Chronique végétale : Le Plantain lancéolé

Dans mon jardin

Chronique végétale : Le Plantain lancéolé

Épisode du mercredi 13 mai 2020 à 10:26

Le plantain lancéolé (Plantago lanceolata)

 

Même si le confinement est terminé et qu’il faut rester prudent, on va poursuivre notre exploration de ces plantes très communes dans notre environnement, à un tel point qu’on n’y prête plus l’attention nécessaire. Dans cette chronique on va parler d’une plante qui n’est pas rancunière et pourtant elle pourrait l’être, tant elle est piétinée sans vergogne. L’étymologie de son nom latin, Plantago, signifie d’ailleurs « pousse sous la plante des pieds »

 

Histoire et anecdotes

 

Les amérindiens l’appelaient « pied de l’homme blanc » car la plante poussait en suivant les pas des conquistadors.

On trouve trace de son utilisation déjà dans la Grèce antique.

En Bretagne, une légende dit qu’un tailleur a vendu son âme au diable en échange de 10 ans de richesses. Le contrat stipulait également que si le tailleur parvenait à réaliser une couture invisible à l’œil du malin, son âme serait sauvée. Des fées cousirent ensemble des feuilles de plantains si finement que le diable ne put voir les coutures sous les nervures de la feuille. C’est ainsi qu’on appelle également le plantain l’herbe aux 5 coutures.

 

Description botanique

 

C’est une plante de taille moyenne avec des feuilles en forme de fer de lance, disposées en rosette basale, avec des nervures parallèles saillantes et marquées. Les fleurs sont disposées en épi cylindrique au sommet d’une hampe.

C’est une plante très commune sur les pelouses, friches, terrains vagues. Elle affectionne les sols pauvres et piétinés. On trouve deux autres espèces communes de plantain dans notre région, le plantain moyen (Plantago media) et le grand plantain (Plantago major). Les informations culinaires et médicinales sont également valables pour ces deux autres espèces.

 

Usage culinaire

 

Les feuilles et épis floraux dégagent une odeur de champignon. Les feuilles se cuisinent comme un légume cuit, en potage, quiche, omelette ou pesto. Les fleurs non écloses se cuisinent en câpre, les graines comme un condiment.

 

Usage médicinal

 

Les feuilles sont riches en mucilage, avec des propriétés anti-inflammatoires, anti-spasmodiques. Elles sont utilisées dans les affections des voies respiratoires et les problèmes gastro-intestinaux.

Un usage très connu est celui contre les piqûres d’insectes ou d’ortie. L’application sur la zone douloureuse d’une feuille préalablement écrasée pour en faire sortir le suc soulage rapidement la douleur.

 

En conclusion

 

Le plantain symbolise la résistance et l’opiniâtreté. Plus nos pieds foulent le sol et plus elle s’accroche comme une plante pionnière sur les sols travaillés par l’homme. Faisant toujours profil bas, elle a de nombreuses propriétés connues dans nos campagnes depuis des temps immémoriaux. Un ancien proverbe d’ailleurs disait qu’ « on a plus vite fait de chercher du plantain que d’aller chez son médecin ». C’est pour dire si cette plante a marqué les hommes. Notre espèce a les yeux tournés vers les étoiles, en s’émerveillant dans sa soif de savoir sur l’immensité cosmique. Mais il est sain également de poser son regard sur le sol où une formidable biodiversité ne demande qu’à être respectée.

 

Précautions

Qu’importe la plante sauvage que l’on ramasse, il faut préalablement savoir l’identifier sans aucun doute possible. Au préalable, faites vous montrer la plante par un connaisseur et apprenez à la reconnaître.

Les informations médicales données ici ne le sont qu’à titre indicatif et ne remplacent en aucun cas un avis médical d’un professionnel, seul en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé, de poser un diagnostic et de définir une posologie. De façon générale, les effets d’une plante ne sont pas anodins. Une plante sauvage peut présenter des contre-indications selon les personnes ou avoir des interactions avec des traitements médicamenteux en cours. Par conséquent, un minimum de connaissances et un avis médical préalable sont essentiels avant tout usage d’une plante sauvage.

Un avis médical préalable est également indispensable pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.

Consommer des plantes sauvages crues expose à un risque de parasitose, par exemple l’échinococcose alvéolaire. La cuisson complète uniquement élimine le danger parasitaire.

Le cueilleur responsable ne collecte que ce dont il a besoin pour sa consommation, en respectant la nature et le droit de propriété.

Enfin, l’environnement de cueillette est important. On évitera les endroits pollués.

 

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue.


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