''Ils ont mis à exécution le projet de mort de notre mère'', la colère d'une famille face au système de santé


par Cédric Kempf
jeudi 15 août 2024 à 06:27

''Ils ont mis à exécution le projet de mort de notre mère'', la colère d'une famille face au système de santé

31 décembre 2021. Une femme de 59 ans vivant dans le bassin houiller est prise en charge aux urgences du CHR Metz-Thionville pour de violents maux de tête. Deux jours plus tard, toujours hospitalisée, elle fait un arrêt cardiaque et est plongée dans le coma. 948 jours plus tard, le 5 août dernier, les membres de la famille Mourchid apprennent le décès de leur mère. Entre ces deux dates, elle a dû se battre pour sauver leur mère d'une mort programmée, refusée par le Conseil d'Etat, puis pour une prise en charge adéquate qui n'a jamais eu lieu. Mais que s'est-il vraiment passé ?


Son N°1 - ''Ils ont mis à exécution le projet de mort de notre mère'', la colère d'une famille face au système de santé

L'histoire de notre mère s'est malheureusement arrêtée le 5 août 2024. C'est extrêmement  difficile pour moi de vous dire cela, et de ne plus avoir la possibilité de voir ma mère. Encore une fois, on se battra, pour qu'un jour, justice soit rendue, c'est la promesse que je lui ai faite.

Les mots de l'un des six enfants sont difficiles à entendre. Il dénonce aujourd'hui un système de santé, sans mettre tout un domaine dans le même sac, qui préfère taire les erreurs que les assumer.

Il y a un autre système de santé dans lequel vous entrez, quand il y a une erreur médicale, se recroqueville sur lui-même, et fait en sorte, au lieu, j'allais dire, de s'engager sur le chemin du dialogue et de la reconnaissance de l'erreur médicale, s'engage dans une volonté de se protéger quoi qu'il en coûte.

En effet, la famille évoque une double erreur médicamenteuse (mauvais traitement et surdosage) qui a conduit à une aggravation significative de l'état de santé de la mère. Des mois de combat entre l'hôpital et les proches de la patiente avec l'intervention du Conseil d'Etat pour annuler l'arrêt des soins et donc la mort programmée de celle-ci, le 5 janvier 2023.

Nous avons engagé toutes les procédures possibles et inimaginables. Nous avons demandé communication des examens médicaux, et jusqu'à aujourd'hui, malgré nos demandes écrites et nos demandes par voie d'avocat, nous n'avons toujours pas le dossier médical de notre mère.

Toujours selon l'un des enfants, l'état de santé de la quinquagénaire s'est lentement améliorée avec le temps et la demande d'un transfert dans un autre établissement est souhaitée. Un combat à nouveau difficile.

Aucune demande n'a été acceptée, parce qu'à chaque fois, le chef de service de réanimation du CHR et la direction de cet hôpital ont tout fait pour faire obstacle à ce transfert.

Transférée en Allemagne, de nouveaux problèmes

C'est finalement en Allemagne, au centre Cura-Med de Grande-Rosselle, que Madame Mourchid est transférée. La famille espérait enfin une prise en charge curative.

Le ministère de la santé allemand avait retiré les agréments de cette clinique, la faisant passer d'une clinique à un centre de soins palliatifs. Cette information était connue du CHR Metz-Thionville et nous a été cachée.

Ce nouvel imbroglio a duré un an et demi avant le décès de cette mère de famille. Plusieurs avocats ont été mandatés pour défendre leurs droits. C'est le cas de Maître Calot.

Ils ont demandé, soit son transfert dans un autre établissement hospitalier en Allemagne, soit son transfert en Suisse (NDLR : avec prise en charge totale). La famille a reçu malheureusement un retour négatif pour la Suisse, mais n'a pas reçu de réponse de prolongation pour la poursuite de l'hospitalisation en Allemagne. Ce qu'il faut savoir, en droit français et dans ce dispositif précis, à défaut de réponse, le silence des services correspond à une acceptation. Il n'est normalement pas possible de revenir sur cet accord implicite.

Pourtant, le centre national des soins à l’étranger, est revenu bien plus tard sur cette autorisation, et la clinique allemande demande maintenant des tarifs exhorbitants sans avoir fourni aucun traitement curatif, selon son fils.

Aujourd'hui, les causes de la mort sont encore inexpliquées. Le temps du deuil passé, la famille promet de faire toute la lumière sur cette affaire.

La réponse du CHR Metz-Thionville

Lors d'un premier article sur cette affaire, la rédaction avait un reçu un communiqué de l'hôpital, donnant leur version des faits.

Le CHR Metz Thionville entend la peine de la famille confrontée à une situation douloureuse concernant l'état de santé de leur maman.
Les équipes de soins des services ayant pris en charge la patiente et la Direction se sont efforcées, dès le premier jour de son hospitalisation, de les accompagner, de les écouter et de les soutenir par des entretiens réguliers et les nombreuses réponses apportées à leurs questions.

L'établissement a également facilité toutes les démarches visant à répondre aux demandes de la famille. Les droits de la patiente et de la famille ont toujours été expliqués et respectés, leur permettant ainsi de  porter devant les autorités compétentes leurs désaccords qui ont été ou seront examinés. Compte tenu des impératifs du secret médical, le CHR ne peut communiquer aucun élément relatif à la situation d’un patient. Le CHR souhaite toutefois réaffirmer le plein engagement de ses équipes médicales et soignantes, tout au long de la prise en charge, pour assurer les meilleurs soins à la patiente. 

Si le CHR s'associe pleinement à la douleur de la famille, il ne peut tolérer que les professionnels de l'établissement soient accusés et maltraités de la sorte par la famille.

La famille Mourchid tient à rappeler qu'aucune plainte n'a été déposée sur des comportements inappropriés de leur part, au contact des soignants.


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