Épisode du mardi 23 janvier 2024 à 11:20
On découvre l'atelier de Sébastien.
Ton atelier s'appelle forêt de verre. En quoi consiste cet atelier ?
Ça s'appelle forêt de verre parce qu’au départ, il fallait trouver un nom pour ma spécialité d'origine, c'est-à-dire les terrariums, et c'est une image, en fait, forêt de verre, ça veut dire que c'est des espèces de mini forêts qui sont entourées de verre.
Comment est-ce qu'on peut qualifier ton métier ?
C'est de l'artisanat, parce que, voilà, je vais chercher pas mal d'éléments moi-même. Moi, j'ai inventé le terme terrariumiste ; mais il n'est pas idéal non plus, parce que souvent, quand on parle de terrarium, les gens pensent à des insectes, des lézards. C'est le même terme en fait, donc on ne devrait même pas appeler ça un terrarium, on devrait appeler ça plantarium.
C'est une reconversion professionnelle ou tu as toujours fait ça ?
Non, je n'ai pas toujours fait ça. En fait, je suis musicien, ingénieur son au départ.
Ah oui ça n’a rien à voir.
Si ça a un rapport, c'est que chaque terrarium à un nom de musique que j'aime bien. C'est pour ça que, des fois, les gens trouvent que les noms sont un peu bizarres.
Et au final, ce n’est pas si différent, c'est un peu tiré par les cheveux, mais ça reste de la création en un, donc, c'est un peu comme faire de la musique. Ensuite, il faut exposer ses créations ; alors, pour moi, ça va plutôt être les réseaux sociaux, mais un peu comme la musique qu'on va essayer de faire écouter, et puis, il faut sortir. Alors en musique, on sort faire des concerts, et dans l’artisanat, on sort faire des marchés. La constante, c'est la création.
Mais c'est un travail multiforme, en fait, parce qu’il faut faire les créations, il faut faire les photos, il faut gérer les sites et ensuite, il faut gérer tout ce qui est réseaux sociaux, comme tout ça visuel, pour que les gens viennent, parce que, voilà, j'ai pas pignon sur rue, on ne trouve pas forcément comme ça.
Il faut quand même une formation, quelque chose, tu ne peux pas associer plusieurs espèces différentes n’importe comment ?!
Il n’y a aucune formation qui existe, il faut se débrouiller. Il y a un petit côté risque au départ, c'est-à-dire qu'on va tester des choses. Ensuite, c'est à force de tester, tester, tester, il y a des échecs et des plantes qui ne se plaisent pas. D'ailleurs, ça m'a donné une idée de créer un collectif, justement.
Je dirige un collectif. On est trente cinq artisans qui font le même métier que moi, justement parce que, comme il y a pas de formation, le but du collectif, c'est de vraiment tous échanger. On n'est pas vraiment concurrents puisqu'on reste des artisans locaux et qu’on n’expédie pas donc chacun à sa ville, mais pour tout ce qui est technique sur la terre, technique sur les plantes, techniques sur les maladies, voilà, et ça, ça a bien boosté le niveau.
Est-ce que tu te fournis aussi maintenant au gré de tes balades en forêt ou pas du tout ?
Alors, ça va plutôt être pour ce qui est stabilisé. Alors, pour les auditeurs faut préciser ce que c'est stabilisé, c'est des vrais végétaux, mais qui sont figés après avec un traitement à la glycérine.
On utilise les champignons boire parce que c'est complètement figé. Donc, il y a des mousses que j'essaye de cultiver, de reproduire, etc. Là, c'était la sphaigne morte complètement sèche, que j'ai découpé et en la mettant sur une terre spécifique, lumière, humidité, et ça va revivre. Moi, je cherchais plutôt à faire ça, essayer, travailler sur comment reproduire des mousses, pour pas systématiquement aller en chercher en forêt. Il faut préserver les environnements dans les forêts.
Et d'où vient l'inspiration pour créer tes terrariums ?
En général, c'est une observation de la nature. En fait, c'est ce qui va faire qu'un terrarium est plus ou moins réussi. C'est voilà. Il suffit de se balader en forêt et puis de regarder un peu ce qui se passe, comment sont agencés les mousses.
Mais comment on fait quand les plantes prennent trop d'ampleur ?
Il y a deux techniques. Moi, je suis plutôt partisan de la technique de ne rien faire. Ca va donner un terrarium jungle un peu, à la fin, au bout d'un an, deux ans- c'est là que ça fait référence à peu à l'écosystème- comme dans une forêt, c'est-à-dire que si vous n'intervenez pas, les végétaux, ils vont se débrouiller entre eux, ils vont se battre un peu pour avoir de l'espace. Ça va coloniser tout l'espace, mais ça va arriver à un point d'équilibre où, en fait, il y a des feuilles qui vont tomber, ça va réalimenter la terre et ainsi de suite. Alors que si vous taillez au bout d'un certain temps, en fait, ce que vous allez tailler, c'est l'énergie que la terre que vous avez mise dans le terrarium, donc, à force de tailler, il n'y aura plus d'énergie dedans et du coup votre terrarium va mourir au bout de trois, quatre ans.
On doit arroser. On va faire quoi, en fait ?
C'est un peu ce que les gens aiment bien dans les terrariums fermés, c'est qu'en moyenne, ça s'arrose une fois par an.
C'est quoi la partie que tu préfères le plus dans ton métier ?
La création.
Si tu pouvais conseiller ce métier à quelqu'un, qu'est-ce que tu lui dirais ?
Il faut aimer être créatif, au départ, il faut aimer un peu tout, c'est-à-dire que c'est vraiment multitâches. Il faut aimer créer des choses pour être assez patient aussi, parce qu’on part toujours un peu de de rien et puis il faut sortir, il faut aller voir des gens, et puis voilà, il faut persévérer.