Épisode du mercredi 15 juin 2022 à 12:30
L’été va s’installer. Les prairies vont se couvrir de roundballers. C’est l’occasion de traiter dans notre chronique du foin.
Histoire et anecdotes
Le foin est un fourrage constitué d’herbe fauchée, séchée et conservée pour l’alimentation des animaux herbivores lorsque le pâturage n’est pas possible. Il provient le plus souvent d’une prairie. L’ensemble du processus d’élaboration du foin s’appelle la fenaison. La valeur nutritive du foin dépend principalement de sa composition floristique, du stade de récolte de l’herbe et de la qualité de la fenaison (conditions de séchage).
La composition floristique du foin est celle des prairies d’où il provient. Les foins peuvent donc être constitués d’une ou plusieurs espèces, principalement des graminées (Poaceae) ou des légumineuses (Fabaceae).
Usage culinaire
Avant la mondialisation, les épices lointaines étaient très chères. On utilisait alors les herbes aromatiques locales et le foin. Le foin était utilisé pour masquer le goût des viandes faisandées et apporter un arôme. On s’est également rendu compte que le foin était un antiseptique naturel et on a enroulé les viandes dedans pour maintenir un degré d’hygrométrie suffisant, car c’est l’eau qui favorise la multiplication des microbes.
Dans les campagnes, pour conserver la viande, on salait une vingtaine de jours la viande avant de l’entreposer dans des caisses, recouvert d’une couche de foin. Depuis l’antiquité, on vinifiait les grappes de raisin, séchées plusieurs mois sur des claies en paille pour les faire se concentrer en sucre et en goût, d’où le nom du vin de paille très connu dans le Jura. Dès le XVIIIe siècle en Picardie, les agriculteurs affinent des tommes au lait de vache cru dans une meule de foin.
En cuisine le foin est utilisé pour parfumer l’agneau, la viande rouge et les volailles. Placez une ou deux poignées de foin dans le fond d’une cocotte, ajoutez un grand verre d’eau et déposez la viande. Recouvrez de foin, couvrez la cocotte et cuisez au four sans modifier les temps de cuisson habituels. Des notes herbacées, fumées, boisées s’exprimeront.
Usage médicinal
Le bain de foin, également appelé « Alpenbadl », est une ancienne tradition sud-tyrolienne. Il y a 130 ans déjà, les agriculteurs dormaient, après une fenaison laborieuse, sur des tas de foin et se réveillaient reposés et pleins d’énergie. Le foin, par définition, c’est de l’herbe : des graminées de toutes sortes mais aussi de l’arnica, du calendula, de la camomille sauvage, de l’alchémille, de la gentiane…Toutes ces plantes sont utilisées en phytothérapie. Plus scientifiquement, le foin libère de la coumarine, utilisée pour ses propriétés dans la circulation sanguine et lymphatique.
Aujourd’hui, des études scientifiques ont démontré que les bains de foin soulagent l’arthrose, l’inflammation du sciatique et les rhumatismes, stimulent la circulation sanguine et le métabolisme. Deux techniques existent pour cette phytobalnéothérapie :
– À la française : le foin est enfermé dans un gros sac en lin et plongé dans l’eau préalablement chauffée à 40 degrés. La chaleur active la circulation sanguine. Ces bains aromatiques durent en général 50 minutes et sont recommandés en cure de 7 à 9 séances.
– À la Suisse : le soin est un enveloppement de foin tiède agrémenté d’air comprimé. Cette façon de faire se rapproche des anciennes pratiques paysannes. L’odeur du foin et les jets d’air apportent une relaxation assurée.
On trouve ces soins dans différents spas, sans obligation d’aller au Tyrol. L’herbe est d’autant meilleure que vous prenez de l’altitude : c’est donc un bon critère pour choisir votre prochain lieu de cure.
Chronique réalisée par Gilles, éthnobotaniste et mycologue