L'univers sur un morceau d'écorce

Dans mon jardin

L'univers sur un morceau d'écorce

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Épisode du mercredi 18 novembre 2020 à 12:00

L’hiver s’approche, les arbres à feuilles se dépouillent. Et si on en profitait pour les observer de plus près, notamment leur écorce. En y regardant de plus près, le regard est attiré par de surprenantes croûtes ; d’arbuscules ou feuilles de différentes couleurs plaqués sur l’écorce. Vous êtes à coup sûr devant un lichen.

Définir un lichen est très difficile, car ce n’est pas un seul organisme, mais toute une communauté d’organismes très différents qui s’assemblent pour vivre. On a d’abord un champignon qui fournit le gîte et des vitamines, à l’intérieur des algues et/ou des cyanobactéries qui fournissent la nourriture grâce à la photosynthèse, mais on a aussi d’autres champignons et une multitude de bactéries. Toute cette communauté d’êtres vivants, cet écosystème à lui tout seul est ce qu’on appelle un lichen.

Les lichens sont les champions pour vivre dans des conditions difficiles, sur des roches, des troncs, des tuiles, etc. Et il ne leur faut pas grand-chose pour vivre : de la lumière et de l’humidité.

Si vous avez la chance d’en observer, réjouissez-vous, car ils sont sensibles à la pollution et  préfèrent les endroits non ou peu pollués pour s’épanouir. Contrairement à une idée reçue, le lichen n’est pas un parasite et ne nuit pas à l’arbre sur lequel il est fixé.

J’apprécie tout particulièrement les lichens car ils ont de nombreuses leçons à donner à notre société individualiste ou l’égoïsme passe trop souvent avant l’intérêt du collectif.

Les lichens sont un formidable exemple d’une communauté où des membres très différents arrivent à s’organiser pour survivre et se développer, souvent dans des conditions difficiles. Leur adage pourrait être : « ensemble on va plus loin »

Les lichens sont aussi un exemple où chaque partenaire est étroitement dépendant d’un autre pour vivre. Et cette remarque peut désormais s’appliquer à n’importe quel être vivant. Prenons l’exemple de l’homme. Il est constitué de dix fois plus de bactéries que de cellules propres. Sur la peau, dans les intestins, ces bactéries sont partout et permettent à l’homme de vivre. C’est ce que le biologiste Marc-André Selosse appelle l’holobionte. Aucun organisme ne peut vivre individuellement, mais en harmonie et en association avec d’autres. On est loin de la vision caricaturale d’un darwinisme basée uniquement sur la survie du plus fort. La vie n’est qu’associations et interactions, jusque dans l’intimité de nos cellules.

Profitons ainsi de ce confinement pour nous saisir d’une loupe et d’observer de plus près les lichens, découvrir un surprenant univers plaqué sur un tronc d’arbre et méditer les messages que les lichens nous transmettent.

 

Chronique réalisée par Gilles, mycologue et ethnobotaniste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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