La chronique végétale : le Millepertuis

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La chronique végétale : le Millepertuis

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Épisode du mercredi 3 juillet 2019 à 11:36

Le millepertuis perforé (Hypericum perforatum)

 

Histoire et anecdotes

L'usage médicinal du millepertuis (Hypericum perforatum) remonte à au moins 2 400 ans, date où Dioscoride le préconisait dans ses ordonnances. Dans la Grèce antique, les médecins grecs utilisaient le millepertuis sous forme d’onguents pour soigner les plaies, les blessures, les infections, les brûlures mais l’employaient aussi par voie orale afin de traiter les troubles nerveux, tels que l’anxiété, l’irritabilité et la migraine. Il entrait dans la composition du thériaque, une panacée que l’empereur Néron tenait de son médecin Andromachus, comme antidote contre les poisons.

Le millepertuis jouait un rôle important pour les anciennes peuplades germaniques qui pratiquaient le culte du solstice, car la forme et la couleur de la fleur rappellent d’une part le soleil, tandis qu’on considère d’autre part la plante comme «porteuse de lumière».

Pour les celtes, cette plante avait un pouvoir de protection. Sa présence dans un lieu chassait les influences négatives. En fumigation, elle dégage une odeur qui rappelle l’encens. Elle purifiait et protégeait les habitations de la foudre, chassait les mauvais esprits. Les celtes utilisaient également sa racine pour teindre en jaune leurs vêtements.

Après la christianisation, le solstice d’été et ses plantes furent consacrés à Jean-Baptiste, car la plante se met à fleurir vers la Saint-Jean (24 juin), d’où son nom également d’herbe de la St Jean. C’est là que sa teneur en principes actifs serait la plus élevée. Dans la tradition chrétienne, la plante doit ses vertus aux gouttes de sang du Christ (ou de Jean-Baptiste) qui lui seraient tombées dessus durant l’ascension du Golgotha pendant la Passion. Les auteurs des livres de simples du début du Moyen Âge appelaient aussi la plante «Corona Regia», couronne royale, parce que ses fleurs ressemblent à une auréole céleste. Au XVIème siècle, la plante était bénie le jour de l’Assomption et protégeait les femmes en couche.

À la fin du Moyen Âge l’usage du millepertuis pour soigner les troubles psychologiques, les cas de démence, les névroses, se développe.  La plante est un très ancien chasse diable, c’est-à-dire qu’elle faisait fuir les esprits tourmenteurs. Réputé pour éloigner la mélancolie, il n'était pas rare de trouver accroché un bouquet aux portes des granges. On s’en servait en outre comme d’un remède psychothérapeutique et apotropaïque (pour détourner les influences maléfiques). On l’employait pour exorciser les démons d’où son nom de «Fuga daemonum». Lors de la question, on bourrait de force avec cette plante la bouche des sorcières et ainsi les aveux étaient facilités.

 

L’origine du nom grec de l’espèce est incertaine. Il existe une version selon laquelle il dériverait de « hyper eikon », c’est-à-dire «dépassant l’imagination», en allusion aux grandes vertus de la plante. Il est toutefois plus vraisemblable qu'il dérive du nom du titan Hyperion  qui s’unit à Theia pour engendrer Helios, le dieu du soleil. Helios (nommé parfois aussi Hyperion) a la tête couronnée de rayons et on le surnomme « le Lumineux ».

On ne retrouve mention de ses propriétés antidépressives qu'à partir des années 1960 en Allemagne, où il a été très étudié, avec de nombreuses études pharmacologiques et cliniques.

 

Description botanique

C’est une plante herbacée d’origine eurasiatique, vivace, à tige anguleuse dressée, rameuse, jusqu’à 80 cm de haut. Les feuilles sont ovales, opposées et , présentant sur leur surface de nombreuses petites poches à essence translucides, visibles par transparence comme de petites perforations, justifiant son nom. Mille pertuis signifie « mille trous ». En effet, à contre-jour, les feuilles donnent l'impression d'être percées de « milliers de trous ». Les fleurs sont jaunes vifs, à 5 pétales, groupées en panicules. Les pétales sont ponctués de noir sur les bords (poches sécrétrices à hypéricine). Quand on écrase une fleur ou la tige, une substance rouge s'écoule. Le fruit est une capsule qui s'ouvre en trois parties. Les fleurs apparaissent entre juin et septembre, avec un pic de floraison autour du 24 juin (d'où le surnom d’Herbe de la Saint Jean).

Il s'agit d'une plante sauvage héliophile et calcicole. Les bords des chemins, les lisières de forêt, prairies et talus secs, clairsemés et calcaires constituent ses habitats préférés. C’est une plante pionnière des mileux très ensoleillés. Le millepertuis craint l'ombre et l'humidité.

 

Usage médicinal

Les parties médicinales sont les sommités fleuries récoltées en été.

Elle a des propriétés pour les états dépressifs (dépression légère à modérée), surtout les dépressions saisonnières et survenant lors d’une fatigue nerveuse et d’états physiologiques comme la ménopause. Cette activité est liée à une inhibition de la recapture des neuromédiateurs (sérotonine surtout, dopamine, noradrénaline) et à une interaction modérée avec les récepteurs du GABA (hyperforine surtout). Aucun effet positif ne doit être attendu avant 10 – 14 jours de traitement

Elle s’utilise également pour les plaies et brûlures, coups de soleil (voie externe). On peut confectionner une huile de millepertuis : pour les massages ou en cataplasme pour cicatriser les plaies et soulager les brûlures, utiliser une part de plante sèche pour dix parts d'huile d'olive. Appliquer cette préparation sur les parties lésées de une à trois fois par jour. Masser avec cette huile pour soulager les crampes et les névralgies.

 

Précautions

Attention à la confusion avec d’autres nombreuses espèces de millepertuis, non médicinaux, dont par exemple le millepertuis perfolié (Hypericum perfoliatum), très proche. Il faut vérifier que les pétales sont bordés de points noirs et la présence des deux lignes saillantes sur la tige, que les feuilles supérieures n’embrassent pas nettement la tige deux par deux et que les sépales ne sont pas frangés.

 

C’est une plante photosensibilisante, avec risque de brûlure. Il ne faut pas s’exposer au soleil après l’usage de cette plante (interne ou externe).

C’est une plante qui présente de nombreuses interactions  avec des médicaments , notamment les anti-rétroviraux, les anti-vitamines K, les médicaments anti-rejets, les contraceptifs oraux, les antidépresseurs. C'est pourquoi il faut consulter un médecin avant d'entreprendre un traitement à base de cette plante.

 

Qu’importe la plante sauvage que l’on ramasse, il faut préalablement savoir l’identifier sans aucun doute possible. Au préalable, faites vous montrer la plante par un connaisseur et apprenez à la reconnaître.

Les informations médicales données ici ne le sont qu’à titre indicatif et ne remplacent en aucun cas un avis médical d’un professionnel, seul en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé, de poser un diagnostic et de définir une posologie . De façon générale, les effets d’une plante ne sont pas anodins. Une plante sauvage peut présenter des contre-indications selon les personnes ou avoir des interactions avec des traitements médicamenteux en cours. Par conséquent, un minimum de connaissances et un avis médical préalable sont essentiels avant tout usage d’une plante sauvage.

Un avis médical préalable est également indispensable pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.

Consommer des plantes sauvages crues expose à un risque de parasitose, par exemple l’échinococcose alvéolaire. La cuisson complète uniquement élimine le danger parasitaire.

Le cueilleur responsable ne collecte que ce dont il a besoin pour sa consommation, en respectant la nature et le droit de propriété.

Enfin, l’environnement de cueillette est important. On évitera les endroits pollués.

 

Source

http://www.wikiphyto.org/wiki/Millepertuis

https://ansm.sante.fr/S-informer/Communiques-Communiques-Points-presse/Risques-lies-a-l-utilisation-du-millepertuis


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