Épisode du jeudi 2 octobre 2025 à 11:10
On découvre aujourd'hui le portrait de Valérie qui est responsable et gérante de l'épicerie Rocchi à Forbach. L'épicerie Rocchi que vous connaissez certainement, ça fait presque 100 ans qu'elle existe.
96 ans de la création ; mon grand-père tout d'abord, qui était avec son frère. Après ils se sont séparés. Son frère est allé faire les marchés. Et puis après mon grand-père, mon père. Donc c'est une histoire de famille.
C'est votre grand-père à la base qui a ouvert cette épicerie ?
Tout à fait.
Il était italien ?
Il était italien, oui. Immigré italien. Avec ma grand-mère. Et puis ils ont ouvert cette épicerie. Mais au départ, ils n'avaient pas les papiers pour. Ce que moi j'en sais, c'est que c'est un ami à eux qui a ouvert d'abord l'épicerie. Parce que eux, comme ils n'avaient pas les papiers, ils n'avaient pas le droit.
Le nom Rocchi, c'est le nom de famille alors ?
Le nom de Rocchi, c'est le nom de famille, oui. De mon grand-père, de mon père. Moi je l'ai repris après, oui.
Est-ce que la tradition est restée ? Est-ce que les fournisseurs, tout ça ?
Certains fournisseurs sont restés. D'autres, forcément, ont changé. Mais on essaye toujours de garder la qualité, les bons produits. Certains produits ne doivent pas manquer. Par exemple, la mortadelle, le jambon blanc, le provolone piquant, le pecorino romano que les gens aiment faire râper ou le grana padano.
Racontez-moi un petit peu votre enfance. Ça a été au milieu de l'épicerie déjà ?
Tout à fait. Moi, je suis née ici, donc l'épicerie était déjà là. J'habitais ici, dans l'appartement au-dessus. Donc j'ai baigné dedans depuis toute petite. C'est vrai qu'au départ, je ne voulais pas faire ce métier. Donc à un moment donné, mon père a dit « j'ai besoin de toi, il va falloir que tu viennes travailler ». Donc voilà, j'ai suivi, je l'ai écoutée, je suis venue.
Donc au début, ce n'était pas une vocation ?
Non, pas du tout.
Vous auriez aimé faire quoi ?
Oh, plein de choses, mais pas travailler dans l'alimentaire. J'étais là-dedans. Après, il y avait du monde. Il y avait beaucoup plus de personnel. Le magasin était beaucoup plus grand à l'époque. Mon père l'a réduit en 1991. Donc forcément, on réduit le personnel.
Mais c'est vrai qu'après, on s'est concentré sur l'alimentaire. Parce qu'avant, on faisait des produits ménagers, des produits d'hygiène, des bonbonnières. Oui, il y avait beaucoup de vendeuses à l'époque. Beaucoup sont passées, même des apprentis. Beaucoup sont passées chez Rocchi à l'époque, oui.
Et donc, vous avez repris cette grande histoire de famille. Est-ce que c'est un poids sur des épaules ? Est-ce qu'on a une pression de continuité ?
Disons que oui, mon père est décédé en 2021. Je me dis qu'il serait peut-être fier de moi, fier que je continue le magasin, que je gère un peu ce que lui gérait. Avant, on gérait à plusieurs. Maintenant, je suis la seule à gérer.
C'est quoi une journée type ?
Notre tâche de satisfaire le client. Donc, on l'accueille, on lui donne de petits conseils. On est à l'écoute aussi. On discute de tout et de rien. On leur prépare aussi des plateaux sur commande.
Il y a des avantages et des inconvénients dans tous les métiers. Ça serait quoi chez vous, les avantages, les inconvénients ?
Alors, l'avantage, c'est moi qui gère. Je fais un peu ce que je veux.Je suis un peu libre quand même. Enfin, je veux dire, maintenant, je dois aller faire quelque chose. C'est moi qui gère.
Et pour les inconvénients ?
C’est H24. Parfois, le dimanche, je descends, je prépare mes commandes. Le soir, par exemple, je rentre, il est 20 heures parce que j'ai aussi le bureau. La partie bureau aussi, toute la paperasse. Le soir, je remplis encore mes rayons pour le lendemain, le bureau. Donc, je n'ai pas d'heure, en fait. Les journées sont très longues. Les journées sont longues. Le dimanche matin, parfois, je descends aussi. Je me dis, allez, bon, on va laver. Voilà, je vais aiguiser mes machines. Vous faites ça aussi ? Oui, j'aiguise mes trancheuses, oui, comme je peux. Parfois, je dois m'y reprendre à plusieurs reprises.
Quand on a une épicerie italienne et qu'on a la famille italienne, est-ce qu'on part en vacances ailleurs qu'en Italie ?
Moi, j'aime l'Italie, moi. Moi, j'aime l'Italie, oui.
J'aime la cuisine italienne. J'aime les gens là-bas parce qu'ils ont toujours la banane, en fait. Et puis, j'ai aussi ma famille. Donc, non, généralement, c'est vrai que j'oblige la famille à venir avec moi en Italie. Ça se comprend. En plus, quand on vend des produits italiens en alimentation, on aime les manger aussi. On aime les manger aussi. Et puis après, chaque région a sa petite spécialité, comme en France. Et donc, c'est vrai que chaque année, je me dis, on va aller dans ce coin-là, on va descendre un peu plus, on va faire un petit tour là. J'aime bien visiter et voir un peu les différentes régions parce que c'est vrai que l'Italie est un musée à ciel ouvert.