Épisode du jeudi 22 juin 2023 à 11:10
Frédéric de Stiring-Wendel nous parle de son métier de bûcheron.
En quoi consiste ton métier ?
J'abats les arbres achetés directement auprès de l'ONF de Metz (Office Nationale des forêts), je coupe, et les transforme, pour valoriser au mieux le bois de nos forêts.
Comment cela se passe avec l'ONF pour acheter une parcelle de forêt ?
C'est très réglementé, puisqu'il n'y a que les professionnels qui puissent acheter des parcelles. Les parcelles sont mises en vente via le site spécial de l'ONF, et tous les professionnels ont un numéro pour pouvoir y accéder. Les parcelles sont visitées avec des agents de l'ONF pour déterminer la quantité de bois et les arbres à marquer. Ensuite, on postule, et il faut attendre de voir si notre offre de prix a été retenue.
C'était ton rêve d'enfance de devenir bûcheron ?
Non, je ne rêvais pas de devenir bûcheron. Mais j'ai toujours voulu un travail en extérieur.
Tu as une journée type ?
Non, aucune journée ne se ressemble. Je suis à mon compte, donc je ne peux pas dire, je commence demain à 6 heures et je termine à 18 heures.
Tu es tributaire des saisons ?
Ma plus grosse charge de travail, c'est en hiver, c'est là où je fais le plus gros de mes abattages. Et le reste de l'année, je vais réellement travailler le bois. Sois en transformation de bois de chauffage, ou des bois d'exception que je revends à d'autres professionnels. Pour le bois d'exception, cela peut devenir, du bois pour des charpentes, de la menuiserie... de gros chênes peuvent être utilisés pour en faire des tonneaux, des fûts de vin...
Quel est ton parcours scolaire pour faire ce métier ?
Je suis passé par l'école forestière de Mirecourt à côté d'Épinal. J'ai fait une formation de bûcheron qui a duré 1 an. Pendant cette formation, j'ai appris toutes les techniques d'abattage, avec l'ONF.
C'est un métier qui est très dangereux, tu as déjà eu un accident ?
Oui. Il y a 13 ans, je travaillais pour un patron. Nous avons abattu de très gros arbres. Tous les arbres à abattre étaient marqués par l'ONF évidemment, mais un arbre n'avais pas était signalé comme pourri. L'arbre était derrière l'arbre que je devais abattre, et il m'est tombé dessus. Sur mon téléphone, j'ai une application spécifique. J'ai pu la déclencher de justesse, pour que l'on me géolocalise. Ce sont les pompiers et le Samu qui m'ont sortie de la forêt et évacué vers l'hôpital le plus proche.
Quels sont les avantages et les inconvénients ?
Pour moi, les avantages, c'est de pouvoir travailler tous les jours dehors, voir la nature évoluer...
Pour les inconvénients, c'est la météo. Nous ne pouvons pas aller en forêt quand il y a des vigilances vent violent, quand il pleut beaucoup. Quand il y a de la sécheresse, certaines zones sont aussi interdites.
Côté déforestation, quand est-il, selon toi, de nos forêts Lorraine ?
En Lorraine, on va dire que l'on est très bien loti. Chaque parcelle est très bien gérée par l'ONF. Les agents font du très bon travail. Chaque parcelle est exploitée 5 ans par l'homme et elles seront laissées tranquilles les 5 années suivantes afin que les forêts puissent se régénérer naturellement. Ça se passe comme cela : au début, sur chaque parcelle, les vieux arbres ou arbres malades sont retirés. Ensuite, les personnes ayant-droit au bois de chauffage vont effectuer les travaux d'affouagement. Puis, il va y avoir une première pousse de régénération naturelle, car les arbres coupés vont laisser les graines. Et en fonction des régénérations, l'ONF interviendra seulement s'il faut faire une replantation ou une régénération plus poussée. Mais dans notre secteur, les régénérations sont de très bonnes qualités.
Ça arrive que tu te perds en forêt ?
On peut toujours se perdre en forêt. Mais moi personnellement non, je connais très bien nos forêts.
Quel matériel tu utilises ?
Principalement mon équipement de protection, casque, pantalon et veste anticoupures, des gants, j'ai deux tronçonneuses, un tire fort forestier, un bidon d'essence. Ça représente 25 kg à porter.
Tu as un conseil pour une personne qui aimerait se lancer dans le métier ?
Ne pas prendre le métier à la légère. Suivre les formations adéquates. Bien utiliser les techniques d'abattage apprises en formation.