Les prairies fleuries

Dans mon jardin

Les prairies fleuries

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Épisode du mercredi 16 juin 2021 à 13:29

Les prairies fleuries

La météo arrosée des dernières semaines a fait pousser l’herbe dans les prairies ou dans votre gazon. Très rapidement les fleurs sont apparues pour recouvrir d’un beau tapis coloré les prairies. C’est de la fleur qu’on va parler. Qu’elle soit mauve comme chez la scabieuse, blanche chez le saxifrage, rouge chez le coquelicot, les fleurs offrent déjà une riche diversité en forme et en couleurs.

La fleur est l’organe de la reproduction sexuée chez certains groupes de végétaux. Elle  contient les étamines (organe mâle) qui fabrique le pollen et/ou le pistil (organe femelle) qui va recevoir ce pollen pour être fécondé et ainsi donner un fruit contenant une ou plusieurs graines, c’est-à-dire une future plante. L’objectif donc pour la plante est que le pollen trouve un pistil, de préférence d’une autre plante. Pas facile quand on est immobile de trouver un autre partenaire mais néanmoins les plantes élaborent des stratégies.

La première stratégie, celle des arbres et des graminées, est de fabriquer des quantités phénoménales de pollen et de les livrer au vent pour que quelques-uns au moins trouvent au gré des déplacements un pistil. C’est une stratégie coûteuse avec beaucoup de perte mais qui fonctionne, ce qui au passage n’est pas sans causer des désagréments comme les allergies au pollen chez certaines personnes.

Une autre méthode est de débaucher un transporteur qui va réceptionner le colis et le livrer à bon port. Mais pour ça il faut attirer ce transporteur. Et c’est là qu’entre en jeu les belles fleurs que l’on connaît. Pétales et sépales colorées, forme particulière, la fleur va en fait servir de panneau publicitaire pour attirer des insectes. Les insectes ne voient pas les couleurs comme nous. Ils voient davantage les UV, ce qui explique que la couleur des fleurs (généralement le jaune et le bleu) s’est adaptée par rapport au champ de vision des insectes. La forme des fleurs aussi, leur ornementation sont aussi adaptées pour les attirer et même servir de piste d’atterrissage, leur odeur aussi pour les attirer.

Mais il ne suffit pas seulement d’attirer un insecte, c’est mieux de le récompenser pour l’inciter à revenir ultérieurement. Les fleurs fabriquent pour ça du nectar, liquide sucré et nourricier dont raffolent les insectes. Ainsi l’insecte va farfouiller dans ce réfrigérateur floral et au passage se couvrir de pollen. Repu, il va poursuivre son chemin sur d’autres fleurs non sans emmener avec lui le pollen qui ainsi pourra se retrouver sur une autre fleur. Stratégie astucieuse mais qui a deux coûts : celui de la dépendance vis-à-vis d’un insecte et celui de fabriquer un beau panneau publicitaire.

En conclusion, même si l’homme a toujours été fasciné par la beauté des fleurs, elles ne sont pas là pour le plaisir de l’homme. Les fleurs ont évolué avec les insectes pour optimiser leur attraction et la pollinisation. Observez attentivement une fleur, un insecte n’est jamais loin. Le meilleur exemple est celui de l’abeille domestique auquel tout le monde pense mais l’abeille n’est qu’une espèce parmi la multitude d’insectes pollinisateur. C’est toute cette biodiversité qu’il est urgent de préserver car sans eux, plus de fleurs ni de fruits. À notre niveau on peut faire beaucoup comme laisser les fleurs s’exprimer puis faucher après la floraison. Laissez les fleurs s’épanouir, les insectes vous diront merci.

 

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue.

 


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