Le gaz de charbon, une énergie d’avenir ?


par Camille Bazin
jeudi 28 octobre 2021 à 05:05

Le gaz de charbon, une énergie d’avenir ?
Photo : Camille Bazin

Alors que le prix du gaz entre le 1er janvier 2019 et le 1er octobre 2021 a augmenté de près de 30%, des recherches sont actuellement menées pour exploiter le gaz de couche, c’est-à-dire le gaz qui est enfermé dans le charbon. Un gaz écologiquement et économiquement compétitif selon la Française de l’Énergie, mais pourtant critiqué par les associations de protection de l’environnement.

Son N°1 - Le gaz de charbon, une énergie d’avenir ?

Des études pour étudier la faisabilité du projet

À Folschviller, des scientifiques du laboratoire GeoRessources, travaillent actuellement sur le projet Regalor afin de juger de la faisabilité d’une exploitation de gaz de charbon. Grâce à un forage de 7 centimètres de diamètre, ils descendent jusqu’à 1200m de profondeur pour mesurer la concentration de gaz dans les veines de charbon. Philippe De Donato, directeur de recherche au CNRS.

On ausculte un peu le milieu géologique avant toute exploitation industrielle. On mesure les gaz, on regarde quels sont-ils, comment leur concentration évolue de façon naturelle. On a vraiment un état de référence de notre système, c’est super important et ensuite si quelque part il y a une exploitation qui se met, on va pouvoir comparer par rapport à un état de référence.

 

En plus d’analyser les sols, les scientifiques mesurent également la présence du gaz dans l’atmosphère.

Si on fait une exploitation de gaz de charbon qui est essentiellement du méthane, il faut aussi qu’on ait des systèmes de surveillance parce que nous, on ne vit pas sous terre, on vit en surface. Imaginez qu’il y ait un accident donc une fuite de gaz, il faut qu’on ait des systèmes de mesure qui calculent la partie atmosphérique.

À partir de toutes ces mesures, les scientifiques vont établir un modèle géologique régional ce qui permettra de savoir si oui ou non il y a du gaz à extraire du charbon.

En fonction des éléments de réponse, on fera clignoter des feux au vert : oui la ressource est nécessaire, la réserve est suffisante, oui on maîtrise les impacts environnementaux notamment les problèmes de pollution, les problèmes de sismicité qu’on contrôle, qu’on étudie aussi.

Les associations de protection de l’environnement s’opposent au projet

Selon les scientifiques, extraire le gaz de charbon, même s’il s’agit d’une énergie fossile, n’est pas un non-sens.

C’est une ressource. La France est entièrement dépendante de l’extérieur pour ses approvisionnements en gaz. 99% du gaz que les Français consomment vient de l’extérieur. Essentiellement Norvège, Russie, un petit peu d’Algérie, un petit peu du Qatar et des Pays-Bas. On est totalement dépendant de nos approvisionnements. Il se trouve que sous nos pieds, on a une ressource extrêmement importante.

Pourtant, l’argument du gaz local ne tient pas selon l’association Apel57 qui se mobilise contre l’exploitation de ce gaz de couche. Anaëlle Lantonnois, la présidente de l’association.

L’argument du gaz local est un argument fallacieux puisque déjà, il faut réussir à l’extraire ce gaz et toute la difficulté est là. L’eau aussi est une ressource, est-ce qu’on va mettre en péril notre ressource en eau pour sortir une quantité de gaz infime où on a utilisé plus de pétrole pour faire venir des camions que le gaz qu’on aura réussi à sortir ? Et l’autre argument principal, c’est celui de la combustion du gaz. Les 9 dixièmes de l’empreinte carbone du gaz, peu importe sa provenance, sont causés non pas par sa production ou son transport mais par sa consommation. Donc peu importe d’où il vient, c’est la consommation qui fait son empreinte carbone.

Pourtant, selon Antoine Forcinal le directeur général de la Française de l’énergie, l’entreprise basée à Pontpierre qui compte exploiter ces ressources en gaz, ce gaz est plus écologique.

Premièrement, l’impact au niveau du sous-sol, puisqu’il s’agit de forage. Donc nous forons des puits avec une technologie éprouvée depuis plusieurs dizaines d’années et nous utilisons strictement les mêmes techniques que les forages d’eau potable pour la traversée des nappes phréatiques qui sont clairement une source d’inquiétude. Le deuxième impact que nous pouvons voir, il est au niveau de l’environnement puisqu’il s’agit d’une production de gaz de charbon et là, il faut comparer cette production au mix du gaz français actuellement qui émet environ 32g de CO2 par kWh et donc ce gaz de charbon va permettre de réduire de manière significative, d’un facteur 10, les émissions liées à la consommation de gaz sur le territoire mosellan. On est à 3,4g de CO2 par kWh.

Concernant la capacité de l’entreprise à exploiter ce gaz dans le temps, les estimations restent très vagues.

On a certifié 2,1 milliards de m3 à l’aide des 4 puits qui ont produit du gaz que nous avons foré de 2005 à 2018. Ces 2,1 milliards de m3 de réserve à l’échelle mosellane ou à l’échelle locale puisque je vous rappelle que l’intérêt de ce projet c’est justement de produire local pour diminuer l’empreinte carbone des consommateurs donc ce volume de réserve est très important et on parle d’années de consommation des foyers mosellans, c’est l’ordre de grandeur qu’il faut retenir.

Plusieurs années, rien de plus précis donc. L’association Apel57 dénonce un gaspillage de l’argent public. Plus de 1 700 000€ ont été versés par la région Grand-Est pour ce projet.

Ce que je déplore, c’est que ce soit de l’argent public qui soit utilisé pour ces recherches alors qu’on sait, en tout cas dans la région, que cet argent aurait pu être utilisé pour des projets réellement vertueux, des projets d’avenir plutôt que des recherches sur une énergie fossile qui n’a pas d’avenir.

Actuellement, une demande de concession est en cours d’instruction auprès de l’État. Si l’État valide le projet, la Française de l’Énergie devra ensuite demander des autorisations supplémentaires pour les forages. Les études des scientifiques devraient quant à elles se poursuivre jusqu’en 2023.


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