Mobilisation ce mercredi devant la préfecture contre l'inclusion scolaire systématique et pour plus de moyens

Une mobilisation est prévue à 13h30 aujourd’hui devant la préfecture de Metz contre l’inclusion scolaire systématique.
Son N°1 - Mobilisation ce mercredi devant la préfecture contre l'inclusion scolaire systématique et pour plus de moyens
Matthieu Risse - secrétaire départemental Snudi FO 57 secrétaire de l'Union locale FO de Sarreguemines
Vous dénoncez depuis plusieurs mois l’inclusion systématique des élèves en situation de handicap. Quel est le problème ?
L’inclusion systématique c’est le fait d’inclure tous les élèves, quel que soit leur handicap, dans des classes qu’on appelle les classes ordinaires. Ça découle de la loi Montchamp de 2005 dont on vient de fêter les 20 ans. Et on se rend compte aujourd’hui que, même si, derrière, il y avait des intentions qui pouvaient paraître louables, on se rend compte que le principal objectif c’était de faire des économies sur le dos des personnes en situation de handicap. Il y a les élèves qu’on peut inclure dans les classes ordinaires et évidemment c’est bien qu’on le fasse à chaque fois que c’est possible, mais parfois, il y a certaines formes de handicap pour lesquelles c’est beaucoup plus compliqué et là ça devient de la maltraitance pour tout le monde, pour l’élève, pour la famille, pour l’enseignant, pour l’AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap).
Il y a beaucoup d'établissements aujourd'hui où ça pose problème ?
Oui. C’est presque quotidien les situations sur lesquelles on est interpellé par les collègues. On voit que d’année en année c’est de pire en pire parce qu’on a de plus en plus d’élèves notifiés par la maison départementale, la MDPH, donc on en a quasiment aujourd’hui dans toutes les classes.
Et quelle serait la solution ? Est-ce qu’il manque du monde pour encadrer ces enfants ? Ou des structures adaptées pour les accueillir ? Que demandez-vous ?
La première demande c’est de rouvrir des places dans ce qu’on appelle un ESMS un établissement social, médico-social. Dans ESMS il y a bien le M de médical et je pense que c’est important de rappeler la différence entre une classe ordinaire et un établissement médical avec des personnels qui sont formés pour accompagner les situations quand même qui relèvent de problèmes médicaux. Typiquement c’est un IME (institut médico éducatif). Nous, ce qu’on demande c’est de rouvrir des places. Il faut savoir qu’il y a aujourd’hui 24 000 élèves qui sont sur liste d’attente en France pour une place dans un établissement comme ça, et c’est la priorité. Ensuite, concernant l’accompagnement pour les élèves qu’on peut inclure, il y a la question des accompagnants donc les AESH. Il faut savoir qu’aujourd’hui, une AESH accompagne souvent 5-6 élèves, parfois même encore plus. On a du mal à en recruter. Donc, pour ces personnels-là, on demande un vrai statut, un salaire digne alors qu’aujourd’hui elles sont à 900€ environ par mois, parce que sinon on n'en trouvera pas, on se rend compte aujourd’hui des difficultés de recrutement et je précise que plus d’AESH ça veut dire plus d’accompagnement pour l’élève.
Dans un communiqué vous indiquez vous alarmer de la mise en place de 4 PAS et d’un DAR en Moselle à la rentrée. On ne connait pas forcément ces dispositifs alors de quoi s’agit-il et pourquoi ce n’est pas une bonne chose selon vous ?
C’est vrai que l’Education nationale adore les sigles et nous-même on a parfois du mal à suivre ! Un PAS c’est un pôle d’appui à la solidarité, ça va remplacer ce qui existe actuellement, qu’on appelle un PIAL (Pôle inclusif d’accompagnement localisé). On en a 4 qui sont mis en place en Moselle à la rentrée prochaine à moyen constant, il faut le savoir, on perd déjà 30 postes au niveau de la carte scolaire et sur ces 30 postes on va en utiliser une partir pour déployer ce dispositif donc ça suppose des fermetures de classe encore en face. C’est un nouveau dispositif le PAS de gestion de la pénurie, la principale différence avec le PIAL qui existe actuellement c’est que c’est l’Education nationale qui va devenir prescripteur. Donc, aujourd’hui c’est la MDPH qui définit la quantité d’accompagnement et demain ce sera l’Education nationale elle-même et nous on a peur qu’il y ait encore moins de moyens parce qu’il suffira de dire qu’il y a moins de besoin et l’Education nationale pourra se vanter de couvrir 100% des besoins.
Sur le dispositif d’auto-régulation, le DAR, là c’est complètement autre chose, il y en a 1 prévu à la rentrée prochaine en Moselle, c’est présenté comme un sas émotionnel, ça s’adresse aux élèves autistes qui vont sortir de la classe pour aller s’autoréguler dans une salle qui est dédiée à ça. Il y a vraiment cet aspect « auto », est-ce que vraiment on peut penser que c’est sérieux ?