Plan anti-tabac, des annonces qui vont dans le bon sens pour l'association Demain sera Non-Fumeur


par Camille Bazin
jeudi 30 novembre 2023 à 11:42

Plan anti-tabac, des annonces qui vont dans le bon sens pour l'association Demain sera Non-Fumeur
Photo : Shutter Stock

Le ministère de la Santé a dévoilé son plan national anti-tabac 2023-2027. Il veut augmenter progressivement le prix du paquet de tabac et généraliser l’interdiction de fumer dans les espaces publics. Ce sont les principales annonces faites lors de la présentation du plan national anti-tabac 2023-2027.

Son N°1 - Plan anti-tabac, des annonces qui vont dans le bon sens pour l'association Demain sera Non-Fumeur

Gérard AUDUREAU, Président de l’association alsacienne « DNF-Demain sera Non-Fumeur »

Les prix augmentent d’année en année, mais est-ce que c’est une mesure qui fonctionne ?

C’est la meilleure mesure qui puisse exister mais à condition qu’elle soit faite dans des conditions tout à fait particulières, ce qui-là, n’est pas le cas. En 2019, des députés qui étaient assez proches de l’industrie du tabac et des buralistes ont intégré dans la loi une indexation de la fiscalité sur l’inflation moyennant quoi, la seule chose qui compte dans un programme de fiscalité c’est d’avoir un objectif et cet objectif, comme par exemple ça a été le cas avec le paquet à 10€, est d’avoir ensuite des étapes régulières mais qui sont prévues à l’avance de manière à ce que la presse puisse régulièrement annoncée « nous étions à tant, et là nous allons passer à tant dans quelques jours ou dans quelques mois ». C’est la seule manière d’arriver, pour le fumeur qui a envie de s’arrêter, 63% des fumeurs ont envie d’arrêter, de retenir son attention sur cette décision à prendre. Comme c’est lié à l’inflation, la première année ça a été très bien, puisqu’on avait une très forte inflation et donc ça a amené 1€ d’augmentation du prix du tabac mais maintenant, les inflations qui vont arriver, y compris celles qu’on va avoir maintenant, ça va donner des augmentations de 20, 30, 40 centimes, ce qui correspond exactement à ce qu’il faut pour en mettre plein les poches de l’industrie du tabac et pas faire régresser la consommation.

Le Grand-Est est une des 4 régions de France dans lesquelles le tabagisme est le plus important (30.1% de fumeurs) alors que la prévalence moyenne en France est de 25%. Nous sommes dans un secteur frontalier, avec l’Allemagne et le Luxembourg où le tabac est plus accessible. Que faudrait-il faire ou mettre en place ?

Par rapport au prix, il y a nécessité absolue à ce qu’au niveau européen on arrive à une homogénéisation, en tout cas une harmonisation des prix. Ça a tendance à arriver, les directives, petit à petit, permettent de se rapprocher de ces objectifs mais c’est un petit peu trop lent. Ça c’est l’élément principal. Le second élément, il est mis en place, depuis 4 ou 5 ans. Les douanes effectuent des contrôles assez réguliers et c’est volontaire alors que jusque là les douanes avaient plutôt une habitude qui était assez favorable à l’industrie du tabac.

L’autre annonce importante du ministre de la Santé, c’est la généralisation de l’interdiction de fumer dans les espaces publics. Ça va dans le bon sens ?

L’annonce est formidable, c’est vraiment tout à fait ce qu’il faut parce que la problématique ce n’est pas l’espace public, la problématique c’est la notion de tabagisme passif. Le tabagisme passif est encadré en ce moment par la loi et il ne concerne que les espaces privatifs et les espaces qui sont confinés. Il faut absolument retirer cette notion d’espace confiné parce que quand vous êtes dans une file d’attente ou quand vous êtes à la terrasse d’un café en terrasse découverte et que juste à côté de vous on fume c’est absolument insupportable. Donc la notion de tabagisme passif doit dépasser la notion sanitaire, elle doit concerner la notion de bien-être des personnes.

On parle souvent de la cigarette électronique substitut à la cigarette, votre avis là-dessus ?

En 2006, les premières cigarettes électroniques apparaissaient en France et un journaliste m’a demandé d’aller dans une pharmacie, puisque c’était vendu en pharmacie, à l’époque et de voir ce que c’était. Donc en ressortant, après avoir eu la démonstration par le pharmacien, le journaliste me dit « qu’en pensez-vous ? » et je lui ai répondu, c’est une invention géniale qu’il faudra absolument éviter de voir détourner de son seul objectif valable qui est celui d’aider ceux qui n’arrivent pas, avec d’autres moyens, à s’arrêter de fumer. 18 ans après, je garde la même notion de cette cigarette électronique, moi-même ayant été fumeur, et gros fumeur, si j’avais eu ça au moment où je me suis arrêté, j’aurais utilisé la cigarette électronique. Malheureusement, on a laissé l’industrie de la cigarette électronique, permettre à l’industrie du tabac de s’insérer dans cette logique de réduction du risque. Il y a effectivement une réduction du risque puisqu’il n’y a pas de monoxyde de carbone, parce qu’il n’y a pas combustion mais, ça n’empêche que, c’est devenu depuis, une porte d’entrée vers le tabagisme parce que ça a été très bien instrumentalisé par les fabricants de tabac qui ont réussi notamment à intégrer la puff, c’est-à-dire la cigarette électronique jetable, dont, fort heureusement, le ministre a annoncé la disparition très prochaine.


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