Grand Est : le bio attire toujours malgré une légère baisse des ventes


par Margot Benabbas
lundi 4 avril 2022 à 08:19

Grand Est : le bio attire toujours malgré une légère baisse des ventes

Ça a fait la une de l’actualité ces derniers jours : la baisse de la consommation bio. 2021 marque pour le première fois un fléchissement des achats de produits bio, alors que la production augmente. Quelle est la situation dans le Grand-Est et comment comprendre ces chiffres ?

Son N°1 - Grand Est : le bio attire toujours malgré une légère baisse des ventes

Jérôme ALBERT, éleveur laitier à Guinglange et Président du groupement des agriculteurs bio de Moselle

En grande surface on parle d’un recul des ventes bio de 3% en 2021, dans un article publié sur le site (Bio en Grand-Est) il y a quelques jours vous nuancez ce chiffre pouvez-vous vous expliquer pourquoi ?

Oui tout à fait on observe une baisse mais qui est à replacer dans son contexte. La baisse est constatée en bio mais aussi sur les produits conventionnels. Elle fait suite à une augmentation pendant des années de la consommation et elle est à replacer dans son contexte par rapport à l’année 2020 pendant laquelle les habitudes alimentaires des Français ont pas mal changé pendant le confinement et les Français se sont tournés vers les produits bio pour cuisiner à la maison. En 2021 ces habitudes se sont essoufflées. Donc entre 2020 et 2021 on est sur des années atypiques donc les chiffres sont à relativiser. On observe quand même un léger tassement suite à une croissance qui a été perpétuelle et constante pendant 10 années.

Par exemple, si on prend les œufs, on observe qu’en non bio, en conventionnel il y a une chute de 7.6% de consommation et en bio on a une chute de 5.5%. C’est pareil en farine donc cette baisse est vraiment conjoncturelle et à placer dans son contexte. Elle est présente sur les produits conventionnels également.

Vous êtes vous-même éleveur laitier, avez-vous été impacté par une baisse de vente ?

Pour l’instant, nous on ne l’observe pas encore sur les prix de nos produits achetés. Moi je suis sur une laiterie qui travaille notamment en Allemagne, et en Allemagne la conjoncture est plus porteuse qu’en France. C’est pas le cas de tout le monde. Certains producteurs sont plus impactés par la baisse des prix. Je pense qu’on va entrer dans une période charnière où on va avoir une ou deux années un peu plus compliquées où on a un volume de lait produit en bio qui est supérieur à la consommation de l’ordre de 25, 30% et qui fait suite à une croissance très importante de conversions de producteurs laitiers ces 3 dernières années. Là en ce moment on a un déséquilibre mais qui a déjà été présent il y a quelques années et qui, on l’espère, va se résorber grâce aussi à l’acte des consommateurs. Dans leur acte d’achat c’est eux qui ont la solution.

Bio en Grand Est accompagne les producteurs dans la conversion au bio, quelle est la situation dans la région ? Est-ce qu’on a de plus en plus de producteurs bio (ou pas) ? Est-ce qu’il y a des secteurs où la conversion au bio est plus rapide et d’autres qui mettent plus de temps à se lancer ?

En 10 ans, les surfaces cultivées sur le Grand Est ont été multipliées par 3. Aujourd’hui on a 4000 fermes qui sont engagées en bio en 2021, ce qui représente environ 10% des fermes et 7.4% de la surface agricole dans le Grand Est. Après on a des disparités, on a ces deux dernières années, un fort développement par exemple des conversions dans le domaine de la viticulture, des céréales. Par exemple, l’an dernier 40% des conversions étaient dans le domaine de la viticulture. Par contre on observe un léger ralentissement au niveau des conversions dans le domaine de l’élevage. A savoir que la moitié des fermes bio dans le Grand Est sont des fermes d’élevage et là aujourd’hui il y a un léger ralentissement. Parallèlement on n’observe pas plus de déconversions au pourcentage que ce qu’on a observé ces 10 dernières années. Le fléchissement est plus important en lait parce qu’aujourd’hui les prix n’incitent plus ou peu à la conversion. Mais d’autres filières ont une dynamique qui reste toujours positive. Ce sont des cycles.


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