Épisode du mercredi 8 février 2023 à 12:20
Carnaval est une des traditions qui fait la réputation de Sarreguemines. Mardi gras, déguisements, danses, fêtes, confettis, plongeons avec cette chronique dans les origines de cette tradition.
Quelle est l’origine du carnaval ?
C’est une tradition très ancienne, liée aux cycles saisonniers et agricoles.
En Égypte d’abord, puis en Grèce, en Italie, dans toute l’Europe ensuite, des festivités étaient organisées à l’approche du printemps. Nombreux étaient alors les hommes qui cultivaient la terre. Ils croyaient que si les morts revenaient, les récoltes seraient meilleures. Ils mettaient alors un masque et un déguisement pour attirer les esprits des morts.
Pour les Anciens, l’année ne débutait pas en janvier (ce n’est que depuis 1564 que l’année débute le 1er janvier), mais en mars. C’était le mois du renouveau de la nature et du réveil de la terre. Or, avant toute nouvelle création, le monde doit retourner au chaos primordial pour se ressourcer. Ce chaos était représenté par le Carnaval, au cours duquel un simple d’esprit était élu roi. Au cours des fêtes du Carnaval, toutes les individualités disparaissent sous les masques et le maquillage, permettant ainsi la confusion qui symbolise le chaos.
Quelle est la symbolique de carnaval ?
Carnaval accompagne le passage de l’hiver au printemps, de la mort à la vie : il symbolise le renouveau de la nature dans l’exubérance, la fantaisie et l’imagination.
Le Carnaval est une survivance des Bacchanales, Lupercales, Saturnales romaines, des fêtes grecques en l’honneur de Dionysos. Le Moyen Âge, héritant des orgies des anciennes « Saturnales », institua « La Fête des Fous » qui devint l’exutoire des foules. Ne pouvant les combattre, l’Église récupéra les fêtes païennes qu'elle adapta très précisément à son calendrier liturgique (avant les rigueurs du Carême). On les rebaptisa « Carne Levare Levamen » (enlever la viande), une étymologie possible du mot carnaval.
En conclusion
Carnaval est l’héritier des rites d’inversion venus de Grèce ou encore de Rome mais certainement, de rites plus anciens encore. Déjà, plus de 2000 ans avant Jésus-Christ, les Mésopotamiens pratiquaient des rites d’inversion comme les « Sacées », avec des souverains fictifs et éphémères.
Besoin de se « régénérer par le chaos mais aussi d’inverser l’ordre », Carnaval est à l’origine un rituel agricole plutôt qu’une fête. Il est libérateur et permet de « fotze » sur la société, les hommes politiques.
L’ordre et le désordre peuvent alors être perçus comme indissociables, et laisser le second s’exprimer, peut être le meilleur moyen de le limiter et de le maîtriser. Nietzsche disait « il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante ». Cette étoile, c’est le soleil qui va nous réchauffer avec le printemps qui arrive. Mais en attendant, allez hop !
Chronique réalisée par Gilles, éthnobotaniste et mycologue.