Journée nationale des troubles dys : comment mieux les déceler et mieux les comprendre ?

Samedi 11 octobre, aura lieu la journée nationale des Dys. Une journée pour parler de dyslexie, de dyscalculie ou encore de dysphasie et dyspraxie pour que ces troubles soient mieux connus et repérés. On en parlait avec notre invitée ce matin dans le Grand Réveil.
Son N°1 - Journée nationale des troubles dys : comment mieux les déceler et mieux les comprendre ?
Cathy Denisan - psychologue au cabinet En terre APIE à Longeville-lès-Saint-Avold
Pour cette journée nationale des dys, pouvez-vous nous rappeler rapidement ce que sont ces dys et pourquoi il est important de savoir les repérer ?
Les troubles Dys font partie de ce qu'on appelle les troubles du neurodéveloppement. Ils sont liés au traitement de l'information dans le cerveau, c'est ce qu'on appelle communément les troubles spécifiques des apprentissages. Donc il y a la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, il y a aussi le trouble du langage oral qui s'appelle la dysphasie. Ça peut toucher aussi le geste d'écriture, là, ce serait de la dysgraphie. Et il y en a un moins connu aussi qui est la dyspraxie. Donc ça, c'est un trouble de la coordination, un trouble du geste. Et celui-là, il est moins connu et il est compliqué parce que les enfants qui ont ça, sont souvent taxés de maladroits. C'est-à-dire les enfants qui vont faire tomber régulièrement des choses, qui vont se prendre les pieds, trébucher, enfin des choses comme ça. Donc c'est très important, effectivement, de pouvoir les reconnaître pour l'estime de soi de la personne qui les porte.
Comment est-ce qu'on peut repérer ces troubles ? Est-ce qu'il y a des véritables tests pour pouvoir les détecter ?
Le diagnostic est clinique et il repose sur une évaluation pluridisciplinaire. Souvent, ce qui va mettre la puce à l'oreille, c'est où les parents qui remarquent quelque chose. Les troubles spécifiques des apprentissages, ça va surtout être remarqué aussi à l'école. Donc on va déclencher d'abord le médecin, parce que c'est lui, qui va prescrire des ordonnances pour, par exemple, faire un bilan chez un orthophoniste quand on a des suspicions de dyslexie ou de dysorthographie. Et après, c'est vraiment pluridisciplinaire parce que, pour aller justement explorer tout ce qui est dysgraphie, on va aller demander des bilans chez l'ergotérapeute. Pour aller explorer la dyspraxie, on va aller demander des bilans psychomote. Et après, il y a aussi ma part, par exemple, en tant que psychologue, c'est aussi tout le travail d'accompagnement après pour travailler justement sur l'estime de soi, sur les émotions de ces enfants, aussi un soutien à la parentalité, parce que bien souvent, la confiance en soi de ces enfants est bien entamée.
Quand un trouble Dys s'est repéré, est-ce qu'il y a des dispositifs à connaître, un chemin à suivre, notamment en ce qui concerne la scolarité de ces enfants ?
Oui, tout à fait. Evidemment, l'école, c'est un partenaire clé avec des aménagements qui sont essentiels à mettre en place. Il y a aussi ce qu'on appelle la PCO, c'est la plateforme de coordination et d'orientation. Donc ça, c'est pour tous les troubles neurodéveloppements. C'est très important d'en parler, parce qu'il faut savoir que les troubles dys, souvent, ne se promènent pas tout seuls. Les troubles dys, on est environ à 8% de la population, donc il faut quand même se dire que sur une classe de 25 à 30 élèves, il y en a au moins deux. C'est quand même beaucoup. Ce qu'il faut savoir aussi, c'est qu'il y a environ 50% des enfants ou des personnes, même adultes, parce que c'est un trouble qui ne disparaît pas à l'âge adulte, qui sont porteurs d'un autre trouble du neurodéveloppement, en même temps ou alors de troubles associés, comme l'anxiété, le trouble du sommeil, des choses comme ça. Et ça, c'est vraiment essentiel et c'est pour ça que la PCO est très importante. C'est une plateforme qui coordonne le parcours diagnostique de tous les troubles du neurodéveloppement. Donc ça va aussi bien aller explorer les troubles dys, mais aussi, par exemple, le TDAH ou le TSA.
Et donc, une meilleure détection permet une meilleure prise en charge ?
Meilleure prise en charge, surtout que la PCO est financée par l'ARS. On va poser un diagnostic et on va aussi initier un parcours de soins et d'accompagnement. Et tout ça est pris en charge complètement.
Il y a aussi les associations qui permettent d'accompagner ces personnes. Vous êtes vous-même membre actif de "Typik atypik" en Moselle. Pourquoi c'est intéressant de se tourner vers une association ?
En tant que parent, je crois que c'est vraiment essentiel de pouvoir aller s'entourer d'autres parents qui vivent la même chose. Ça crée du lien, de créer des espaces aussi. Parce que, faire la démarche de venir dans un cabinet, par exemple, chez moi, en tant que psychologue, ce n'est pas toujours facile. Par contre, ouvrir des cafés des parents, ouvrir des conférences débat où on peut y aller sereinement et sans se sentir jugé, c'est vraiment essentiel. A noter qu'il y a aussi une association qui est bien plus locale que Typik Atypik, c'est l'association "Les aventures d'Austin & Dyssurdys". Ils ont des locaux à Achen. C'est aussi une association qui est active de la même manière que Typik atypik, et pour les troubles dys et pour les autres troubles du neurodéveloppement. C'est vraiment précieux, ces associations. Et l'idée aussi, et moi c'est ce que je fais dans ma pratique tous les jours, c'est vraiment de porter aussi un regard différent et un message d'espoir. Parce que souvent on voit tous les inconvénients liés à ce fonctionnement dys, alors qu'il y a aussi un fonctionnement qui est à part, qui est différent des autres et qui peut être très très positif. Moi je dis souvent aux enfants d'aller chercher leur super pouvoir derrière tout ce qui les embête. Ils ont une grande sensibilité, une grande créativité, une grande adaptabilité. D'ailleurs il y a un livre qui est super qui s'appelle "Dys et célèbres". Et pour en citer que quelques-uns par exemple, on a le chanteur Mika qui est dyslexique, Tom Cruise qui est dyslexique. On a le très célèbre sorcier Harry Potter, son acteur Daniel Radcliffe est dyspraxique. Donc ça c'est aussi des messages d'espoir de communiquer là-dessus, de se dire que ce n'est pas parce qu'on a ça qu'on ne peut pas réussir sa vie et qu'on ne peut pas aller de l'avant et rêver grand.