L'événement

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L'événement

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Épisode du jeudi 9 octobre 2025 à 09:45

Janvier 1964 : Annie se rend dans un cabinet médical pour un dépistage, lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte. Totalement démunie, l’étudiante boursière qu’elle est alors, cache pendant deux mois sa grossesse à ses amis et sa famille. À Paris, elle se met en quête d’une faiseuse d’anges, entendez par là une femme qui vous aide à avorter. Elle finit par trouver une infirmière clandestine qui veut bien mettre un terme à sa grossesse.

Ça fait un bout de temps que je voulais lire « L’événement » d’Annie Ernaux, car j’en avais entendu beaucoup de bien. C’est mon second livre de l’autrice, après l’essai « Regarde les lumières, mon amour ». Ici, l’écrivaine ne baigne pas dans la fiction, puisqu’elle raconte ce qui lui est réellement arrivé en 1964, à savoir se faire avorter clandestinement. A l’époque, c’est presque monnaie courante malheureusement. Il faudra attendre janvier 1975 pour que  la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse soit promulguée.

Annie Ernaux est loin d’édulcorer l’acte dans son livre « L’événement ». Sans aucun tabou, elle raconte son ressenti, son traumatisme et décrit la scène comme si elle s’était déroulée hier. C’est cru, c’est violent, choquant, c’est terrifiant, mais c’est voulu. L’idée est en effet, de faire réagir, de montrer le parcours du combattant que cela était, et la manière dont l’acte était perçu aussi bien du côté des médecins, que des hommes en général ou des individus lambdas. Une femme qui veut avorter ira jusqu’au bout de sa volonté, que ce soit légal ou non, dangereux ou pas.

Il a fallu bien des années à Annie Ernaux pour mettre des mots sur ce qu’elle a vécu. L’ouvrage paraît en 1999, soit 35 ans après les faits. L’autrice s’est appuyée sur ses notes de l’époque et son journal pour faire renaître les sensations. Elle s’aide par ailleurs de son agenda pour mettre en parallèle sa situation et les événements qui ont lieu au même moment comme l’assassinat de Kennedy ou la présence des réfugiés à Calais. Une façon pour elle de resituer le contexte et de montrer que selon le point de vue, l’importance des faits n’est pas la même.



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