Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''


par Margot Benabbas
lundi 11 mai 2020 à 05:12

Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''
Photo : Facebook Côté Canal

Alors que les magasins peuvent rouvrir à partir de ce lundi, l’avenir des bars est toujours incertain. Le gouvernement ne se prononcera pas avant la fin du mois concernant les bars, restaurants et cafés. Pire encore, les bars pourraient rouvrir dans les zones vertes mais pas dans les zones rouges comme le Grand Est. En Moselle, de nombreux gérants sont dans le flou, comme Gabriel Weisskopp qui a ouvert le Mac Laren’s il y a tout juste 1 an à Sarreguemines.

Pour l’instant, il s’en sort plutôt bien, mais il espère que la fermeture ne va pas trop durer.

Son N°1 - Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''

Le temps c'est l'ennemi. Plus ça va durer, plus on perd de l'argent, plus ça risque d'être difficile de sortir la tête de l'eau. La plupart des prélèvements sont pour l'instant arrêtés donc la seule peur qu'on ait c'est que tout soit prélevé d'un coup et que là effectivement on passe dans la zone rouge. 

A Grosbliederstroff, le café Côté Canal ouvert en 2018, tient bon pour le moment. L’un des 4 co-gérants, Lucas Muller, préfère rester positif.

Son N°2 - Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''

Pour l'instant on s'en sort plutôt pas mal, grâce aux mesures de chômage partiel et à la prime de 1500€ qui a été mise en place et qui sera renouvelée tous les mois. Franchement, avec ça, on s'en sort vraiment plutôt pas mal. Evidemment on ne gagne pas d'argent, donc on a la trésorerie qu'on avait avant le confinement qui est maintenue. Donc on ne gagne pas d'argent mais on n'en perd pas vraiment, dans la mesure où toutes les échéances bancaires ont été reportées, les loyers c'est pareil. 

Evidemment, chaque jour de fermeture représente un manque à gagner pour les deux jeunes structures, notamment grâce à la météo favorable du mois d'avril. Mais les gérants préfèrent ne pas y penser. Ils en profitent plutôt pour faire des travaux en attendant avec impatience la réouverture. Un peu de peinture et de rénovation au Mac Laren's et l'installation d'une protection solaire pour la terrasse chez Côté Canal. 

Les deux bars, s'en sortent donc plutôt bien pour le moment, notamment grâce aux aides de l'Etat et aux assurances. Au Mac Laren’s, le seul salarié a son salaire pris en charge par l’état. Chez Côté Canal, deux salariés sont au chômage partiel.

Dans quelles conditions se fera la réouverture ? 

Pour l'instant, on ne sait pas quand ni comment les bars vont pouvoir rouvrir. A Sarreguemines, Gabriel commence déjà à réfléchir à ce qu’il va devoir mettre en place à la réouverture.

Son N°3 - Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''

Personnellement, je pense qu'il va falloir limiter au début les places. Est-ce qu'on va compter les gens ? Est-ce qu'on va enlever des tables pour que la capacité d'accueil soit plus réduite ? Je ne sais pas. On va voir à partir du moment où on n'aura plus d'informations du gouvernement, dans quelles conditions on a le droit d'ouvrir. 

A Grosbliederstroff, Lucas et les 3 autres co-gérants de Côté Canal ont aussi commencé à réfléchir à ce qu’ils allaient pouvoir mettre en place.

Son N°4 - Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''

On est en train de fabriquer du mobilier adapté pour pouvoir couvrir les gâteaux sous cloche, carrément sous des vitrines en verre. On est en train de commander des distributeurs de gel hydroalcoolique qu'on veut placer un peu partout, à l'entrée de la cuisine, au bar, aux toilettes. On a plusieurs personnes qui nous ont approchés pour nous proposer des masques et des visières. On est en train de voir comment on va adapter ça au mieux, parce que c'est vrai que porter un masque toute la journée, quand on fait des journées de 10h à 22h, ça risque d'être un peu gênant. On pensait peut-être fermer le bar d'une certaine manière. 

Lorsque le café pourra rouvrir, tous les clients ne pourront peut-être pas être accueillis... avec les mesures barrières à respecter, la terrasse va vite arriver à saturation. L'établissement réfléchit donc également à développer la vente à importer. 

En attendant, Lucas et son équipe préparent des gâteaux en partenariat avec la municipalité qui fournit les ingrédients. Ils sont distribués au personnel de l'hôpital Robert Pax. 

Propagation du virus, fermeture de la frontière, prolongation de la fermeture... les craintes des gérants

Côté Canal résiste donc plutôt bien à la crise après environ 2 mois de fermeture. Mais il ne faudrait pas que ça s’éternise.

Son N°5 - Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''

Si l'activité reprend courant juin, qu'il fait beau et que les gens sortent ça devrait aller. Si l'activité reprend seulement en septembre, là ça va être très compliqué. 

Une autre crainte pour le café c’est de perdre de la clientèle allemande. L’établissement se trouve au pied du pont de l’amitié qui relie Grosbliederstroff et Kleinblittersdorf.

Son N°6 - Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''

On a 50% au moins de notre clientèle qui est allemande et qui vient de l'autre côté de la frontière. On ne sait pas trop comment ça va se passer, est-ce que les frontières seront ouvertes ou pas ? Est-ce que, avec les incidents qu'on a pu entendre, les Allemands vont venir ? Tout ça risque de bouleverser un peu notre modèle économique. 

A tout ça, s’ajoute une autre peur pour les gérants de bar, celle d’être en contact avec le virus. A Sarreguemines, Gabriel Weisskopp préfère ne pas trop y penser.

Son N°7 - Deux gérants de bars face à la crise sanitaire : ''Le temps c'est l'ennemi''

On y pense mais j'ai pas envie de rentrer dans une sorte de paranoïa ou de peur. Parce qu'on fait un métier où on voit les gens de près, de loin, mais on est constamment entouré de gens. Donc on va tout faire pour ne pas tomber malade et que les gens ne se contaminent pas en venant chez nous 

Les gérants restent positifs malgré le manque à gagner que représentent ces deux derniers mois. Selon eux, la fête n’en sera que plus belle quand ils pourront rouvrir.


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