Le Comité de Défense des Travailleurs Frontaliers de la Moselle s'oppose à la réforme de l'assurance chômage
Ce dimanche 16 novembre se tiendra l'assemblée générale des travailleurs frontaliers à l'hôtel de ville de Sarreguemines, l'occasion de revenir sur les différents combats menés pour ceux qui travaillent en Allemagne tous les jours. On en parlait ce matin dans le Grand Réveil avec notre invité.
Son N°1 - Le Comité de Défense des Travailleurs Frontaliers de la Moselle s'oppose à la réforme de l'assurance chômage
Arsène Schmitt - président du Comité de défense des travailleurs frontaliers de la Moselle
Quelles sont les préoccupations du comité cette année ? Est-ce qu'il y a un sujet en particulier qui sera au cœur du rassemblement de dimanche ?
Oui, il y en a pas mal. Effectivement, nous sommes à proximité de ce rendez-vous majeur dans la vie de notre organisation. Il faut savoir que c'est 48 années de lutte que nous fêterons cette année contre toutes les discriminations qui frappent les travailleurs frontaliers, lutte qui va de pair bien entendu avec notre lutte contre toute remise en cause de nos conquêtes sociales. Bien entendu, durant ces 48 années, de grandes revendications ont été satisfaites dans le domaine social et fiscal, mais de nombreuses restent en suspens. À savoir, nous menons toujours le combat contre la CSG-CRDS imputées sur les retraites allemandes, le scandale de la non reconnaissance des taux d'invalidité, la discrimination fiscale concernant les intérimaires et un lourd dossier en cours concernant la réforme de l'assurance chômage. Il faut savoir que, sur proposition de la Commission européenne, un changement de système est prévu qui ferait que c'est l'Allemagne qui paierait les allocations de chômage et plus la France. Et ce changement pénaliserait lourdement les travailleurs frontaliers en chômage. Il y aurait les longs déplacements, l'inscription à l'Agentur für Arbeit pourrait être Sarrelouis, Neunkirchen, Sarrebruck, même Kaiserslautern, distant de 300 km aller-retour. En cas de litige avec l'institution, il faudrait saisir des tribunaux allemands, entraînant des coûts importants. Formation et reconversion professionnelle quasiment impossible en Allemagne du fait de la barrière de la langue. Et surtout, les travailleurs âgés en fin de carrière ont toutes les chances de se retrouver dans la misère après épuisement, par exemple, des allocations allemandes.

Est-ce que vous pouvez faire quelque chose pour éviter ce changement de situation ?
Il faut savoir que cette proposition était déjà faite en 2016-2017, et donc nous l'avons bloqué en 2020. Donc maintenant, nous savions très bien que c'est la France qui reviendrait à la charge, surtout le MEDEF qui dit que les frontaliers nous coûtent 800 millions d'euros dans l'année. Il faut savoir que ces 800 millions d'euros ne pèsent pas lourd dans la balance, alors que nous ramenons 7 à 8 milliards de "devises" dans les zones frontalières. Nous disons toujours, pour nous, le centre d'intérêt des travailleurs frontaliers, c'est le pays de résidence. Et nous userons de tous les moyens juridiques pour nous opposer à ce changement de système, d'ailleurs, nous avons déjà trouvé la faille avec notre avocat, qui est une violation des règlements communautaires. Donc le combat démarre.
L'an dernier, à notre antenne, on parlait d'un autre sujet ensemble. Vous exprimiez votre inquiétude concernant l'industrie en Sarre et les nombreux frontaliers impactés par les fermetures d'entreprises. Où en est-on aujourd'hui ? Est-ce que l'inquiétude est toujours aussi présente ?
Elle est toujours aussi présente. D'anciens carnages industriels que nous vivons en Sarre, il y a Ford, il y a Michelin, il y a Tadano, il y a Schaeffler maintenant, il y a ZF. Donc c'est un carnage industriel en Sarre. Toutes ces entreprises, bien entendu, le scandale c'est les délocalisations que nous condamnons bien sûr, et délocalisations, malheureusement, qui sont encouragées par l'Union Européenne, qui dit toujours, il ne faut pas freiner les délocalisations, c'est le progrès économique. Je crois que les milliers de travailleurs de ces entreprises, ils apprécient actuellement ce fameux progrès économique. Donc c'est un scandale, c'est une honte. Donc ça ne peut plus durer.
Si on est travailleur frontalier et qu’on est touché par l’un de ces problèmes, on peut faire appel à vous ? C’est votre rôle d’accompagner les travailleurs dans leurs problématiques liées au travail ?
Bien entendu, nous sommes à disposition. Nous tenons des permanences qui vont de Bitche à Bouzonville, toutes les semaines. Le téléphone ne cesse de sonner. Nous sommes présents sur le terrain depuis maintenant 48 années. Nous avons créé l'organisation le 12 décembre 1977 en étant 5 militants syndicalistes. Et aujourd'hui, nous avons un effectif de près de 1 000 adhérents.
Rendez-vous dimanche à 9h15 à la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Sarreguemines pour l’Assemblée Générale du Comité de défense des travailleurs frontaliers de la Moselle.


