Commémore-t-on correctement la Première Guerre mondiale en Moselle et en Alsace ?

Chaque semaine, la rédaction de Radio Mélodie répond aux questions/remarques des auditeurs et lecteurs concernant notre territoire. La question de la rédaction cette semaine est celle-ci : commémore-t-on correctement la Première Guerre mondiale en Moselle et en Alsace ?
Son N°1 - Commémore-t-on correctement la Première Guerre mondiale en Moselle et en Alsace ?
Le 22 août dernier, nous avons diffusé un reportage sur la commémoration des 111 ans de la bataille de Sarrebourg. Jean-François Weimann, le délégué général adjoint pour le Souvenir Français de Moselle Sud y rendait hommage aux soldats tombés lors des combats.
Il y a 111 ans, ce sont déroulés d’âpres combats pour récupérer un territoire perdu en 1870. Durant ces combats, autour de Sarrebourg, sont tombés dans les deux camps environ 10 000 soldats.
Suite à ce reportage, des historiens et l’association « Unsri Gschicht » nous ont contactés pour réagir.
Ne pas oublier les Alsaciens et Mosellans tombés dans l'armée allemande
Selon eux, lors de ces commémorations, on parle beaucoup des poilus mais on oublie que nos ancêtres de l’époque étaient de nationalité allemande. Deux générations sont nées entre 1871 et 1918 sous l’empire allemand de Guillaume II et se sentaient allemandes. Pendant cette période, les Alsaciens/Lorrains ont obtenu une autonomie, la sécurité sociale, des libertés… Ces gens-là ne se sont donc pas battus pour la France, une situation qui n’a rien à voir avec celles des Malgré-Nous de la Seconde Guerre mondiale qui eux étaient des citoyens français.
Ils ont été plus de 300 000 dans les armées prussiennes, bavaroises, saxonnes et wurtembergeoises (il n’y a pas encore d’armée allemande avant 1919) et ils étaient, selon les estimations, entre 1500 et 17 000 – parce que les modes de calcul changent – seulement dans l’armée française. C’est-à-dire que 95% ont combattu dans l’armée allemande, comme mon grand-père qui était d’ailleurs lieutenant dans l’armée prussienne. Donc effectivement, ils sont, la plupart du temps, ignorés des commémorations.
François Waag est né à Thionville et est aujourd’hui enseignant au lycée de Béziers. Même depuis le sud de la France, il continue de défendre l’histoire de la Moselle et y a même consacré un livre. Avec l’association « Unsri Gschicht », il milite pour que l’histoire du territoire et de nos ancêtres ne soit pas oubliée. Il souligne un autre problème.
Le souci qu’on a, avec nos monuments aux morts, c’est qu’ils ne nous en disent pas beaucoup. Quand il y a simplement écrit « à nos morts », on n’en sait pas plus. Parce qu’en fait, les monuments aux morts de l’Alsace/Moselle de la Première Guerre mondiale ont pour beaucoup été détruits par les nazis en 1940. Et quand on les a reconstruit en 1945, on a francisé les prénoms, on a mis « à nos morts » et j’ai même vu certaines communes où ils ont écrit « morts pour la France » alors qu’ils étaient tous tombés dans l’armée allemande.
Aujourd’hui, la situation tend à changer, particulièrement en Alsace où les commémorations prennent de plus en plus en compte la spécificité de notre territoire concernant la Première Guerre mondiale.
Voilà pourquoi, on commémorerait souvent mal cette guerre en Alsace-Moselle. Si vous aussi vous avez des remarques ou questions à soumettre à la rédaction, vous pouvez nous contacter à redaction@radiomelodie.com