Loutre découverte à Puttelange-aux-Lacs : ''Une très bonne nouvelle'' pour l'espèce

Le cadavre d’une loutre a été découvert en début d’année à Puttelange-aux-Lacs. Une enquête a été menée par l’Office français de la biodiversité et des conclusions ont aujourd’hui pu être apportées.
Son N°1 - Loutre découverte à Puttelange-aux-Lacs : ''Une très bonne nouvelle'' pour l'espèce
Cécile KAUFFMANN - Animatrice du Plan National d'Actions en faveur de la Loutre d'Europe
Avant d’évoquer le cas de Puttelange-aux-Lacs, rapidement, quel est le rôle de ce Plan National d’Actions en faveur de la Loutre d’Europe ?
C’est un document en fait, du ministère en charge de l’Ecologie qui va lister des actions à mettre en place pour préserver l’espèce, donc à la fois maintenir les populations déjà existantes et accompagner le retour naturel de la loutre sur son ancienne aire de répartition, c’est-à-dire sans faire de réintroduction.
Une loutre a donc été découverte à Puttelange-aux-Lacs, malheureusement victime d’une collision routière, vous n’êtes pas agent de l’Office français de la biodiversité mais vous pouvez nous parler rapidement de cette découverte ?
Effectivement, c’était un peu l’effervescence en Moselle en début d’année. C’était une collision routière et donc les agents de l’Office français de la Biodiversité se sont rendus sur place pour faire des prélèvements qui ont été analysés, donc des analyses génétiques et ça a permis de faire le lien avec une toute petite population de loutre qui évolue côté allemand dans la région de la Sarre, donc vraiment à la frontière avec la Moselle. Donc on sait que l’individu vient de cette population allemande mais c’est une population toute petite assez isolée dont on ne connaît pas l’origine. A priori, il y aurait des origines du centre de la France mais on n’en sait pas plus, on ne sait pas encore comment les individus seraient arrivés là et donc les agents de l’OFB vont réaliser pas mal de prospection cette année, chercher des indices de présence de la loutre le long des cours d’eau qui traversent la frontière, poser des piège photo, etc.
C’est normal de retrouver cette espèce dans notre région ?
Non, c’est très surprenant, c’est pour ça que c’était particulièrement étonnant. Ça fait plusieurs dizaines d’années qu’il n’y a pas de loutre qui a été observée en Moselle, les populations les plus proches en France sont dans l’Aube et en Bourgogne-Franche-Comté donc c’est particulièrement réjouissant parce qu’on espère que l’espèce puisse recoloniser le Nord-Est de la France mais du coup en provenance de l’Allemagne a priori.
Est-ce que c’est une bonne nouvelle pour l’espèce, ça veut dire que sa population gagne en importance dans le pays ?
Oui, c’est une très bonne nouvelle ! D’autant plus que la loutre est une espèce particulièrement importante, on dit que c’est une espèce parapluie. Ça veut dire que protéger la loutre ça revient aussi à protéger l’ensemble des autres espèces qui évoluent dans le même milieu qu’elles et en plus de ça, on dit que c’est une espèce bioindicatrice donc qu’elle témoigne de la qualité des cours d’eau dans lesquels elle évolue. C’est très positif pour la loutre mais aussi pour les autres espèces.
Est-ce qu’il va y avoir de nouvelles étapes suite à cette découverte ?
Mis à part du suivi régulier à la recherche d’indices de présence parce que c’est très difficile de la voir de manière générale donc on va rechercher des empreintes, des épreintes c’est le nom spécifique qu’on donne aux crottes des loutres et, en plus de ça, les agents de l’OFB et les associations locales vont aussi faire un état des lieux des ouvrages dont des ponts, qui pourraient poser problème à l’espèce puisque justement, on a pu voir que c’était le cas avec ce cas de collision routière. Donc voir si on peut éventuellement installer ce qu’on appelle des banquettes à loutre sous les ponts c’est-à-dire des passerelles construites directement sous l’ouvrage pour permettre à la loutre de circuler librement sans avoir à traverser la chaussée. Pour qu’elle puisse recoloniser le territoire plus facilement.
Si on en aperçoit, est-ce qu’on doit le signaler ?
Bien sûr, alors elle peut souvent être confondue avec d’autres espèces de mustélidés, des fouines, des martres, parfois même des castors ou des ragondins mais dans le doute, et c’est encore mieux si on arrive à prendre une photo ou une petite vidéo, il ne faut pas hésiter à nous le signaler ou à le signaler aux associations locales. Il y a le groupe d’Etudes des Mammifères de Lorraine qui est pas loin et celui d’Alsace qui s’occupent de tout ça pour la région Grand Est.