Carling : La future usine Verso Energy va livrer de l'hydrogène à l'industrie sidérurgique en Sarre

Verso Energy a signé un gros contrat en Allemagne. La future usine basée à Carling va livrer de l’hydrogène au sidérurgiste SHS.
Son N°1 - La future usine Verso Energy va livrer de l'hydrogène à l'industrie sidérurgique en Sarre
Antoine Huard, Directeur Général et co-fondateur de Verso Energy
La Sarre a pour projet depuis longtemps de décarboner sa production d’acier. Vous allez donc faire partie de ce changement avec la livraison de plusieurs tonnes d’hydrogène dès 2029. Que représente un tel contrat pour Verso Energy ?
C’est un contrat important pour Verso Energy, parce que c’est l’un des tout premiers contrats de cette envergure en Europe pour la décarbonation de l’activité sidérurgique, mais c’est aussi un contrat très important pour le territoire puisque ça va permettre d’implanter une usine de production d’hydrogène à Carling, avec de la création d’emplois, de la création de richesse, pour exporter de l’hydrogène vers les sidérurgistes allemands et notamment vers ce sidérurgiste avec qui nous avons signé un contrat, qui est donc SHS, et qui est un contrat pionnier. C’est vraiment l’un des tout premiers de ce type en Europe, pour acheter 6000 tonnes d’hydrogène par an, qui va permettre d’utiliser moins de charbon et de gaz pour la production d’acier.
6000 tonnes d’hydrogène par an, on ne se rend pas vraiment compte, mais c’est une production qui permet d’alimenter beaucoup de structures ?
En fait, pour donner un ordre de grandeur, ça représente une usine d’un montant d’investissement de plus de 100 millions d’euros, donc c’est une très grosse usine, et cette production d’hydrogène permet d’amorcer, je dirais, la décarbonation de l’usine de SHS, mais ce n’est qu’un début, il y aura d’autres phases derrière, pour aller jusqu’à 120 000 tonnes par an d’hydrogène, ce qui permet de produire plusieurs millions d’acier par an.
Vous pouvez nous parler des coulisses de ce contrat ? Comment avez-vous tiré votre épingle du jeu pour devenir le partenaire commercial de SHS en Allemagne ?
La première chose, c’est que ça été un appel d’offres très disputé, il y a eu beaucoup d’acteurs en concurrence pour répondre à cet appel d’offres lancé par SHS, et ce qui a fait la différence je pense, c’est déjà le prix évidemment. Le problème de l’hydrogène, c’est que c’est encore une industrie naissante avec un prix qui peut être considéré comme trop cher pour être compétitif face au charbon. Il a fallu trouver des solutions pour baisser le prix de l’hydrogène et être le plus compétitif afin de convaincre le client de nous sélectionner. L’autre aspect qui a joué, je pense, c’est la maturité du projet.
C’est un projet sur lequel on travaille depuis 3 ans, donc le projet avait déjà franchi beaucoup d’étapes, le fait d’avoir trouvé un terrain, d’avoir réalisé toute la conception de l’usine et le permis de construire qui est déjà en cours d’instruction, d’avoir déjà franchi l’étape de la concertation préalable qui s’était tenue il y a deux ans, donc toutes les étapes-là ont pu convaincre le client que le projet était déjà très avancé et avait donc de très bonnes chances de se concrétiser.
Avant les livraisons en Allemagne, de gros travaux sont prévus à Carling pour créer une usine de production d’hydrogène. Où en est-on ?
Il reste deux étapes. L’étape qu’on vient de franchir c’était la plus importante, c’était donc de signer un contrat de long terme, c’est un contrat qui va durer 10 ans avec le client, c’est ce qui permet ensuite de financer le projet. L’étape suivante c’est vraiment le financement du projet, c’est une étape qui va représenter un gros travail, qui va prendre à peu près un an, le temps d’aller voir des banques pour financer un projet qui représente plus de 100 millions d’euros d’investissement. L’autre étape importante, c’est d’obtenir le permis de construire, comme je l’ai dit, il est en cours d’instruction en préfecture, et on espère l’obtenir d’ici les six prochains mois. Une fois que les deux étapes-là seront remplies, on pense pouvoir démarrer les travaux à peu près en novembre 2026 pour une mise en service et la première production d’hydrogène en octobre 2029.
Combien d’emplois seront créés sur place ?
Ça représente à peu près une quarantaine d’emplois pour la première phase. L’usine va produire 6000 tonnes par an d’hydrogène comme je disais, mais elle pourra monter jusqu’à 50 000 tonnes par an si l’on trouve des clients pour phase suivante. Le client avec qui on a signé là, SHS, il va consommer jusqu’à 120 000 tonnes par an, donc il y aura aussi de la place pour d’autres usines de production d’hydrogène dans la région. C’est une très belle opportunité pour le territoire de pouvoir ainsi bâtir une filière hydrogène qui soit à la hauteur du défi qui est devant nous.