La chronique végétale : l'Achillée millefeuille

La Mélodie Family

La chronique végétale : l'Achillée millefeuille

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Épisode du mercredi 17 juillet 2019 à 11:20

L’achillée millefeuille (Achillea millefolium)

 

Histoire et anecdotes

Cette plante a été trouvée dans une tombe néandertalienne en Irak. Les hommes de Neandertal semblaient avoir une pharmacie rudimentaire basée sur les plantes et une des plantes identifiées grâce aux grains de pollen trouvés sur ce gisement était l'achillée. La présence de cette plante a de plus été découverte dans leur plaque dentaire.

Les tiges séchées de l'achillée sont utilisées comme bâtonnets au cours de l'achilléomancie, une technique divinatoire de l'antiquité chinoise, particulièrement en faveur sous la dynastie Zhou (1046 à 771 av JC). Dans le système de croyance lié au taoïsme, les Chinois utilisent traditionnellement ces tiges pour interroger l'oracle du Yi King, par un système de manipulations répétitives aboutissant à l'obtention de symboles numériques correspondant à des hexagrammes du Yi King.

Le Grec Dioscoride (Ier siècle après JC) fut le premier à mentionner la plante  pour traiter les plaies saignantes ainsi que les ulcères.

Selon Pline, son nom lui vient d'Achille, héros de la mythologie grecque, blessé au cours de la guerre de Troie, qui s'en servit pour guérir sa plaie et celles de ses soldats, d’où son autre nom d’« herbe du Soldat ».

 

Une légende dit que Joseph, s’étant blessé, son fils Jésus pansa sa blessure avec des feuilles d’achillée, d’où son nom également d’herbe aux charpentiers.

 

Chez les celtes, c’est une plante liée à la divination et cueillie au solstice d’été. C’est une plante de la St Jean, protectrice, qu’on accrochait au-dessus des portes des maisons pour protéger la famille et les animaux. Cette tradition existe toujours en Bretagne. Suspendue au-dessus du lit nuptial, elle garantissait sept ans d’amour. On dit qu’on ne ressent plus la peur si on tient un bouquet d’achillée dans les mains.

 

Jusqu’au XIXe siècle, elle a été utilisée pour accélérer la cicatrisation.

Durant la Première Guerre mondiale, elle faisait partie du kit de première urgence porté par chaque soldat qui, faute de médicaments, pouvait soigner des blessures légères avec cette plante.

 

Description botanique

C’est une plante de la famille des astéracées, haute de 40 à 90 cm, avec une tige sillonnée, des feuilles sessiles très découpées et velues, donnant l'apparence d’un squelette de feuilles sans les parties charnues habituelles, formant comme une dentelle, un sourcil (on l’appelle aussi sourcil de Vénus). On se souviendra que « millefolium » signifie « aux milles feuilles ».

Les fleurs sont blanches ou roses et groupées en capitules, eux-mêmes regroupés en corymbes. La floraison a lieu de juin à septembre.

Plante héliophile, elle tolère mal l’ombre. Elle pousse sur les bords de route et les terrains vagues, dans les lieux ouverts tels que pâturages, prairies, pelouses. Elle se propage autant par ses racines traçantes que par ses graines grises qu’elle ressème spontanément chaque année.

 

Usage culinaire

Ses jeunes feuilles sont comestibles. Elle dégage une saveur amère et intense, camphrée. Elle est généralement utilisée comme condiment, comme du persil, dans les salades, les soupes ou les omelettes, plutôt que comme plat principal. Dans les pays nordiques, les fleurs ont parfois servi à aromatiser la bière. Un sachet de graines de la plante était jadis placé dans les tonneaux de vin pour aider à la bonne conservation de ce dernier.

 

Usage médicinal

L’achillée millefeuille a été employée en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. À peu près toutes les traditions populaires ont fait état de ses différentes propriétés. Dans l’est du Canada, les  Algonquins et d’autres tribus l’utilisent encore pour soigner la fièvre et le rhume, entre autres maux.

Les fleurs sont médicinales, avec des propriétés antispasmodiques, antiseptiques, astringentes, cicatrisantes, stimulantes, hémostatiques et stomachiques.

Elle peut être utilisée en voie interne pour les troubles gastro-intestinaux, spasmes intestinaux, ballonnements, crampes, lenteur à la digestion, règles douloureuses et abondantes, perte de l’appétit, rhume, grippe, mal de gorge.

Elle peut être utilisée en voie externe comme cicatrisant pour les brûlures, plaies, ulcères, hémorroïdes, pour les saignements de nez (placer dans la narine une feuille comprimée et roulée en boule)

 

Précautions

Elle peut provoquer des réactions allergiques cutanées chez les personnes sensibles aux plantes de la famille des astéracées (marguerite, aster, camomille, pissenlit, etc.). Les femmes enceintes et allaitantes, les personnes sous traitement anticoagulants, ne doivent pas l’utiliser.

 

Qu’importe la plante sauvage que l’on ramasse, il faut préalablement savoir l’identifier sans aucun doute possible. Au préalable, faites vous montrer la plante par un connaisseur et apprenez à la reconnaître.

Les informations médicales données ici ne le sont qu’à titre indicatif et ne remplacent en aucun cas un avis médical d’un professionnel, seul en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé, de poser un diagnostic et de définir une posologie . De façon générale, les effets d’une plante ne sont pas anodins. Une plante sauvage peut présenter des contre-indications selon les personnes ou avoir des interactions avec des traitements médicamenteux en cours. Par conséquent, un minimum de connaissances et un avis médical préalable sont essentiels avant tout usage d’une plante sauvage.

Un avis médical préalable est également indispensable pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.

Consommer des plantes sauvages crues expose à un risque de parasitose, par exemple l’échinococcose alvéolaire. La cuisson complète uniquement élimine le danger parasitaire.

Le cueilleur responsable ne collecte que ce dont il a besoin pour sa consommation, en respectant la nature et le droit de propriété.

Enfin, l’environnement de cueillette est important. On évitera les endroits pollués.

 

Sources :

http://www.wikiphyto.org/wiki/Achill%C3%A9e_mille-feuille

http://www.sauvagesdupoitou.com/83/408

 

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue 

 

 


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