Rétro 2024 : pas de répit pour les agriculteurs en crise

La filière agricole a été touchée de plein fouet par plusieurs crises en cette année 2024. Face aux multiples contraintes, les agriculteurs ont quitté plusieurs fois leurs champs pour la rue, et tenter de se faire entendre. Retour sur 12 mois de galère.
Son N°1 - Rétro 2024 : pas de répit pour les agriculteurs en crise
Mouvement de protestation sur les autoroutes
L’année a débuté comme elle avait terminé. Après avoir retourné les panneaux des communes en décembre, les agriculteurs ont décidé en janvier de bloquer les autoroutes. C’était le cas sur l’A4 à Freyming.
On a un coût de production qui est forcément supérieur aux autres étant donné qu'on n'a pas les mêmes produits phytosanitaires, on n'a pas les mêmes normes, on n'a pas les mêmes cahiers des charges, ça nous coûte en temps, ça nous coûte en argent.
Simon Agostini, céréalier à Dieuze, se sent étranglé de tous les côtés. Quelques accords avec l’État ont pu être trouvés sur le GNR ou les jachères. L’agriculture a même été reconnue comme priorité nationale.
Un temps médiocre pour les cultures
C’est ensuite la météo qui a tout chamboulé. D’abord au mois de mai avec les inondations. Philippe Boehmler est exploitant agricole à Forstfeld et membre de la FDSEA du Bas-Rhin.
Ce sont de grosses pertes financières, là tout de suite, il y a le troupeau qu'il fallait rentrer, qu'il faut nourrir, qui normalement s'alimente lui-même sur les pâturages, mais c'est aussi sur le moyen terme, parce que les prairies sont souillées, l'eau qui sort n'est pas forcément très propre.
Puis cet été avec la moisson. Jérémy Risse est agriculteur à Grostenquin, au GAEC de la Forge.
Il a manqué de lumière, d'ensoleillement, de chaleur, et donc la fécondation des plantes, le blé et l'orge, elle se fait à ce moment-là. Le grain est plus petit et moins lourd cette année, et il manque dans certaines parcelles des pieds, il manque aussi des grains dans les épis.
Une épidémie dévastatrice
Cet été, la fièvre catarrhale a aussi frappé les éleveurs. De nombreuses brebis sont décédées. Jonathan Nondier est éleveur à Burlioncourt, près de Morhange.
On en a perdu 30, ça fait en gros 6% de notre troupeau.
Et pour les survivantes ?
Est-ce que la gestation ira à son terme ? Est-ce que l'agneau, au final, sera viable ? Est-ce qu'il sera bien formé ?
La Région a notamment débloqué un fonds d’urgence de 6.9 millions d’euros pour 1380 agriculteurs face à ces deux situations.
La crise du lait
Après les éleveurs, ce sont les producteurs laitiers qui ont appris une mauvaise nouvelle. Le groupe Lactalis a annoncé une réduction de sa collecte de lait en France. Jérôme Albert, est Président du groupement des agriculteurs de Bio de Moselle.
En Moselle, pour UNICOOLAIT, c'est 39 millions de litres de lait bio qui ne seront plus collectés par Lactalis en 2030. Les conséquences ? L'arrêt demain et peut-être la déconversion de ces 70 éleveurs bio de chez UNICOOLAIT.
Des feux de colère après des mois d'inaction
Enfin, les trois derniers mois de l’année ont été marqués par différentes actions pour dénoncer l’inaction de l’Etat et le Mercosur : bâchage des radars, manifestation devant les sous-préfectures et enfin des feux de colère sur les ronds-points. Julien Viville est président des Jeunes Agriculteurs de Moselle.
On peut parler de la PLOA (Pacte et loi d'orientation et d'avenir agricoles) qui est en standby suite à la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est une loi qui vise à soutenir le revenu des agriculteurs, à renouveler les générations en agriculture. En discutant avec certains anciens qui ont plus d’expérience que nous, ils nous disent qu’ils n’ont jamais connu un contexte économique tel que cette année.
Tous espèrent donc une année 2025 beaucoup plus calme, avec des promesses à respecter.