Cohabitation plutôt que dissolution, le sénateur Michaël Weber réagit à ''la plus grande crise politique de la Ve République''

14 heures et 26 minutes, c’est le temps qu’a tenu le Gouvernement Lecornu après son officialisation, et la France n’a toujours pas de budget pour 2026. Du côté de l’opposition les réactions sont vives à l’extrême droite comme à gauche.
Son N°1 - Cohabitation plutôt que dissolution, le sénateur Michaël Weber réagit à ''la plus grande crise politique de la Ve République''
Michaël Weber, sénateur PS de la Moselle, ex-maire de Woelfling-lès-Sarreguemines
Hier, vous avez indiqué sur vos réseaux sociaux qu’il s’agit sans doute de « la plus grande crise politique de la Vème République ». Pour vous, la France touche le fond ?
Vu le contexte économique, vu le contexte international, on peut dire que la France prend des risques énormes et n’est pas du tout au rendez-vous de l’Histoire. Ce n’est pas simplement une question de politique interne, c’est vraiment une situation particulière, dans un moment de faiblesse internationale qui ne nous aide pas, et je ne sais pas si l’on touche le fond, mais c’est vrai que la Ve République, qui était constituée pour de la stabilité, on n’a jamais vu une telle situation avec un Gouvernement qui a une si courte durée de vie.
Emmanuel Macron doit-il faire le choix d’une cohabitation avec un gouvernement de gauche ?
Une cohabitation, c’est certain. Ce qu’Emmanuel Macron n’a toujours pas compris, c’est qu’il y a un rejet global de sa politique et des personnes qui l’incarnaient, à commencer par lui-même. Ce n’est pas moi qui le dis uniquement, même Gabriel Attal l’a encore dit ces dernières heures. Remettre Bruno Lemaire qui était ce Mozart de la finance, mais qui au final nous a laissé une ardoise de mille milliards d’euros, c’était une provocation, une provocation voulue par Emmanuel Macron, et qu’il a orchestré lui-même. Si aujourd’hui, il n’y a pas un changement de pratique en se mettant d’accord sur quelques points, en discutant avec un panel beaucoup plus large pour constituer un Gouvernement, on ira vers une dissolution dont on sait comment elle se déroulera, en tout cas pas dans l’intérêt des Français, il me semble aujourd’hui.
Dissoudre l’Assemblée Nationale serait une solution pour trouver une issue à cette impasse ?
Je ne suis pas favorable à répondre au désordre par du désordre. Je ne suis pas certain aujourd’hui qu’une dissolution clarifierait tant que ça les choses, parce qu’on est dans une tripartition qui peut être durable entre 3 blocs, le bloc central de la macronie, le bloc d’extrême droite, et un bloc de gauche. Je pense qu’à l’issue des élections, on serait dans la même situation. Je me mets aussi à la place de nos concitoyens qui se demandent à quoi bon se déplacer encore une fois pour aller voter, alors qu’on a déjà voté il y a un an et demi, et que finalement, qu’est-ce qui a changé ? Je ne suis donc pas forcément favorable à ça, je pense que l’on doit trouver les moyens, dans une forme de consensus, pour constituer un Gouvernement qui réponde à certaines aspirations : plus de justice sociale, revenir sur la question des retraites, regarder comment est-ce qu’on peut relancer l’économie, se préparer à l’instabilité internationale. Ça fait 4 points sur lesquels je pense, en responsabilité, on peut essayer de trouver un chemin. La difficulté, c’est qu’aujourd’hui, quand vous avez un Premier ministre qui se fait tordre le bras par des partis de son socle commun, qui renomme 12 ministres d’un seul parti, à savoir Renaissance, forcément ça ne peut pas marcher. Donc, soit on élargit et Macron reconnait lui-même qu’il n’a plus la main et qu’il est totalement désavoué, soit effectivement ça sera l’échec, et dans ce cas-là, je ne sais pas jusqu’où peut s’ouvrir l’abîme.
Le dernier Gouvernement n’a même pas tenu une journée. Appelez-vous ces ministres démissionnaires à refuser leurs avantages et indemnités ?
En l’espèce, ce qui pose particulièrement problème, ce sont les indemnités chômage après la perte de fonction de ministre, parce qu’une personnalité qui ne retrouverait pas sa fonction parlementaire a droit, je crois à 3 mois d’indemnités de chômage. En l’espèce, c’est le cas pour Bruno Lemaire essentiellement, puisque les autres sont d’ores et déjà parlementaires. Je crois qu’il n’y a pas eu de passation de pouvoir, il n’y a pas eu de déclaration de politique générale, et je pense que les uns et les autres s’honoreraient à considérer qu’ils n’ont jamais été en fonction pour ne pas bénéficier de ces indemnités. Après, je le dis aussi parce qu’il y a beaucoup de rumeurs qui circulent sur la retraite des élus et des parlementaires, il n’y a pas de retraite particulière, c’est une retraite, certes surcotée, mais il n’y a pas de retraite à vie, qui serait énorme pour un ministre, comme je peux le lire parfois sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas une réalité. En ce qui concerne les indemnités chômage après perte de mandat de ministre, je pense que chacun devrait y renoncer en effet.