Épisode du lundi 3 novembre 2025 à 09:45
Le Blauberg, qui signifie terre argileuse, n’est pas seulement un quartier de Sarreguemines, mais aussi un domaine de près de 2 hectares comprenant une église, un ancien couvent et un parc.
Un lieu chargé d’histoire
La première fois que je suis venu me recueillir au sanctuaire de Notre-Dame du Blauberg, j’ai été interpellé la sérénité se dégageant de ce lieu de culte. L’endroit était propice au recueillement, à la sérénité, à la prière. Le lieu d’implantation est déjà source d’inspiration : une colline surplombant à 268 mètres Sarreguemines. Son nom aussi : le Blauberg, littéralement la colline bleue. Le bleu est la couleur de Marie, serait-ce une prédestination qu’un jour de 1933 une église dédiée à la mère de Jésus sorte de sa terre argileuse bleuâtre.
Ici, les pères rédemptoristes ont édifié dans les années 1930 l’immense chapelle et son clocher symptomatique. Ici également rayonnait une superbe villa construite par Émile Huber en 1874, vaste demeure qui abritera le logis des religieux avant d’être transformé en sanatorium par l’occupant durant la Seconde Guerre mondiale.
La légende du Blauberg
« La montagne bleue », ainsi se traduit Blauberg en Français. Cette célèbre colline sarregueminoise culmine à 268 mètres, et surplombe la ville. Comme déjà dit, elle tire son nom de la couleur de l’argile qu’on y trouve, de couleur bleuâtre, violet, tirant sur le rougeâtre. Une légende locale fait remonter l’origine de cette couleur à l’époque de la chute de Rome, à l’époque où cette colline était recouverte d’arbres. Dans une hutte au sommet de la colline vivait l’ermite Eoban, envoyé par l’évêque de Metz Arnulf pour évangéliser les tribus païennes. Le pauvre ermite se fera massacrer par des chefs de village. Couvert du sang de leur victime, ils se lavèrent les mains dans l’eau d’une source. C’est là que l’eau se teinta de rouge virant sur le violet. Épouvantés par cette manifestation surnaturelle, les meurtriers quittèrent la région alors que le reste de leur tribu se convertirent. Lors de leur baptême, l’eau du ruisseau redevint claire mais le sol de la colline conserva cette couleur bleue rouge.
Une occupation ancienne
Lorsque l’industriel Emile Huber construisit sa villa sur le Blauberg en 1874[1], il mit à jour une source avec conduite de l'époque romaine et trois tuiles à rebords marquées Q VAL. SABE. (signature des commanditaires Quintus Velerius Sabellius). C’est entre les deux guerres mondiales que des maisons se construisent dans ce quartier, après que les héritiers Huber mirent en vente des parcelles.
Aujourd’hui, le Blauberg rappelle une villa, une chapelle et un couvent.
[1]Édifiée par Émile Huber (1838-1909), patron de l’industrie de peluche de soies à Sarreguemines (l’usine a été fondée en 1861 à la hauteur de Steinbach, elle emploie en 1870 près d’un millier de personnes et détient 40 % du marché mondial de la peluche à soie), à l’occasion de sa seconde union avec Mathilde Mathiotte de Metz, elle trône en surplomb de la ville, marquant le succès florissant de son industrie. Villa de maître reprenant les préceptes modernistes de Violet-le-Duc, ce bâtiment reste unique dans la ville.
Chronique réalisée par Gilles Weiskircher.

