Chronique végétale : Les fraises des bois

Dans mon jardin

Chronique végétale : Les fraises des bois

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Épisode du mercredi 17 juin 2020 à 12:00

Allons aux fraises

C’est la saison où de petits fruits charnus apparaissent sur les bords des chemins forestiers. Nous allons parler effectivement des fraises dont beaucoup de gens raffolent. Son histoire est rocambolesque et pleine de péripétie. Même la fraise n’est pas le fruit du fraisier, mais, sans ramener notre fraise, allons aux fraises découvrir cette surprenante plante.

 

Histoire et anecdotes

Dans la mythologie grecque, le beau Adonis était aimé des déesses Aphrodite et Perséphone. Ce n’était pas du goût d’Arès, l’amant d’Aphrodite, qui envoya sur Adonis un énorme sanglier qui le tua. Du sang d’Adonis naquirent les anémones et des larmes d’Aphrodite les roses. De l’union des deux fluides naquirent les fraises des bois.

En Europe on trouve dans les bois la justement nommée fraise des bois (Fragaria vesca) Consommées déjà au néolithique, les romains en raffolaient et leurs épouses l’utilisaient aussi en masque de beauté. Les premières cultures de ces petites fraises débutent au XIVème siècle, ce qui laisse un vide temporel de près de 1000 ans qu’on explique avec la méfiance qu’a suscité la fraise. Dans la mythologie germanique, elle symbolise les petits enfants morts. Également symbole de sexualité et associée à la déesse Vénus, elle représentait la luxure, la débauche, et par conséquent était tenue à l’écart des monastères.

Au XVIème siècle, les explorateurs de l’Amérique ramènent en France une grosse fraise, la fraise de Virginie.

Au XVIIIème siècle, l’officier de marine François Amédée Frezier ramène du Chili 5 plants femelles de fraise blanche du Chili. Il conserva un de ces plants dans sa propriété à Plougastel (qui est désormais la capitale de la fraise avec un musée dédié), qui se croisa avec le fraisier de Virginie, pour donner les fraisiers qui désormais nous régalent. Nos fraises sont issues donc d’un croisement entre des fraisiers d’Amérique du Nord et du Chili.

Avec près de 600 variétés de fraisiers cultivés, on peut citer également la célèbre gariguette, issue de croisements avec des fraisiers nains de la région méditerranéenne, moins exigeants en eau.

 

Description botanique

La fraise sensu stricto n’est pas le fruit du fraisier. C’est en réalité un faux-fruit, un réceptacle charnu où sont disposés des akènes (des fruits secs) qui sont les vrais fruits, contenant une graine unique.

On veillera à ne pas la confondre avec le fraisier des Indes (Duchesnea indica) qui produit également des baies rouge vif mais à chair blanche et insipide, non comestible.

 

Usage culinaire

Riches en fibres et pauvre en calorie, la fraise se décline en pâtisserie, en confiture, en glace, etc.

 

En conclusion

Comme on a pu le voir, la fraise, qui n’est pas en réalité un fruit, a traversé les océans pour nous régaler et chaque année elle est célébrée en juin à Woippy où le fruit du travail des fraisiculteurs est mis à l’honneur. Belle américaine à l’histoire trépidante, sa belle forme charnue, juteuse et rougeoyante est une invitation à se rendre aux fraises.

 

Précautions

Qu’importe la plante sauvage que l’on ramasse, il faut préalablement savoir l’identifier sans aucun doute possible. Au préalable, faites vous montrer la plante par un connaisseur et apprenez à la reconnaître.

Les informations médicales données ici ne le sont qu’à titre indicatif et ne remplacent en aucun cas un avis médical. De façon générale, les effets d’une plante ne sont pas anodins. Une plante sauvage peut présenter des contre-indications selon les personnes ou avoir des interactions avec des traitements médicamenteux en cours. Par conséquent, un minimum de connaissances et un avis médical préalable sont essentiels avant tout usage d’une plante sauvage.

Un avis médical préalable est également indispensable pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.

Consommer des plantes sauvages crues expose à un risque de parasitose, par exemple l’échinococcose alvéolaire. La cuisson complète uniquement élimine le danger parasitaire.

Le cueilleur responsable ne collecte que ce dont il a besoin pour sa consommation, en respectant la nature et le droit de propriété.

Enfin, l’environnement de cueillette est important. On évitera les endroits pollués.

 

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue.


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