Sarreguemines : un agent pénitentiaire se suicide, la CGT demande une enquête administrative


par Cédric Kempf
mardi 22 mars 2022 à 15:50

Sarreguemines : un agent pénitentiaire se suicide, la CGT demande une enquête administrative

14 mars 2022. Alexandre Moi, agent pénitentiaire à la maison de Sarreguemines, se suicide à son domicile à St-Avold.

Affecté à l'établissement faïencier en 2019, sa carrière a pris un tournant en 2021, en plein Covid-19. 

Des tensions avec la direction 

Pendant 1 an et demi, la situation de cet homme de 38 ans est plutôt saine au sein de la maison d'arrêt, mais une pathologie le rendant vulnérable au coronavirus l'invite à prendre une autorisation spéciale d'absence entre le 19 février et le 02 septembre 2021. C'est à cette date, jour de passage chez le médecin du travail, que sa situation professionnelle prend un nouveau virage.

Le médecin du travail décide qu'il peut reprendre le travail dès le 03 septembre mais Alexandre Moi est informé de cette décision seulement le 11 septembre par courrier recommandé. A son retour, le lundi 13 septembre, il est convoqué dans le bureau de la direction. Laurent Leroy est secrétaire régional CGT pénitentiaire.

Son N°1 - Sarreguemines : un agent pénitentiaire se suicide, la CGT demande une enquête administrative

 

Il s'est donc présenté à la maison d'arrêt le 13 et il a été reçu par la direction, donc la cheffe d'établisssement et son adjoint, et cet entretien s'est très mal passé puisqu'on lui a indiqué que ce n'était pas normal, qu'il allait être sanctionné, puisqu'il était en absence irrégulière depuis la date du 03. Clairement, on lui a dit qu'on n'avait pas besoin de lui, que toute façon ça avait tourné pendant son absence, qu'il ne servait à rien et qu'il pouvait rester chez lui. 

D'autres propos violents auraient été prononcés avant qu'il ne quitte l'établissement. Un choc pour le trentenaire. Alexandre Moi s'est donc mis en arrêt et n'est jamais revenu au sein de la maison d'arrêt. Mais durant son absence, il aurait été de nombreuses fois contrôlées. Une semaine avant de s'être donné la mort, c'était encore le cas.

Un cas loin d'être isolé 

Pour la CGT, Alexandre n'était pas le seul à souffrir de la dureté de la direction. Aujourd'hui, une petite dizaine d'agents sur les 40 de l'établissement consultent la psychologue des personnels. Sur 27 agents en roulement, seuls 10 sont actuellement présents. Un malaise et un mal-être ont vu le jour ces derniers mois entre la directrice, son directeur adjoint et les agents pénitentiaires. 

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On a d'abord commencé à alerter au niveau syndical par différents tracts et différentes manifestations, malheureusement il n'y a pas eu de retour ou souvent les retours étaient plutôt à l'inverse de ce que l'on espérait. On a donc demandé aux collègues d'effectuer des comptes-rendus, qu'ils ont adressé souvent au directeur de l'administration pénitentiaire dans lesquels on peut lire qu'ils souhaitaient juste être des lanceurs d'alerte, qu'ils avaient peur qu'un geste désespéré se produise de la part de l'un d'entre eux. Malheureusement, il n'y a eu aucune écoute.

Laurent Leroy dénonce une "maltraitance psychologique" sur les agents et demande l'ouverture d'une enquête administrative afin que la direction prenne ses responsabilités, d'autant plus que la directrice n'est désormais plus en poste à Sarreguemines, que le directeur adjoint va partir prochainement et que le directeur interrégional va prendre sa retraite. Le responsable syndical n'espère qu'une seule chose.

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C'est que le dossier ne soit pas fermé et qu'il soit rangé au fond d'un tiroir... Que voilà... C'est malheureux ce qu'il s'est passé. Non ce n'est pas ça, ce n'est pas malheureux ce qu'il s'est passé, ça ne doit juste pas se reproduire, on ne peut pas maltraiter les agents. Les personnes qui, pour nous, ont une part de responsabilité dans ce qui s'est produit, elles vont aller ailleurs, elles vont être cheffes d'établissement dans d'autres établissements, et si on ne leur dit pas que leur façon, qu'elles ont, de traiter leurs subalternes n'est pas la bonne façon, bah... On n'a peur que cela se reproduise.

Une lette ouverte a été écrite au Garde des Sceaux et au Directeur de l'Administration Pénitentiaire pour dénoncer ce qu'il s'est passé. Contacté, le directeur adjoint de la maison d'arrêt de Sarreguemines, désormais directeur par intérim, n'a pas souhaité communiquer sur ce sujet. Le directeur interrégional, lui, "ne souhaite surtout pas répondre à ces accusations totalement infondées, et à cette récupération totalement abjecte". Alexandre Moi avait également des problèmes personnels, qui pourrait expliquer son geste.

Pour la CGT, sa situation professionnelle a sans doute joué dans la balance. Elle s'appuie sur le code du travail qui indique que l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs (code du travail, art. L 4121-1), et sur une étude réalisée pour l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire "Les chroniques du CIRAP" parue en janvier dernier. Une psychologue, Emilie Piouffre-Sauvaget, expliquait, via l'Observatoire National du Suicide, que le travail est rarement le motif unique d'un suicide, mais qu'il peut être en cause dans le processus conduisant une personne à mettre fin à ses jours, en raison de la place importante du travail dans la vie d'un individu. 

Elle explique enfin que les surveillants pénitentiaires se suicident plus que la population générale (+31%) et que la police nationale (+15.5%).

Une veillée en sa mémoire 

Le syndicat CGT organise un moment de recueillement ce vendredi à 18h30 devant la maison d'arrêt de Sarreguemines. Pas de discours, simplement un moment de paix où pourront se retrouver collègues, ex-collègues et proches d'Alexandre MOI. Des bougies seront allumées en sa mémoire.

Grève à la maison d'arrêt de Sarreguemines pour dénoncer les conflits avec la directrice 

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