendie, car comme l’on se chauffait au bois, s’éclairait à la bougie, les incendies étaient fréquents. Le Veilleur de nuit Hans le Nachwächter avait lui tendance à regarder un peu trop dans le fonds des chopines d’alcool du Kloscherwirt, le tenancier d’une auberge d'Herbitzheim. Un soir, le dit Hans était tellement imbibé qu’il s’est affaissé et endormi sur l’arrière du charriot de deux sauniers de Saltzbronn qui avaient fini leur livraison de sel à Herbitzheim. Les sauniers n’ont pas remarqué qu’ils avaient embarqué le veilleur de nuit d'Herbitzheim.  Les sauniers ont détaché leurs chevaux et sont allés se coucher, car la nuit était bien entamée.

Hans le veilleur de nuit s’est réveillé sur le charriot et ne reconnaissant pas les lieux s’est mis à sonner du cor pour sonner l’alarme et à hurler comme un beau diable parce qu'on lui avait volé son village. Les sauniers l’ont attrapé et mis la tête dans un abreuvoir pour le ramener à la raison. Il s’était juste endormi à Herbitzheim et réveillé ailleurs. Les habitants de Saltzbronn se sont réveillés en sursaut et ce n’est que lorsqu’ils ont compris ce qui s’était passé qu’ils ont bien ri, en particulier aux dépens de veilleur de nuit bien négligent…

 

Ancien pont d'Herbitzheim : c'était un pont ancien en grès construit au XIIIe siècle et composé de 16 arches. Il s'agissait du plus grand pont d'Alsace Bossue. Il fut partiellement détruit en 1940 puis complètement en 1965.

 

Le grand barrage d'Herbitzheim : cet ouvrage se situe dans la Trouée de la Sarre, partie de la Ligne Maginot « aquatique » située entre Téting et Wittring (30 km) et reposant surtout sur un système de zones inondables. Pour inonder la vallée de la Sarre, on a construit sur cette rivière deux barrages, un à Herbitzheim et un autre à Wittring. Le choix du site du barrage d'Herbitzheim profite des remblais du canal et du chemin de fer séparés à cet endroit par 120 m seulement. Ce barrage à poutrelles a pour principe de permettre l'écoulement des eaux en période de paix et de barrer la vallée en cas de conflit. Ce barrage fut construit de 1932 à 1935, le bief réalisé barre la vallée en amont d'Herbitzheim sur une largeur de 1 200 m et pouvait contenir 3 600 000 m3 d'eau.

Des dizaines de blockhaus parsèment le ban communal et font partie des vestiges de ce conflit.

Herbitzheim est connu pour son important couvert forestier et Fontaine à la sortie du village (Simmelsbrunnen) où beaucoup de gens viennent s’approvisionner en eau, mais est-elle toujours potable ?

 

Pour finir, Herbitzheim est un des rares villages à avoir un monument dédié à toutes les victimes de guerres depuis 351 (rappelant les grandes invasions, la Guerre des paysans, la Guerre de Trente ans jusqu’à nos jours).

 

Chronique réalisée par Hiegel Bertrand, responsable du Francique, langues et patrimoine à la médiathèque de Sarreguemines. 


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