De ''pantouflard'' à boulimique des courses, rencontre avec Meheza Walla


par Camille Bazin
jeudi 18 novembre 2021 à 05:18

De ''pantouflard'' à boulimique des courses, rencontre avec Meheza Walla

« Je suis bien dans mes pantoufles, devant la télé », on a beaucoup de mal à croire le Forbachois Meheza quand il nous dit ça alors qu’il rentre à peine d’une course de 165 kilomètres en Slovénie… Et pourtant, le quadragénaire ne s’est mis que très récemment à la course à pied et depuis, il enchaîne les courses. Rencontre avec celui qui fait l’unanimité sur les courses pour sa bonne humeur et sa volonté.

Son N°1 - De ''pantouflard'' à boulimique des courses, rencontre avec Meheza Walla

Un reportage qui a tout déclenché

Meheza a quitté le Togo en 2000, après son bac, pour poursuivre ses études en France. Il tente d’abord des études en médecine, mais la peur du sang l’oblige à abandonner. Il s’est finalement rabattu dans la télécommunication et travaille actuellement dans une entreprise en Allemagne.

Joueur de football, il ne s’était jamais intéressé à la course à pied jusqu’à un dimanche après-midi, en 2015, où il voit un reportage sur France 2.

Ils montraient, dans le désert du Maroc, un aveugle qui faisait un ultra trail, le Marathon des Sables. 250 kilomètres en 5 jours. Je tombe là-dessus et je me dis ce n’est pas possible, il est aveugle, il ne voit pas ce qu'il se passe. Ils ont mis en avant les bénévoles et je décide, tout de suite après, de leur écrire pour voir cette course en vrai.

Meheza intègre donc l’équipe de bénévoles. Une aventure humaine qui va créer un déclic.

Du coup, tu te remets en question, tu te demandes si tu n’as pas raté quelque chose dans ta vie parce qu’il y a des gens qui font des trucs hallucinants quand même.

 

"Dans le trail, j’ai découvert un endroit où on est tous coureur"

De retour chez lui, Meheza se fixe l’objectif de réussir à courir un semi-marathon. Pour ça, il s’inscrit au club de course à pied de Stiring-Wendel.

Et j’arrive et là encore une belle leçon de vie. Il y avait des retraités, je me rappelle, j’étais le plus jeune et on fait une sortie à côté du Decathlon et dans la montée, j’étais en train de m’étouffer et ils m’ont dit "non ne panique pas tu n’es pas obligé de courir tout le temps, tu peux marcher et on t’attendra." J’ai adoré cette philosophie de courir ensemble et que les premiers, ils y vont, mais après, ils viennent chercher les derniers. Et c’est comme ça que je suis entré dans ce délire et j’ai trouvé cette communauté vraiment magnifique, c’est l’entraide, et c’est ce que j’avais vu au désert en fait.

En à peine quelques semaines, Meheza court son semi-marathon puis dans la foulée le Trail du Petit Ballon d’Alsace, 50 kilomètres en montagne.

Le 50, c’était là où tu te dis, je suis fait pour ça.

Arrivée du Trail du Petit Ballon d'Alsace

Le coureur ne cherche pas le top du classement, juste le partage et être « finisher ».

Dans le trail, j’ai découvert un lieu, un endroit où on est tous coureur. C’est la solidarité, on va aller au bout. Les gens t’encouragent, mais sans savoir que tu es Meheza ou tu es noir.

  

Les courses s’enchaînent. Meheza court dans tous les coins de France mais participe aussi à la diagonale des fous à la Réunion, au marathon de New-York ou encore au trail le plus populaire de France : l’Ultra Trail du Mont-Blanc. Course durant laquelle il a d’ailleurs fait une rencontre hors du commun.

J’étais bénévole dans la semaine. Ma course c’était le vendredi et Mike Horn faisait la course des bénévoles avec ses filles le lundi. C’est la magie de ces trucs-là. Discuter avec Mike Horn en pleine course, c’est improbable.

Et le Marathon des Sables dans tout ça ?

En 2017, deux ans après le déclic, deux ans après sa première aventure au Maroc en tant que bénévole, Meheza retourne au Marathon des Sables mais cette fois en tant que coureur.

L’expérience la plus folle que je n’ai jamais faite.

250 kilomètres en 5 étapes et en autonomie. Alors que les concurrents partent tous avec un sac minimaliste, Meheza se retrouve avec 13kgs sur le dos !

J’avais presque une tenue par jour. À la base, il faut courir le Marathon des Sables avec un short et un tee-shirt pour les 5 jours. Moi, j’avais 3 paires de chaussettes, 3 shorts, 3 tee-shirts, je suis le touriste. Le deuxième jour, je me suis habillé avec des nouvelles tenues et quand j’ai pris le départ, je me suis sentie mal parce que tout le monde était sale sauf moi. J’ai pris du parfum avec moi parce que je pensais que je dégageais fortement. C’était du Calvin Klein, je ne pouvais pas le jeter, j’ai dû garder le flacon de 100mL. J’ai des tenues des Vosges Ceramiq qui coûtent 119€ je ne peux pas les jeter donc finalement j’ai tout gardé. À la fin, j’aime finir mes courses avec une tenue marante. J’avais un kilt et j’ai couru la dernière étape en kilt. C’est ma manière à moi de me motiver parce que je me dis cette tenue, il faut que je l’amène au bout.

 

Avec sa folie, sa bonne humeur et sa tchatche, Meheza fait l’unanimité dans le monde du trail. À peine rentré d’une course de 165 kilomètres en 45 heures en Slovénie, Meheza prépare à nouveau son sac direction Madère.

Bénévole aussi et j’ai le choix entre les courses et je crois que je vais prendre le 60. Il y a un 60, un 85 et un 115. Je crois que je vais être raisonnable.

 


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