Mois sans tabac : une initiative primordiale en Moselle-Est, région trop fumeuse


par Margot Benabbas
mardi 2 novembre 2021 à 08:18

Mois sans tabac : une initiative primordiale en Moselle-Est, région trop fumeuse
Photo : Shutterstock

Le mois sans tabac a démarré. C’est la 6ème édition.  Durant ce mois de novembre, les fumeurs sont invités à arrêter de fumer. Cette année près de 100 000 personnes sont inscrites sur le site « Mois sans tabac ».

Son N°1 - Mois sans tabac : une initiative primordiale en Moselle-Est, région trop fumeuse

Professeur Francis RAPHAEL – tabacologue et président du Résamest (réseau de santé de Moselle-Est) à Freyming-Merlebach

Pour commencer, que peut-on dire du tabagisme en Moselle-Est ? est ce que nous sommes une région particulièrement fumeuse ?

Oui, nous sommes une région particulièrement fumeuse. Nous avons une tradition fumeuse en Alsace et en Lorraine. Nous avions et nous avons toujours de très mauvais indicateurs de santé depuis le début du 21ème siècle dans les maladies liées au tabac (cancer du poumon et d'autres organes, BPCO). C'est pourquoi nous, en Moselle-Est, nous avons été les précurseurs dans la lutte contre le tabagisme avec la création du réseau Lorraine stop tabac qui est l'ancêtre du Résamest et qui a permis de doubler le taux de réussite dans le sevrage tabagique dans les premières années du 21ème siècle. 

Et nombreux sont ceux qui arrêtent ? 

Oui, nous y arrivons grâce à notre maillage dû aux 45 médecins formés au sevrage tabagique dans le territoire du Résamest. 45 médecins et 25 sages-femmes + des infirmières tabacologues. Nous avons un numéro d'appel unique qui a été précurseur puisque maintenant il y a le 3989 qui est un numéro d'appel unique, non plus régional comme le nôtre mais national. 

Le « problème » dans notre région on le sait c’est la proximité du Luxembourg où le tabac est moins cher. Depuis août 2020, il n’est plus possible de ramener plus d’une cartouche de cigarettes du Luxembourg par personne contre 4 auparavant. Est-ce que ce changement de législation a eu un impact ?

Je l'espère, je le pense, car lorsque je prends l'autoroute aussi bien de la Moselle-Est au Luxembourg ou par l'A31 vers le sud et vers Strasbourg par l'A4 je vois de plus en plus voitures de douanier et de barrages de douanier aux péages. Nous espérons que ces barrages des douaniers permettent de diminuer encore l'importation du Luxembourg où le paquet de cigarette coûte toujours 4€80 alors qu'il est aux alentours de 10€ en France.  

On voit que de plus en plus de lieux deviennent des zones sans tabac. L’université de Strasbourg a signé une convention avec la Ligue contre le cancer du Bas-Rhin pour aboutir à un « campus sans tabac ». De plus en plus de villes interdisent la cigarette dans les parcs ou les zones très fréquentés, Thionville a inauguré 35 espaces sans tabac il y a un mois. C’est une bonne chose selon vous ?

C'est exemplaire déjà pour les jeunes. La société francophone de tabacologie dont je suis membre a axé chez les jeunes ses actions de motivation au fait de ne pas commencer la cigarette ou d'arrêter la cigarette. Et nous sommes heureux de ce genre d'initiatives, on félicite le maire de Thionville, qui est médecin. A Nancy, 5 parcs sont maintenant non-fumeurs et ce sont des initiatives exemplaires et qui nous aide dans le "non-commencement de fumer" pour les jeunes et l'arrêt du tabac pour les plus anciens.

Les dernières statistiques : en France, en 2021, la première cause de décès évitable c'est le tabac. Il y a 75 000 morts par an avec un coût pour la société : 120 milliards d'euros par an en dégât sanitaire. Nous avons réussi à augmenter l'âge moyen de la première cigarette qui, il y a 15-20 ans, était de 12-13 ans, maintenant c'est 14.4 ans.  

Aujourd’hui quelles solutions a-t-on pour arrêter ?

Oui nous avons de bonnes solutions. Nous avons été précurseur parce que nous remboursions dès 2005 la moitié des substituts nicotiniques. Ces substituts sont un excellent traitement de l'addiction au tabac et ils sont maintenant totalement pris en charge par l'Assurance maladie. Il y a donc ce remboursement total et il y a également la prise en charge de l'arrêt du tabac sur un temps relativement long avec un renforcement de la motivation, un suivi psycho-comportemental pour prévenir la rechute et renforcer les patients dans leur désire d'arrêter le tabac.  


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