''Il n’y a pas qu’un seul Bétharram'', deux Mosellans racontent leur passage à l’IMP de Sierck-les-Bains


par Camille Bazin
mardi 18 mars 2025 à 05:00

''Il n’y a pas qu’un seul Bétharram'', deux Mosellans racontent leur passage à l’IMP de Sierck-les-Bains

Après l’affaire Bétharram, les langues se délient. Pascal* et Maxime* sont passés par l’institut médico-pédagogique de Rustroff, près de Sierck-les-Bains, lorsqu’ils étaient enfants. Ils se souviennent des maltraitances, des coups, et même des viols. Aujourd’hui âgés de 68 et 66 ans, ils ont voulu raconter leur histoire.

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Il n’y a pas eu qu’un seul Bétharram, il y en a eu plusieurs.

C’est à l’âge de 7 ans que Maxime*, originaire de Bockange, dans le pays Boulageois, a été envoyé à l’IMP de Rustroff.

J’étais un cancre. J’avais beaucoup de mal à apprendre.

Pour Pascal*, l’arrivée en internat s’est faite encore plus jeune. Dès l’âge de 3 ans. D’abord chez les sœurs dominicaines de Rettel puis à Rustroff en 1966. Des souvenirs d’enfance douloureux à raconter.

J’ai subi des châtiments, des coups très violents avec des objets comme du bois. Ce qui m’a énormément marqué, c’est une fois lors du bain, ils ont tenté de me noyer. Ils m’ont plongé dans la baignoire et ils m’ont maintenu.

Une punition qui ne serait pas un cas isolé selon un article du journal Le Monde. En février 1978, trois employées de l’IMP de Rustroff ont été condamnées pour avoir battu un jeune pensionnaire handicapé et pour lui avoir plongé la tête dans un saladier rempli d’eau.

Des maltraitances physiques et des pressions psychologiques

Des maltraitances physique, mais aussi moral infligées par les bonnes sœurs. Pascal se souvient du Père Fouettard, un personnage qui débarquait du grenier pour punir les enfants.

Quand on le voyait, il avait une canne en main, une hotte sur le dos, avec une jambe qui dépassait de la hotte. On avait très peur. Pour moi, ce ne sont pas de bonnes éducations qu’on donne aux enfants. Par la suite, il s’est créé en moi comme une peur de mourir.

Durant 3 ans, Maxime a également vécu ces coups, ces intimidations. Mais son souvenir le plus marquant, c’est une agression sexuelle alors qu’il n’avait que 8 ans.

J’avais la possibilité de prendre des cours de musique. Il y avait un maître qui s’appelait M. Martin. Mes parents m’avaient acheté un mélodica et j’allais prendre mes cours de musique. Un jour, M. Martin a commencé à me caresser, à me toucher et ça a été jusqu’à la fellation. Ça ne s’est jamais su car on était que tous les deux.

À l’époque, il ne trouve pas le courage d’en parler et préfère oublier.

Bien sûr, on aurait pu porter plainte. Mais qui nous aurait crus ?

Le petit garçon de l'époque se sent honteux. Comme lorsque régulièrement, il fait pipi au lit.

À l’époque, je salissais mes fonds de culotte. Et un jour, l’éducatrice, Mademoiselle Marie Barbe, m’a appelé près d’elle, elle a pris ma culotte et me l’a retourné sur la tête devant tous les camarades. Voilà l’humiliation.

À 66 ans, Maxime se pose toujours une question.

Comment des bonnes sœurs qui se sont tournées vers Dieu ont pu se permettre des choses comme ça sur des enfants ? Ce n’est pas normal.

Une reconstruction difficile

À leur sortie après ces années de souffrance, les deux hommes ont tout de même réussi à fonder une famille et à avoir un travail. Maxime dans la plomberie et Pascal a fait toute sa carrière chez Sarel à Sarre-Union. Si aujourd’hui la colère est passée, les deux hommes, qui se sont retrouvés récemment grâce aux réseaux sociaux, savent que leur vie aurait pu être différente.

J’ai été suivi par un psychologue pendant quelques années parce que je ne me sentais pas bien. Au travail, je n’étais pas bien. J’avais des idées noires parce que je n’arrivais plus à vivre avec ça. – Maxime 
Construire une vie avec une dame ça a été compliqué. On a honte de soi. – Pascal

60 ans après les faits, Pascal et Maxime savent qu’il y a prescription et ne comptent pas porter plainte. L’IMP Saint-Joseph est depuis devenu un Ehpad et l’IMP de Rettel a été transformé en IME.  

*Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des témoins. 


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