Les Historateurs : Les trois batailles de Spicheren

Histoire et Patrimoine

Les Historateurs : Les trois batailles de Spicheren

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Épisode du lundi 9 mai 2022 à 09:45

Paisible ville située à la frontière allemande, au Nord de Forbach, Spicheren cache pourtant un passé mouvementé. Impossible de faire une balade en forêt sans tomber sur un mémorial, une tombe ou un blockhaus ! Ces hauteurs stratégiques dominent en effet toute la frontière.

 

Mais saviez-vous que la commune a subi 3 batailles dans les 200 dernières années ?

La première est sans doute la plus connue localement, à cause du nombre impressionnants de tombes et de monuments que l’on trouve sur les hauteurs. 

Spicheren, qui s’est jouée le 6 août 1870, dans le cadre de la guerre franco-prussienne. En effet, au début de ce conflit, les troupes françaises de Napoléon III sont passées à l’offensive.  C’est le 2e Corps d’Armée du général Froissard, d’environ 25 000 hommes, qui est à l'œuvre. Les français capturent rapidement Sarrebrücken le 2 août 1870, abandonné par les prussiens. Mais la victoire est éphémère, car l’ennemi mène bientôt une dure contre-offensive et les français, qui ont reculé jusqu’à Spicheren, vont tenter de résister. Le général prussien von Kameke, commandant la 14e division d’infanterie lance l’assaut avec des forces moindres que les français, et ne parvient pas à avancer. Mais des renforts au fil de la journée portent l’effectif prussien à 45 000, alors que les français n’en reçoivent pas. Les allemands percent les lignes françaises et Frossard évite de peu l’encerclement de ses dernières forces. Les Prussiens ont perdu 4900 hommes contre 3000 seulement pour les français. Cependant, la route de Metz et Paris leur fut ainsi ouverte..De nos jours, le terrain est parsemé de monuments français et prussiens. 

 

La seconde bataille se déroule en 1939. Au début de la Seconde Guerre Mondiale, l’armée française est à l’offensive en septembre 1939 dans la Sarre, mais finit par se retirer en octobre, jusqu’à stationner en amont de la ligne Maginot. Dès lors, les positions en avant de la ligne Maginot, comme Spicheren font partie une ligne de front, une sorte de No Man’s Land entre les 2 grandes lignes fortifiées, aménagé par chacun des belligérants et qui connaît de nombreuses escarmouches. Des dizaines d’hommes perdent ainsi la vie dans les combats entre les deux lignes fortifiées du Westwall et de la ligne Maginot. En novembre, les allemands occupent les hauteurs. On retrouve encore aujourd’hui de nombreuses fortifications dans cette zone, surtout allemandes. 

 

La troisième bataille, enfin, se déroule à la Libération. En Moselle, elle se fait particulièrement attendre du fait de la combativité des allemands qui donnent du fil à retordre aux américains, particulièrement à Metz. Fin octobre 1944, les premiers combats démarrent dans la région de Spicheren. Ville frontalière protégée par le Westwall, sa libération n’est pas une priorité, et ni le rude Hiver 1944-45 ni les contre-offensives allemandes de janvier 1945 ne vont aider. Il faut attendre février 1945 pour que débutent les combats dans Spicheren même. Les bombardements vont coûter un lourd tribut aux civils, avec 13 morts et 17 blessés. C’est seulement le 21 février 1945 que la ville est définitivement libérée par les américains, mais il faudra attendre Mars pour qu’elle ne soit plus la cible de l’artillerie allemande. Là aussi, on retrouve des monuments : celui de la 70e DI US par exemple, ainsi qu’un char M24 Chaffee exposé. 

 

L’histoire mouvementée de Spicheren illustre parfaitement l’histoire tourmentée de la Moselle à travers les 3 dernières guerres majeures, et comment elles ont marqué durablement nos paysages ainsi que nos esprits. 

 

Chronique réalisée par Les Historateurs. Présenté par Antoine, avec la participation de Hamza, Pierre-Edouard, Guillaume, Nicolas G, Nicolas D, Yann et Alexis. 

 

"Les Historateurs" sont nés en décembre 2018 de la passion de 4 personnes pour l'histoire, l'exploration et le patrimoine.

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