Saint-Avold : Trois ans après son inauguration sur la plateforme chimique, l'usine de chimie verte d'Afyren Neoxy atteint la production en continu

À Carling, l’usine de chimie verte d’Afyren Neoxy vient de franchir une étape cruciale avec la maîtrise de la production en continu. Qu’est-ce que ça signifie concrètement ? On en parlait dans le Grand Réveil avec notre invité.
Son N°1 - Trois ans après son inauguration sur la plateforme chimique, l'usine de chimie verte d'Afyren Neoxy atteint la production en continu
Nicolas SORDET - directeur général et co-fondateur d'Afyren
En septembre 2022, vous avez inauguré votre bioraffinerie Afyren Neoxy sur la plateforme de Saint-Avold. Tout d’abord, pouvez-vous nous rappeler ce que vous produisez ?
C’est un projet qu’on a démarré il y a plus de 12 ans avec l’idée de transformer tous les résidus agricoles, par fermentation, en ingrédients pour la cosmétique, la santé, la pharmacie, pour les arômes, les parfums, pour une multitude d’applications, et donc c’est un long parcourt qui nous a amené à nous installer dans le Grand Est et sur la plateforme de Carling-Saint-Avold avec l’objectif de transformer les résidus de betteraves en ingrédients qui sont habituellement faits par l’industrie du pétrole. On s’est installé en 2021 avec une construction d’usine, une inauguration en 2022 et ensuite toute une phase de réglage, un peu difficile pendant laquelle on a beaucoup appris de cette usine, pour la « débuguer » et résoudre des problèmes qu’on a rencontré pour être capable aujourd’hui de lancer une vraie production et de servir nos clients.
Lors de l’inauguration, vous espériez atteindre une production de 16 000 tonnes en 2024 et une économie de 30 000 tonnes de CO2 par an. Est-ce que cela a été réalisable et aujourd’hui où en êtes-vous ?
Non. Aujourd’hui, ce qu’on a rencontré, et c’est la difficulté des sociétés comme les nôtres qui sont technologiques, qui sont innovantes avec un procédé complétement nouveau qu’on démarre et qu’on pense à une petite échelle dans un laboratoire et puis qu’on va faire évoluer à des tailles successives pour l’amener à une échelle industrielle, c’est que cette étape de mise à l’échelle de l’usine, qui est une belle usine, qui est aussi un bel outil, mais important, ça prend du temps. C’est un défi pour une société comme la nôtre, où on a recruté toute l’équipe, il faut apprendre à travailler ensemble, il faut apprendre à se connaître, on découvre des choses tous les jours, des problèmes qu’il faut essayer de régler. Cette période-là prend beaucoup de temps surtout quand on n’est pas une grosse entreprise et qu’on n’a pas un historique avec d’autres usines ou une expérience commune par le passé.
Vous parlez de recrutement, justement aujourd’hui cette usine fait travailler combien de personnes ? Et est-ce que ça a fait partie de cette difficulté de trouver les savoirs nécessaires pour faire tourner cette bioraffinerie ?
Aujourd’hui, il y a à peu près 75 personnes sur le site et la réponse à votre question, c’est : oui et non. On a une équipe dynamique qui est engagée, on a réussi à constituer cette équipe qui a aussi un petit peu évolué depuis le début parce que c’est une période qui est aussi assez éprouvante, donc ça s’est plutôt bien fait. C’est vrai que parfois sur certaines compétences, un process comme celui-ci on part un peu à l’aventure donc vous avez des problèmes à régler que vous n'avez pas forcément anticipé, qui sont très spécifiques sur un point en particulier et donc vous avez besoin d’une compétence spéciale qui n’est parfois pas facile à trouver. On fait une chimie un peu particulière qui mêle la biologie avec la chimie et forcément certaines compétences ne sont pas évidentes mais on s’en sort. On a une équipe engagée et on essaye de se battre tous les jours pour démarrer cette usine et montrer que cette première mondiale, puisqu’on est les seuls à l’échelle mondiale à faire ces produits-là, va être un succès sur cette plateforme.
Aujourd’hui, où en êtes-vous ? Est-ce que vous êtes plutôt positifs pour l’avenir ?
On dit ça y est ça tourne, mais on a encore pas mal de progrès à faire. Ce qu’on est en train de dire, et c’est l’annonce qu’on a fait mardi avec la production en continu, c’est-à-dire qu’on est capable de faire fonctionner toute l’usine et surtout, on est capable de produire des centaines de tonnes qui nous permettent ensuite de pouvoir livrer nos clients, pour certains qui ont signé des contrats avec nous il y plus de 5 ans. On sait que maintenant s’ouvre une nouvelle phase où on va transformer ces centaines de tonnes en milliers de tonnes, on a encore du travail, beaucoup de travail, mais on est en train de mettre derrière nous ce qu’on appelle le risque technologique, c’est-à-dire le fonctionnement de la technologie tel qu’on l’a pensé. Maintenant, il faut l’améliorer puis trouver les bons réglages, mais on rentre dans une nouvelle phase où on se dit qu’on fait, semaine après semaine, des progrès et que ces progrès-là vont nous permettre ensuite d’amener l’usine petit à petit vers sa pleine capacité, donc c’est positif !