Saturés, les services de pédiatrie des hôpitaux de la région font face à l'épidémie de bronchiolite


par Margot Benabbas
vendredi 4 novembre 2022 à 08:21

Saturés, les services de pédiatrie des hôpitaux de la région font face à l'épidémie de bronchiolite

Le 22 octobre dernier, 7000 soignants en pédiatrie ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour dénoncer une prise en charge inadaptée des enfants. Le professeur Cyril Schweitzer fait partie des signataires.

Son N°1 - Saturés, les services de pédiatrie des hôpitaux de la région font face à l'épidémie de bronchiolite

Professeur Cyril Schweitzer – Chef du Pôle Enfants-Néonatalogie du CHRU de Nancy et président de la SP2A (Société pédiatrique de pneumologie et d'allergologie). 

Quel est le problème aujourd’hui dans les services de pédiatrie ?

Le problème dans les services de pédiatrie c’est que la tension hospitalière s’y ressent peut-être plus que dans le reste de l’hôpital. Ils ont des activités parfois un peu compliquées que tout le monde ne veut pas faire avec beaucoup de contraintes et de permanences de soin et donc les services sont très tendus et sont toujours un peu à saturation, ce qui fait que, dans le cadre d’une épidémie comme on connaît en ce moment de bronchiolite mais qui survient tous les ans, le bouchon explose et la saturation est complètement dépassée.

On parle beaucoup des hôpitaux d’Île de France qui sont saturés. Qu’en est-il chez nous dans la région, les hôpitaux aussi ont du mal à suivre ?

Chez nous on a un peu de mal à suivre on va dire mais on est moins en tension sur le personnel paramédical parce que, soyons clair, c’est moins compliqué de vivre avec un salaire moyen d’infirmière en Lorraine qu’à Paris. Et donc, nous avons 5% de nos postes qui manquent quand pour les parisiens c’est 20% des postes qui sont vacants, 25% parfois. Nous, nous avons pu, sur le principe d’heures supplémentaires ouvrir quelques lits en plus ce qui n’est pas le cas des collègues parisiens parce qu’ils n’ont pas le personnel pour les ouvrir.

En tant que pédiatre est-ce que vous remarquez que la prise en charge des patients se dégrade par rapport à quelques années en arrière ?

Les personnels mettent toujours la même envie et la même qualité de soin. Maintenant, c’est devenu de plus en plus compliqué pour tout le monde d’arriver à ce que l’ont veut faire, à la fois en termes de qualité médicale, parce que les gens sont sous pression courent en permanence dans la journée, n’ont pas forcément le temps de fignoler les choses qu’ils font. Les cadres, les gens qui organisent l’hôpital, souvent complètement pris par plein de tâches administratives qui les occupent finalement plus que le soin. Et en termes de capacité hôtelière, par exemple là dans mon service on est obligé de mettre 3 enfants par chambre. On n’est pas du tout dans le standard auquel on pourrait s’attendre en 2022 pour les enfants et leur famille.

François Braun, le ministre de la Santé a annoncé mercredi 400 millions d’euros d’aide pour les hôpitaux. Est-ce que c’est suffisant ? Êtes-vous satisfait ?

Toute arrivée d’argent sera bonne à prendre puisqu’elle vient sur un système qui est épuisé. 400 millions c’est mieux que rien, on ne va pas dire le contraire, mais ce n’est pas que pour les services de pédiatrie. C’est pour l’ensemble des services de France et l’ensemble des services qui sont sous tension. Donc, c’est quelque chose qui est le bienvenu mais ça ne remplacera pas une réflexion profonde sur le long terme. A la fois en termes d’organisation des soins et de valeur que la société veut bien mettre dans le soin, la médecine et dans ce qu’elle veut bien apporter en termes de santé de la population. 400 millions c’est bien mais je rappelle qu’un joueur de foot a signé un contrat à 630 millions pour 3 ans.

Pour finir un mot sur l’épidémie de bronchiolite. Est-ce que la situation est préoccupante chez nous ?

Chez nous on est touché de plein fouet. C’est la Moselle qui a été touchée en premier comme c’est souvent un peu le cas, la Meurthe-et-Moselle ensuite, les Vosges commencent seulement. Mais, globalement, sur la Moselle et la Meurthe-et-Moselle, tous les services de pédiatrie sont en saturation et on ne pourrait même pas aider nos collègues parisiens en ce moment en admettant quelques-uns de leurs patients comme ils ont pu le faire à Reims ou à Rouen.


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