Le noisetier, un arbre magique

Dans mon jardin

Le noisetier, un arbre magique

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Épisode du mercredi 17 février 2021 à 12:00

Des portes magiques au bord de la Sarre

Cette semaine, on poursuit notre promenade le long de la Sarre à la rencontre de son patrimoine naturel emblématique. Partons à la rencontre d’un arbuste qu’on rencontre fréquemment dans les ripisylves où il s’épanouit. 

C’est une des rares végétales qui existait déjà il y a 70 millions d’années, qui a côtoyé les dinosaures et les premiers mammifères. Tchaïkovski en a fait un ballet, les sourciers utilisent son bois pour en faire des baguettes. Vous l’avez deviné, c’est le noisetier (Corylus avellana)

Venus de temps immémoriaux, c’est un arbre magique à plus d’un titre. Arbre des sourciers, mais aussi des druides qui l’utilisaient comme baguette magique, la mythologie grecque en fait l’attribut du dieu des messagers, Hermès, comme branche autour duquel s’enroule deux serpents, ce qu’on appelle le caducée et deviendra le symbole de la médecine. Le noisetier, qu’on appelle aussi coudrier, est donc un messager, le transmetteur de messages venus de la terre.

C’est déjà le messager du printemps qui arrive. En effet, c’est la première plante qui fleurit et tous les apiculteurs savent que c’est un des premiers régals du printemps. Les fleurs sont singulières à plus d’un titre. Les fleurs mâles, appelées chatons, pendent des branches. Le chaton est une grappe de fleurs mâles, près de 260 fleurs protégées par des écailles. Quand ces dernières s’ouvrent, c’est une pluie de pollen qui est transportée par le vent, 5 millions de grains de pollen par chaton, ce qui n’est pas sans poser de problèmes aux personnes allergiques à ce pollen. Ce pollen possède une curiosité, comme bon nombre de pollens transportés par le vent, c’est de posséder 3 sacs contenant de l’air, permettant ainsi un transport facilité.

La fleur femelle est plus discrète et se présente comme une houppe rouge au bout d’un bourgeon.

Le noisetier, c’est aussi un fruit, la noisette, riche en acides gras essentiels et en fibres, qui fait également le bonheur avant l’hiver des écureuils. L’écureuil, heureusement, est un peu étourdi et le fruit pourra profiter de son enfouissement et de son oubli par le gourmand pour donner un nouvel arbuste.

Le noisetier, c’est également deux insectes, le balanin des noisettes (Curculio nucum), un petit charançon perforant les noisettes sur l’arbuste pour y pondre un œuf et dont la larve éclose uilisera la noisette comme garde-manger, mais aussi l’apodère du noisetier (Apoderus corylii), un tout petit coléoptère d’une couleur rouge vive éclatante, qui se nourrit des feuilles et qui roule aussi les feuilles comme un étui pour y pondre ses œufs.

 

Le noisetier est donc effectivement un messager et l’homme l’a compris très tôt. Le messager d’une nature qui émerge de la torpeur hivernale, la promesse d’une luminosité des jours à venir, un pollen qui se disperse comme une pluie d’or, pour le plus grand bonheur des abeilles. C’est effectivement magique de voir cet arbuste fleurir alors que l’hiver ne s’en est pas encore allé. Surnommé autrefois l’arbre des poètes, il était associé aux royaumes féeriques et était supposé se tenir à l’entrée de ces mondes magiques.

C’est toute cette magie que nous offre les rives de la Sarre avec tous ses habitants.

 

Chronique réalisée par Gilles, ethnobotaniste et mycologue.


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