L'invité du Grand Réveil : Cyrille Godfroy, co-secrétaire général du Syndicat National des Professionnels de la Petite Enfance

Le Grand Réveil

L'invité du Grand Réveil : Cyrille Godfroy, co-secrétaire général du Syndicat National des Professionnels de la Petite Enfance

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Épisode du mardi 2 février 2021 à 12:20

Cyrille Godfroy, co-secrétaire général du SNPPE (Syndicat national des professionnels de la petite enfance)

Le secteur de la petite enfance se mobilise aujourd’hui, mardi 2 février, pour montrer son opposition à la réforme Taquet. Cette réforme des modes d’accueil du jeune enfant a, à la base, pour but de clarifier et de garantir une meilleure qualité de l’accueil des enfants mais qui visiblement ne vous convient pas.

Qu’est ce qui vous inquiète dans cette réforme ?

Les professionnels de la petite enfance sont très inquiets par rapport à cette réforme puisque du coup nous avons déjà un taux d'encadrement dans les crèches qui fait partie des moins favorables des pays de l'OCDE et l'écriture de la réforme telle qu'elle est prévue pour le moment nous laisse présager que nous aurons encore moins de personnel auprès des enfants et on se dit que ce n'est vraiment pas la bonne solution pour réussir à faire en sorte que les enfants grandissent et se développent de manière épanouie 

Le surnombre dans les crèches vous inquiète mais est ce que ce n’est pas nécessaire d’augmenter un peu les plafonds quand on voit la difficulté qu’ont les familles à trouver une place en crèche ou une nourrice ?

Il y a des financements qui existent pour pouvoir créer des crèches et qui ne sont pas utilisés à l'heure actuelle par les collectivités pour en créer. Donc il faut peut-être se poser la question de comment sont mis en place les fonds de financement pour créer des crèches de manière à ce qu'ils soient vraiment utilisés plutôt que d'essayer de trouver des solutions dans les crèches existantes pour mettre encore plus de bébés à l'intérieur de leurs murs.  

Donc pour vous il faut créer des crèches ? 

Oui il faut en créer mais le problème c'est que les principaux gestionnaires de crèche c'est quand même des collectivités publiques qui sont déjà mises à mal par beaucoup de choses et que la crise sanitaire n'arrange pas. Donc il faut pouvoir leur donner de réels moyens financiers de manière à pouvoir créer des crèches et après surtout pouvoir les faire fonctionner. 

Une délégation va être reçue aujourd'hui en préfecture de Metz, de quoi allez-vous parler ? 

Il s'agit de pouvoir remettre en perspective la politique du gouvernement. Puisqu'Emmanuel Macron avait demandé un rapport au célèbre pédopsychiatre Boris Cyrulnik il y a plus d'un an maintenant et le rapport a été rendu l'année dernière sur quels ont été les enjeux pour accueillir le jeune enfant. Ce rapport a amené plein d'espoir aux professionnels puisqu'il parlait de qualité d'accueil et de pleins de dispositifs qui permettaient d'améliorer l'accompagnement de la famille et du jeune enfant. Et là, la réforme on se rend compte que du coup le lobbying des gestionnaires du secteur lucratif privé remporte la majorité de l'écho auprès du gouvernement et on reste sur des considérations purement économiques. 

Vous allez demander quoi concrètement au préfet de Moselle ? 

De faire en sorte de faire remonter auprès du gouvernement qu'il s'agit enfin de pouvoir prendre une politique ambitieuse auprès des jeunes enfants en mettant en oeuvre les préconisations que ce rapport a écrit clairement, plutôt que de rester sur des logiques purement économiques qui est de mettre plus d'enfants dans une même surface puisque pour les bébés par exemple ils veulent passer de 5 enfants pour 1 adulte à 1 pour 6. C'est pas entendable de travailler dans ces conditions-là. 


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