Avec ''Chemesis For Future'', les industriels de Carling/Saint-Avold cherchent à réduire leur impact sur l'environnement

Les industriels de la plateforme Chemesis à Carling/Saint-Avold se rassemblent autour d’un projet : Chemesis For Future. L’objectif est de décarboner ce site qui réunit de nombreux industriels de la chimie.
Son N°1 - Avec ''Chemesis For Future'', les industriels de Carling/Saint-Avold cherchent à réduire leur impact sur l'environnement
Serge Chouffeur – responsable développement de la plateforme Chemesis
La plateforme regroupe de nombreux industriels (TotalEnergies, Arkema, GazelEnergie, Afyren, Trinseo, Protelor et SNF notamment). Ce projet de décarbonation regroupe tout le monde ?
Je rappelle juste que Chemesis est une association qui regroupe les industriels, mais aussi des acteurs économiques comme Energis, la CASAS (Communauté d’agglomération Saint-Avold Synergie) et c’est l’ensemble des membres qui participent, contribuent à ce projet accompagné par France 2030 via l’Ademe qui subventionne quand même à hauteur de 50% du budget de cette grande étude.
Vous entrez dans la phase d’étude, la construction d’une feuille de route. Concrètement, quel est l’objectif ? Quelles vont être les étapes pour l’atteindre ?
Ce projet s’inscrit dans les projets ZIBAC zone industrielle bas carbone qui sont déployés en France via l’Ademe. Il y a 11 zones retenues et l’objectif de ces projets c’est de déterminer une ou plusieurs trajectoires pour réduire les émissions de CO2 et plus globalement les impacts des activités industrielles sur différentes zones. Donc c’est un projet pour nous qui se planifie sur 2025/2026, on est en train de lancer les premières études et le but est de déterminer comment ensemble, avec d’autres acteurs qui pourraient nous rejoindre, réduire les impacts d’émissions en CO2 et plus globalement tous les impacts liés aux activités.
Comment ça va se matérialiser ? Vous allez changer vos façons de travailler ? Les énergies utilisées ?
Ça fait partie des sujets qui vont être explorés. On va de la captation du CO2 et sa valorisation, quels sont les pistes de valorisation de l’hydrogène avec des projets hydrogène qui sont déjà en cours, la valorisation de tous les sous-produits, pouvoir produire du méthane à partir de sous-produits organiques, revoir la logistique, revoir tout le fonctionnement de cette zone et de pouvoir accueillir de nouveaux entrants puisqu’on a quand même du potentiel foncier important. Déjà, aujourd’hui, il y a la CASAS qui est en train de préparer la mise à disposition de tout un ensemble de terrains liés à l’ancienne cokerie de Carling. Avec toutes les évolutions qui ont lieu et auront lieu, on a des terrains disponibles pour accueillir de nouvelles activités et ainsi optimiser, valoriser au maximum tout le potentiel.
Parmi les projets en cours sur la plateforme il y a évidemment la conversion de la centrale Emile Huchet dont on parle souvent mais également le projet Carat chez Arkema, vous pouvez nous en dire plus sur ce projet ?
Carat donc c’est un projet d’Arkema qui consiste à remplacer une partie de l’unité en la modernisant et avoir des équipements qui vont permettre de réduire de plus de 20% les émissions de CO2 et de réduire l’utilisation de certains produits pouvant être à risque. On a TotalEnergies Petrochemicals qui vient de démarrer une unité de polypropylène compounds recyclé, on a les acteurs de la chimie dite verte comme Afyren Neoxy qui sont en phase de démarrage, de montée en régime, on a un nouvel acteur depuis peu Maash qui veut faire des mycoprotéines à partir de champignons. On a des projets dans la logistique, SNF qui vient de démarrer de nouvelles lignes de production. Et tous ces projets se font en intégrant au maximum les nouvelles techniques et une recherche permanente de la réduction des impacts. C’est clair que la chimie, depuis plus de 50 ans ne fait que réduire ses impacts. Si on prend les rejets sur l’eau, la zone a divisé par 1000 voire un million ses rejets depuis 50 ans.
On entend beaucoup parler de chimie verte. La conversion de la centrale Emile Huchet, Afyren qui propose des solutions pour fabriquer les ingrédients de demain en remplaçant des produits issus du pétrole par des produits issus de micro-organismes naturels. Aujourd’hui c’est toute l’industrie chimique qui est remise en question ? Est-ce que ce n’est pas utopique de vouloir rendre « propre » l’industrie chimique ?
Ça fait des décennies que l’industrie est de plus en plus propre soucieuse de sa réduction des impacts. La chimie verte est un axe de réduction important qui permet de se désengager de la pétrochimie et du pétrole. Réduire les impacts c’est valable pour toutes les activités. Il est évident que la chimie verte ne va pas remplacer la chimie classique en quelques années, ça va être un processus très long et assez difficile mais qui progresse. Arkema intègre aujourd’hui des projets d’origine bio comme le bioéthanol dans sa production donc c’est vraiment un travail de fond de tous les industriels et ce projet ZIBAC va nous y aider.