Les agriculteurs déposent un cercueil devant la préfecture de la Moselle pour ''les funérails de l'agriculture''

Les agriculteurs français sont une nouvelle fois dans la rue ce vendredi 26 septembre. Des mobilisations sont prévues à l'appel du syndicat majoritaire, la FNSEA, et la Moselle est concernée avec une mobilisation devant la préfecture à Metz. On en parlait ce matin dans le Grand Réveil avec notre invité.
Son N°1 - Les agriculteurs déposent un cercueil devant la préfecture de la Moselle pour ''les funérails de l'agriculture''
Florent Dory - secrétaire générale FDSEA 57
Les raisons de la colère sont nombreuses : accord avec le Mercosur, taxes sur les produits européens, quel est votre message aujourd’hui Florent Dory ?
Comme vous l'avez dit, l'accord sur les Mercosur, signé par Ursula von der Leyen, c'est totalement, absolument scandaleux. Ça met vraiment aussi bien les agriculteurs français que les consommateurs européens en difficulté, parce que les normes de production ne sont pas du tout les mêmes. Les prix à la production ne sont pas du tout les mêmes et ils vont totalement dérégler les marchés. Et bien sûr pour le consommateur, par rapport à la sécurité alimentaire, ce ne sont pas du tout les mêmes normes alimentaires et on ne peut pas continuer comme ça. Demander à des agriculteurs français de produire avec un certain cahier des charges et rentrer n'importe quoi.
Ce matin vous êtes donc devant la Préfecture de la Moselle à l’occasion, je cite votre communiqué, « des funérailles de l’Agriculture Française », c’est une expression qui est forte ?
Tout à fait ! Je vais vous donner quand même quelques chiffres qui sont particulièrement parlants. C'est les quotas, si effectivement l'accord du Mercosur rentre en action, c'est 99.000 tonnes de viande bovine qui vont rentrer, 180.000 tonnes de volaille, du sucre à 190.000 tonnes, viande porcine 25.000 tonnes, voilà, c'est incroyable. Éthanol, donc, en sachant que, par exemple, en France, une partie de nos sucreries tournent pour faire de l'éthanol, parce que vous mettez tous les jours dans votre voiture, en mélange, avec votre essence, c'est 8,2 millions d'hectolitres. Produit fabriqué à bas coût, en ayant déforesté. C'est incroyable, alors qu'on est constamment en train de nous parler d'environnement et de sécurité alimentaire, de laisser faire un truc pareil. C'est vraiment une colère, il n'y a pas d'autre mot.




Ces derniers mois, le sujet qui a beaucoup fait débat autour de l’agriculture française c’est notamment la loi Duplomb et la réintroduction d’un pesticide controversé. Réintroduction finalement censurée par le Conseil des Sages. Vous comprenez quand même l’inquiétude et l’exigence des consommateurs ? Est-ce que, finalement, on ne pourrait pas nous montrer l'exemple ?
Vous avez très bien pris l'exemple de cet insecticide, en fait, là, c'est vraiment de la concurrence même intracommunautaire. Donc, si vraiment ce produit est dangereux, il est dangereux pour tous les consommateurs européens et tous les agriculteurs européens, voilà. Le vrai problème qu'on a aujourd'hui avec ce produit, c'est qu'on est le seul pays d'Europe à l'avoir interdit. Donc, s'il est dangereux, on l'enlève pour tout le monde. Et donc, là, on se retrouve même en concurrence intracommunautaire. Nous, on entend très bien, et on est les premiers consommateurs aussi, on est les utilisateurs, enfin, on mange comme tout le monde, on comprend très bien l'inquiétude des consommateurs, qui est légitime.
Ce que vous dites c'est que si nous on ne peut pas produire avec, alors on n'importe plus ?
C'est exactement ça. Avec le Mercosur, les normes sont encore tout à fait différentes, mais par rapport à l'insecticide, déjà, en intracommunautaire, on n'est pas bon. Nos voisins allemands et belges qui font des betteraves ont droit à ce produit, et nos producteurs français n'y ont pas droit. Donc, si c'est mauvais, qu'on l'interdise pour tout le monde, et puis c'est terminé.
On entend, aujourd'hui, votre message de colère. De quoi est-ce que vous avez besoin pour remettre sur pied le modèle agricole français ?
Déjà qu'on ait, enfin, un nouveau gouvernement, pas un Premier ministre qui change tous les six mois, ça ira un peu mieux. Qu'enfin, la France fasse bien porter sa voix à l'Europe, et qu'on ait absolument, par rapport au Mercosur, qu'on ait une minorité de blocage pour que cet accord ne puisse pas être mis en œuvre. C'est un vrai travail de l'État, de nos dirigeants, de rassembler autour d'eux, et que ça ne soit pas valide. C'est la seule solution qui nous reste aujourd'hui.
Vous êtes actuellement mobilisés devant la préfecture de la Moselle, c'est quoi le plan pour ce matin ?
On va mettre notre cercueil avec un beau drapeau français et une gerbe dessus, en marquant bien que ci-gît l'agriculture française, parce que voilà où on en est. Et ensuite, nous allons être reçus par le Préfet.