Les médecins libéraux continuent de demander une hausse des tarifs de consultation et dénoncent ''une situation dramatique''


par Margot Benabbas
mercredi 1 mars 2023 à 08:37

Les médecins libéraux continuent de demander une hausse des tarifs de consultation et dénoncent ''une situation dramatique''
Photo : Shutterstock

Les négociations entre les médecins libéraux et l’Assurance-maladie se sont achevées hier soir et n’ont rien donné. On rappelle que ces négociations portent principalement sur le prix de la consultation que les médecins souhaitent à 50€. L’Assurance-maladie propose de son côté une augmentation de 1€50 donc un tarif à 26€50.

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Dr Claude Bronner – Président de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) médecins libéraux Grand Est – médecin généraliste à Strasbourg

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il n’y a pas d’entente entre les deux parties ? Qu’est-ce qui coince ?

Ce qui coince c’est tout simplement le fait que les pouvoirs publics n’ont pas compris qu’il faut vraiment investir beaucoup pour obtenir ce qu’ils veulent, c’est-à-dire que les médecins prennent en charge la population alors qu’ils sont en train de baisser en nombre.

Pour que le médecin puisse embaucher une personne, il faut 4€ de plus sur la consultation, ça donne l’idée. L’idée des médecins, c’est pas de doubler leurs revenus comme certains ont pu le raconter. C’est d’avoir les moyens de travailler mieux et plus et nous manquons vraiment de personnel. Il y a un changement radical à faire dans le système de santé libéral français.

Les négociations sont au point mort. Que va-t-il se passer maintenant ? Est-ce que des actions sont prévues du côté des médecins ?

Maintenant, va se mettre en place ce qu’on appelle un règlement arbitral en fait ça va être à peu près l’ancienne convention qui va être prolongée. Mais si le gouvernement était intelligent, il rattraperait l’inflation, ça mettrait la consultation à 28€ et à ce moment, on serait en situation de discuter ensemble de ce qu’on veut les uns et les autres pour travailler au service des Français. Et ça pourrait se faire. Mais je crains qu’ils ne fassent une mini convention en ne changeant rien. La dernière revalorisation de tarif c’était quand même en 2017. Et là on va rentrer en conflit sérieusement entre médecins et assurance maladie et gouvernement.  

Les patients doivent-ils s'inquiéter et craindre des fermetures de cabinets ?

Oui et non. D’une part, comme les médecins baissent en nombre, c’est sûr que si on ne change pas de manière importante la manière de travailler de plus en plus de médecins vont se retrouver sans médecins, ça c’est absolument sûr et il va bien falloir trouver des solutions. D’un autre côté, on parle de déconventionnement, c’est-à-dire que les médecins diraient « moi la sécurité sociale je ne veux plus rien avoir à faire avec, je me déconventionne donc je demande le tarif que je veux et les patients ne sont pas remboursés ». Il est évident que si ça se faisait, et je crains que ça ne se fasse dans certains secteurs, l’assurance maladie ne pourrait pas se permettre de ne pas rembourses ces clients qui sont des patients.

Vous êtes vous-même médecin généraliste à Strasbourg, parlez-nous de votre ressenti. C’est plus difficile aujourd’hui de faire votre métier ?

Bien sûr, c’est beaucoup plus difficile parce qu’il y a beaucoup plus de travail, beaucoup plus de pression, et que comme dans le reste de la société la pression administrative, les injonctions des uns et des autres, des caisses, des gouvernements, des ARS, sont devenus insupportables. Mais,  c’est pas spécifique à la médecine. Chez nous, c’est particulièrement fort et je peux vous dire que dans ma profession, je suis un médecin âgé qui a une bonne expérience du syndicalisme, c’est le désespoir, c’est la déprime des professionnels qui m’inquiète vraiment. Et, en ce moment, le résultat global de tout ça, c’est que les médecins essayent de trouver autre chose, de quitter le libéral alors que c’est eux qui tiennent la barque.

C’est du jamais vu. Une situation assez dramatique, il va falloir qu’on en sorte.


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