"Personne n'a réagi":
Lindsay, 16 ans, a choisi l'écriture pour raconter son harcèlement scolaire


par Laurie
samedi 7 novembre 2020 à 05:12

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Pendant le confinement, Lindsay Calabrese, 16 ans, a choisi de raconter dans un livre, "le harcèlement de ma vie",  le harcèlement scolaire qu’elle a subi durant toutes ses années collège. Un ouvrage nécessaire.

Ça passait par « t’es grosse », « bouboule j’te pousse tu roules », des trucs assez débiles quoi.

Lindsay avait 12 ans. Elle est en sixième, au sein de son collège dans la région de Saint-Avold, lorsque trois camarades de classe et leurs amis commencent à l’insulter.

Son N°1 - "Personne n'a réagi": Lindsay, 16 ans, a choisi l'écriture pour raconter son harcèlement scolaire

Et en fait vu que j’en parlais pas ils se sont dits : « ok bon on peut insulter tant qu’on veut » et ça allait de plus en plus loin. Donc c’est passé par les menaces de mort, par les menaces en cours aussi, pour me frapper. Et on m’a frappée.

Des histoires de gamins

De la sixième à la troisième, et même après, la jeune fille subit les moqueries, les menaces et les violences. Elle n’en parle d’abord pas à ses parents. C’est vers la direction de l’établissement qu’elle se tourne. Rien n’est fait. « Des histoires de gamins » lui dit-on.

Et c’est alors qu’elle commence à s’auto-mutiler que ses proches sont mis au courant.

Son N°2 - "Personne n'a réagi": Lindsay, 16 ans, a choisi l'écriture pour raconter son harcèlement scolaire

En fait c’est mon frère qui avait vu mes scarifications sur mon bras et il en a parlé à mes parents et c’est là que je leur ai tout dit. Et je leur ai dit aussi que la CPE n’avait rien fait déjà au tout début et les surveillants voyaient très bien ce qu’il se passait mais personne n’a réagi. Donc mes parents étaient vraiment très très mal et je pense que je ne leur en ai pas parlé pour justement les protéger, pour ne pas qu’ils aient peur pour moi.

Sa famille cherche alors à aider Lindsay . Mais elle semble se heurter à un mur.

Son N°3 - "Personne n'a réagi": Lindsay, 16 ans, a choisi l'écriture pour raconter son harcèlement scolaire

Ma mère a fait un courrier au rectorat, à l’académie. On est allés porter plainte plusieurs fois mais rien n’a été fait. Même au niveau justice, rien n’a été fait. Et en fait on m’a même carrément dit que c’était moi la harceleuse. On a réussi à faire retourner la situation contre moi. J’ai été suivie par un éducateur et un psychologue pendant six mois et mes parents ont du payer des dommages et intérêts.

Enfermée dans cette spirale infernale, Lindsay commence à rédiger un journal du harcèlement dans lequel elle raconte tout ce qu’elle n'avait au début pas dit à son entourage.

Son N°4 - "Personne n'a réagi": Lindsay, 16 ans, a choisi l'écriture pour raconter son harcèlement scolaire

Ecrire, pour moi, était une façon de me libérer sans pouvoir en parler à personne. Parce qu’en fait à la base je suis quelqu’un de renfermé, je ne parle pas beaucoup de mes problèmes. Écrire ce que je ressentais et ce que je subissais chaque jour c’était pour moi une manière de parler mais à quelqu’un qui ne peut pas me répondre.

"On aimerait un bénéfice vu qu'on a participé à ton harcèlement"

C’est avec ces souvenirs douloureux qu’elle décide alors d’écrire un ouvrage : « Le harcèlement de ma vie » (éditions Verone) pendant le temps du confinement. Le plus difficile ? Raconter les insultes, les menaces, car Lindsay « ne se rend pas encore compte de tout ce qu’il s’est passé ».

En troisième, et alors que le brevet approche, elle change finalement de collège pour réussir à obtenir son diplôme.

Avec cet ouvrage, Lindsay devient un porte-parole de ces jeunes qui souffrent du harcèlement scolaire.

Son N°5 - "Personne n'a réagi": Lindsay, 16 ans, a choisi l'écriture pour raconter son harcèlement scolaire

ça fait du bien car certaines personnes harcelées viennent me voir et me demandent des conseils

Les menaces, elles, la poursuivent encore aujourd’hui depuis la sortie de son livre :

Son N°6 - "Personne n'a réagi": Lindsay, 16 ans, a choisi l'écriture pour raconter son harcèlement scolaire

On m’a dit « on aimerait un bénéfice de ton livre puisqu’on a participé à ton harcèlement », d’où tu t’es permis d’écrire un livre sur nous », que des remarques comme ça en fait.

Aujourd’hui en 1ere SN (systèmes numériques) dans un lycée de Sarrebourg, la jeune fille se sent beaucoup mieux. Elle a choisi de partir loin de chez elle « pour ne plus [s]e faire insulter ».

Alors que jeudi avait lieu la journée nationale contre le harcèlement, Lindsay sait qu’il reste encore beaucoup à faire.

Il faut en parler mais il faut agir aussi parce que c’est bien beau d’en parler, de mettre les affiches dans les couloirs. Mais il faut agir et que ce soit pour les témoins et pour les personnes harcelées aussi il ne faut pas en avoir peur. Il faut en parler pour que ça s’arrête. Car le harcèlement est encore tabou.

Le Harcèlement de ma vie. Lindsay Calabrese. Aux éditions Vérone, paru le 1er juillet 2020.


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